Un Chat-fé? (Puri et Dalma)

Dalma regardait sa montre pour la dixième fois. Puri lui avait bien dit d'être là pour 16 h! Il était déjà passé de quinze minutes et aucun signe d'elle. Attendant sur un banc, l'espagnol soupira. Son amie avait été largement occupée ces derniers jours et depuis que Dalma avait pris possession de son nouvel appartement, elles ne s'étaient pas vues beaucoup. Pourtant, il y a quelques jours, Purificación lui avait envoyé un message lui avisant qu'elle devait lui faire découvrir un nouveau truc.

Depuis sont arrivée au Japon, Dalma n'avait de cesse de découvrir de nouveaux endroits. D'abord hébergée par son amie, elles avaient en premier lieu mis à jour leurs nouvelles. Elles avaient passé de longues soirées à parler, à rire, à pleurer aussi. Elles redécouvraient l'un et l'autre ce rapprochement qui leur avait manqué. Même si elles s'écrivaient et se parlaient souvent, ce n'était pas pareil que de se voir. Dalma pensait au début ne rester que quelques jours, puis quelques semaines et cela s'étirait au point qu'elle avait renouvelé son visa pour un an. Reste à voir ce qu'il en adviendrait par la suite. Avec l'aide de Puri, elle avait repris des cours de japonais, cette fois-ci, c'est son amie qui l'aidait. Puis elle appréciait la culture d'ici, trouva un petit boulot comme fleuriste dans une boutique et réfléchissait tranquillement à peut-être ouvrir son propre commerce. Finalement, Puri l'avait aidé à se trouver un logement, car même si c'était bien gentil à elle de l'héberger, Dalma n'était pas toujours à l'aise dans les grands quartiers chics de Kumoru.

Les journées s'étaient réchauffées tranquillement et Dalma en avait profité pour mettre une robe longue sans manche avec une petite veste par dessus. Elle avait remonté ses cheveux en une sorte de queue de cheval et torsadés, pour éviter qu'ils ne tombent trop long. Son apparence était assez différente des Japonais, et elle attirait quand même les regards, ce dont elle n'était pas habituée. Son amie était mille fois plus jolie, et mannequin en prime, son apparence à elle n'était que banale à son propre avis. Soupirante, elle balançait ses pieds sous le banc, regardant les passants devant elle.

Elle sortit son cellulaire et ne vit pas de nouveau message. Elle regarda les indications de son amie et s'assura une nouvelle fois être au bon endroit et à la bonne heure. Tout concordait. Mais où était-elle encore? Pour la quatrième fois, elle secoua la tête à l'approche d'un homme qui tenta d'entrer en conversation avec elle. Puri lui avait bien expliqué de faire attention aux rabatteurs qui tentaient d'attirer les gens, surtout les touristes, dans les magasins, cafés et bars en promettant des trucs simples, pas chers, et au final, ça coûtait les yeux de la tête et parfois, tu te retrouvais coincée là si tu ne payais pas. Cependant, le jeune homme insistait d'autant plus qu'il parlait espagnol en prime. Il avait tenté l'anglais puis l'espagnol et comme elle avait réagi au son de sa langue natale, elle ne pouvait plus s'en sortir. Il lui racontait que plein de beaux jeunes hommes pourraient être à ses côtés en train de prendre un petit verre d'alcool, parler un peu, prendre des photos, etc. Elle avait beau refuser l'invitation, il était vraiment insistant et collant et ne savait plus comment refuser. Jusqu'à ce qu'elle aperçoive au loin la silhouette bien connue du mannequin espagnol.

« Allez ! Magnez-vous, j’ai un rendez-vous important ! »

Purificación avait son petit caractère de princesse quand elle travaillait ! Ses collègues ne s’en formalisaient plus, surtout que la plupart la connaissaient depuis toute petite. Ils savaient qu’elle pouvait parfois avoir un comportement et des mots exécrables, mais qu’au fond, c’était une vraie guimauve. Et là, savoir que l’heure tournait sans qu’elle ne voie le bout de ce shooting… Ça l’agaçait profondément ! Son rendez-vous n’était, en réalité, pas SI important, du moins, il ne devait pas l’être aux yeux du reste du monde, mais pour Purificación c’était presque une question de vie ou de mort ! Elle avait donné rendez-vous à Dalma, son amie d’enfance et arrivée depuis quelques temps à Kumoru, et si on ne la laissait pas partir rapidement, elle serait en retard ! L’Espagnole connaissait bien son amie et elle savait qu’elle pourrait facilement se faire embarquer par le premier venu qui oserait l’aborder et lui dire les bons mots. Si Purificación aimait autant Dalma, c’était sans doute parce que la première chose qui l’avait touchée chez elle, c’était sa douceur. Et il y avait aussi ce petit côté naïf et trop gentil… L’Espagnole était trop précieuse pour ce monde, la mannequin en était persuadée !

Après avoir râlé sur l’équipe de photographes pour accélérer la cadence, Purificación parvint donc à quitter le studio où elle était depuis tôt le matin. Elle s’était changée avant de partir, enfilant un jean slim, un chemisier clair un peu ample, et une veste sombre qui lui permettait de couvrir l’intégralité de ses bras. Son maquillage était toujours simple, mais efficace : une couche de fond de teint très légère, sa peau n’en ayant pas vraiment besoin, du rouge à lèvres d’un couleur discrète, ainsi que du mascara et de l’eyeliner, qui faisaient encore plus ressortir son regard envoûtant. Perchée sur ses talons de près de dix centimètres, son sac à main passé sur une de ses épaules, Purificación ne perdit pas de temps et se mit aussitôt à courir. Elle s’était tellement pressée à partir du studio qu’elle n’avait même pas pensé à regarder l’heure, ni même à prévenir Dalma. Elle allait vite arriver sur place de toute façon, son lieu de travail n’était pas si éloigné que ça de leur lieu de rendez-vous !

Les joues légères rougies sous l’effort de sa course, surtout du haut de ses talons aiguilles, Purificación arriva finalement à destination. Elle repéra aussitôt Dalma, assise sur un banc. Un grand sourire étira ses lèvres, sourire qui disparut aussitôt en voyant qu’un homme semblait se montrer un peu trop insistant avec elle. L’Espagnole avait plusieurs fois conseillé à son amie de faire attention à ces inconnus qui pourraient l’accoster. Kumoru était une ville incroyable, mais elle avait aussi son quartier un peu mal famé et c’était sans doute ce qui l’inquiétait le plus par rapport à Dalma. Si jamais elle se faisait embarquer dans une ruelle sombre… Frissonnant à cette pensée, le sang de Purificación ne fit qu’un tour et elle marcha d’un pas décidé vers le banc, se plaçant entre son amie et l’inconnu. Du haut de son mètre quatre-vingt-cinq, elle toisait aisément ce dernier, le fusillant de son regard sombre. Si l’Espagnole était d’une beauté à couper le souffle, on pouvait aussi facilement deviner que ce n’était pas le genre de personne à embêter si on voulait s’en sortir indemne.

« Vous ne voyez pas que vous êtes en train de l’emmerder là ? Allez, dégagez, elle est avec moi et on a mieux à faire que vous suivre, vous pouvez me croire. »

Purificación se fit encore plus menaçante dans son regard, prête à sortir sa bombe au poivre dans son sac à main si jamais il tentait quoi que ce soit. Mais fort heureusement, l’Espagnole n’eut pas à en venir à cette extrémité, l’homme partant rapidement en grognant, la queue entre les jambes. La mannequin soupira profondément de dépit, et replaça ses cheveux derrière son épaule d’un geste gracieux, tournant un regard bien plus tendre et inquiet vers Dalma.

« Ça va ? Il t’a rien fait, hein ? Ils sont vraiment chiants à être aussi insistants dès que tu te retrouves toute seule… Enfin, pour le coup, c’est de ma faute… Désolée, je pensais finir plus tôt, mais le shooting s’est éternisé. »

Purificación offrit une moue affreusement adorable et profondément désolée à son amie, lui tendant finalement la main pour l’aider à se lever du banc où elle était assise. Un sourire vint ensuite éclairer de nouveau son visage, un petit air taquin venant même faire pétiller ses yeux sombres.

« T’es prête ? J’ai une super surprise pour toi ! J’ai découvert un endroit vraiment sympa l’autre jour, je suis sûre qu’il va te plaire ! Ah, mais avant ça… »

Purificación se mit à sourire tendrement et attrapa Dalma dans ses bras pour lui faire un gros câlin. L’Espagnole pouvait parfois donner l’impression d’être une personne froide et inaccessible, mais elle était en réalité très tactile dès qu’il s’agissait de personnes proches d’elle. Et son amie d’enfance faisait clairement partie de ces gens qu’elle aimait infiniment fort.

Dalma attendait depuis plusieurs minutes, interrompue par les rabatteurs qui tentaient de l'attirer dans différents endroits. Si elle avait réussi à faire partir les trois quarts qui s'était tentés déjà, le quatrième insistait d'autant plus qu'il lui parlait en espagnol, tentant de faire miroiter la possibilité de rencontrer de beaux garçons dans une ambiance classe. Elle ne voulait vraiment pas le suivre, même s'il disait des choses qui semblaient beaucoup trop belles pour être vraies. D'ailleurs, qui serait vraiment intéressée par elle de toute façon, déjà que son japonais était assez basique, elle n'était pas encore au courant de tous les us et coutume japonaise et avait surtout peur de faire un impair devant des inconnus. Fort heureusement pour elle, Purificación venait d'arriver et rapidement, elle se mit comme barrière devant Dalma. Elle le fit partir dans toute sa splendeur agressive, lui faisant comprendre qu'elles n'avaient pas besoin de son « offre ».

Dalma laissa aller un soupir de soulagement. Elle était sauvée! En prime, son amie venait enfin d'arriver et elle pourrait enfin savoir où elle voulait l'emmener. Elle s'excusa de son retard alors que la fleuriste secoua la tête en souriant.

— Non, il était assez insistant surtout en comprenant que je parlais espagnol. J'ai quand même réussi à en faire partir trois avant lui!

Dalma était visiblement très fière de son exploit. Répondant à la moue de son amie, elle fit pareil.

— Tu aurais pu m'écrire avant de partir quand même!

Elle était faussement fâchée et c'était visible dans son visage. La jeune fille ne savait pas mentir. Prenant la main de son amie pour se lever, le sourire était revenu sur son visage. Elle serra son amie avec tout l'amour et la tendresse qu'elle lui portait. Son odeur de fleurs se mêlait au parfum de son amie.

— Tu me demandes si je suis prête! Ça fait des jours que j'attends de te revoir! J'ai même eu toutes les misères du monde à dormir hier. Alors, qu'est-ce que tu veux me faire découvrir?

Regardant quand même si elle n'oubliait rien sur le banc, elle emboita le pas de son amie.

— Alors, c'était un shooting de quoi cette fois-ci?

Dalma était toujours curieuse de savoir les sujets de photographie de son amie. Elle l'avait vu faire tellement de publicité différente et ça l'étonnait souvent la versatilité du mannequin. Certaines personnes pourraient se penser fade à côté, mais Dalma prenait plutôt plaisir de savoir son amie heureuse et était sincèrement fière du succès de celle-ci.

Purificación s’en était un peu voulu d’avoir été autant en retard en voyant que Dalma l’attendait sagement au point de rendez-vous, mais qu’elle se faisait importuner par un de ces types qui avaient toujours les mots justes pour réussir à vous faire craquer pour que vous les suiviez. L’Espagnole se précipita alors à la rescousse de son amie, beaucoup trop gentille pour sa propre survie, envoyant royalement bouler ce type qui tourna bien vite les talons sans demander son reste en croisant le regard noir de la mannequin. Et maintenant qu’elles étaient enfin seules, Purificación pouvait retrouver son air beaucoup plus doux, s’excusant auprès de Dalma pour son retard, avant de se mettre à pouffer en entendant son amie lui dire fièrement qu’elle avait réussi à faire fuir plusieurs autres de ces types avant qu’elle ne vienne à sa rescousse.

« Vraiment ? Trois ? C’est bien, j’suis fière de toi Dalma ! Mais tu dois te montrer encore plus directe et sèche si tu veux que ça soit moins compliqué de les faire partir ! Tu es vraiment beaucoup trop gentille pour ta propre survie, j’suis sûre que t’as fait fuir les autres en t’excusant… Mais t’inquiètes pas, maintenant, qu’on vit toutes les deux ici, je vais pouvoir t’apprendre tout plein de trucs pour que tu puisses sortir les griffes quand c’est nécessaire ! »

D’ailleurs, en parlant de griffes… Purificación n’avait pas oublié qu’elle devait emmener son amie dans un super bar à chats ! Mais avant de partir, les mots de Dalma eurent l’effet d’une flèche en plein cœur de la mannequin. Elle savait bien que c’était pour la taquiner, qu’elle n’était pas vraiment fâchée, mais… Le fait était qu’elle avait absolument raison ! Affichant une moue attristée, Purificación planta son regard franchement désolé dans celui de son amie.

« Pardon… J’étais tellement pressée de te retrouver que j’ai même pas pensé à t’envoyer un message… Et puis, j’ai beau être douée dans l’exercice de la course en chaussures à talons, je suis pas certaine que j’aurais réussi à arriver aussi vite et sans me tordre la cheville si j’avais essayé de t’envoyer un message sur le chemin. »

Purificación garda sa petite moue triste et affreusement adorable, profitant quand même de leur câlin tout tendre avant qu’elles ne se détachent l’une de l’autre et commencent à marcher en direction de ce fameux bar à chats. L’Espagnole retrouva d’ailleurs bien vite le sourire en entendant la question de son amie.

« C’est un secret ! Si je te dis tout maintenant, j’aurai pas l’occasion de voir ta surprise une fois qu’on y sera ! »

Les deux amies poursuivirent donc leur marche, avant que Purificación ne soupire doucement en se frottant la nuque, passant sa main sous sa longue tignasse épaisse.

« C’était un shooting pour une nouvelle collection qui va bientôt sortir. C’était pour un magazine, histoire de teaser un peu quelques créations avant le grand défilé qui va avoir lieu à Paris. C’est aussi pour ça que je voulais absolument qu’on se voit aujourd’hui. Je pars à la fin de la semaine pour plusieurs jours, le temps du défilé. Et je dois aussi rencontrer quelques créateurs sur place pour de futurs projets. M’enfin, pour le moment, ne parlons pas de boulot ! Pas du mien du moins. Je veux profiter de cette après-midi avec toi sans penser au travail ! »

Purificación lui offrit un grand sourire et attrapa Dalma par l’épaule pour venir la coller contre elle, le temps de quelques pas, sa tête se posant tendrement contre celle de son amie avant qu’elle ne relâche son étreinte.

« Alors, alors ? T’as des idées de l’endroit où je pourrais bien t’amener ? Si t’as eu du mal à dormir la nuit dernière, t’as forcément pensé à quelques trucs, non ? Dis-moi tout ! »

Purificación avait un petit sourire taquin sur les lèvres, se disant que, comme ça, elle pourrait en profiter pour glaner quelques idées pour de futurs rendez-vous avec son amie.

« Oh, au fait… Ne crois pas que je vais te kidnapper juste pour l’après-midi, je compte bien te ramener jusqu’à chez moi quand il sera fini ! Ça fait longtemps qu’on ne s’est pas fait une soirée pyjama toutes les deux, à regarder des films d’amour avec un bon gros pot de glace ! »

Et finalement, après quelques minutes de marche, les deux amies arrivèrent à destination. Juste avant que la devanture du bar ne soit visible, Purificación s’était amusée à coller ses mains sur les yeux de Dalma, histoire de garder la surprise jusqu’au tout dernier moment. Quand elle finit par retirer ses mains pour que son amie puisse découvrir leur destination, l’Espagnole avait un énorme sourire aux lèvres, son regard scrutant la moindre réaction qui pourrait passer sur le visage de Dalma.

« Alors ? T’en penses quoi de ma petite surprise ? Ça te plaît ? »

Après avoir attendu son amie pendant un moment, Dalma était vraiment très heureuse de la retrouver. Fièrement, elle lui mentionna avoir réussi à repousser trois personnes venues pour lui proposer différentes arnaques de ventes. Elle se sentait un peu mal quand même, mais son amie lui avait bien fait comprendre qu'il fallait être ferme.

— Ah! Mais tu sais, c'est toujours un peu difficile, ils ne font que leur travail quand même!

Bon, leur travail n'était pas toujours très légal ou du moins très moral, mais elle n'osait s'imaginer comment elle se sentirait si on la repoussait alors qu'elle faisait son travail. C'était un contexte différent, bien sûr, mais ça lui trottait en tête quand même.

— Tu crois que c'est possible que de s'excuser suffisamment, ça va les repousser? En même temps, je crois qu'il y a dix sortes de manières de dire « désolé » en japonais, j'ai peut-être utilisé la mauvaise formulation!

L'air surpris de Dalma était presque comique. Elle était sincèrement navrée d'avoir peut-être fait une erreur linguistique. S'étant arrêtée et la main devant la bouche ouverte, ses yeux ronds ne savaient plus quoi penser. Se collant finalement sur Puri, Dalma affichait à présent un doux sourire, visiblement heureuse de la revoir. Secouant la tête, elle repoussa les excuses de son amie, puis elle éclata de rire.

— Vraiment? Pourtant, j'étais convaincue que l'on pourrait partir une compétition de courses à obstacles à talons. Je vais devoir annuler les épreuves d'affiches...

Elle eut un faux soupir de découragement, penchant un peu la tête avant d'éclater de rire.

— Mais je suis contente que tu sois arrivée, en plus, ça ne serait pas bon pour ton travail d'avoir une cheville tordue, à moins de faire la publicité pour des bandages et prothèses, mais tu es beaucoup trop jolie pour ça.

Elles commencèrent à se rendre vers le lieu secret prévu par la mannequin. Dalma avait bien hâte de savoir quel était le lieu, mais connaissant son amie, elle ne le saurait que rendu sur place. Alors pour changer de sujet, l'espagnol lui posa la question concernant le shooting qui avait eu lieu juste avant.

— Ah! Paris! Il faudra que tu m'envoies au moins une photo de toi qui profite un peu du temps là-bas, sinon je vais croire que tu ne vas que travailler et dormir dans la chambre d'hôtel!

Depuis quelques années, son amie lui envoyer des selfies des quatre coins du monde, cela permettait de faire voyager l'esprit de Dalma qui vivait son premier voyage hors Espagne en venant au Japon. Bien que ne lâchant pas le morceau sur leur destination, le fait que Dalma mentionne avoir réfléchi sans arrêt à cette journée au point d'avoir de la difficulté à dormir, Puri lui demande de lui lancer les différentes idées qu'elle pouvait avoir en tête.

— Alors, j'ai pensé à ce comptoir de sushi qui défile dont on avait déjà parlé, sinon un magasin de lingerie, car ça fait vraiment un bon moment qu'on en a ne pas magasiner ensemble... Quoique je ne sais même pas s'ils ont ma taille ici!

Dalma avait remarqué que les tailles étaient vraiment plus petites au Japon qu'en Espagne. Elle ne se considérait pas comme une femme si grande que ça, mais ici, elle devait parfois vérifier dans les tailles plus pour s'habiller.

— Hm... sinon, il est quand même tôt pour sortir danser et tu m'aurais donné plus d'indications sur la façon de m'habiller quand même!

Autant que Dalma ne fût pas du genre à aller flirter, qu'elle était tout de même espagnole dans le sang et adorait la danse. Seulement, bien voilà, ce n'était pas nécessairement elle qu'on remarquait sur une piste de danse. Lorsque son amie mentionna la garder pour la journée, Dalma éclata de rire.

— Non, mais j'espère bien! Après m'avoir fait patienter autant de jours avant qu'on se voie, on ne va pas en rester là pour une ou deux heures! En plus, j'ai appris qu'il y avait des saveurs de glaces bien différentes au Japon de ce que je connais!

L'idée de goûter une crème glacée à saveur de fleur de cerisier avait charmé Dalma. Elle connaissait certaines saveurs de fleur d'oranger dans différents mets, mais n'avait pas eu la chance pour les fleurs de cerisiers en Espagne, qui sont moins communes. Par contre, ici, il y avait vraiment beaucoup de choses aromatisées au sakura et Dalma voulait toute les découvrir! Peu de temps après, Puri mit les mains sur les yeux d'une Dalma pouffant de rire. Quelques pas de plus, plus ou moins en ligne droite vu le manque de vision, et le soleil illuminèrent sa pupille à nouveau. La première chose qui attira le regard de Dalma vu une adorable affiche sur lequel des chats était dessinée.

— C'est... un bar à chat?

Le visage rempli de surprise et d'émerveillement, Dalma souriait à son amie.

— C'est l'endroit où on peut flatter les chats tout en buvant tranquille et avec les pâtisseries toutes mignonnes?

Trop contente, elle sauta au cou de son amie.

— Mais je voulais tellement y aller! C'est tellement une bonne idée en plus!

Prenant alors la main de son amie, elle monta les quelques marches qui séparaient la porte du devant de la bâtisse. Déjà, dans la fenêtre, on pouvait voir des chats et chatons de toutes sortes se dorer au soleil. Après l'entrée, un panneau indiquait le fonctionnement, tout en japonais, avec les prix pour le temps et un autre indiquait le menu. En se penchant vers son amie, Dalma eut un air plus sérieux. Il ne fallait quand même pas faire peur aux chats en étant trop excitée.

— Il va falloir que tu m'aides, mon japonais n'est pas encore parfait à la lecture!

Purificación ne put s’empêcher de grogner en entendant Dalma lui dire que ces types ne faisaient que leur travail. Elle n’avait pas tout à fait tort, mais c’était comme ces gens qui vous appelaient pour vous vendre tout un tas de trucs dont vous n’aviez pas besoin. C’était vraiment difficile de ne pas juste leur raccrocher au nez ou de les envoyer bouler parce qu’ils insistaient. Ils faisaient un boulot ingrat, mais, d’un côté… Ils n’avaient qu’à trouver autre chose non ? L’Espagnole pouvait parfois avoir des pensées assez dures, parce qu’elle croyait en l’adage « quand on veut, on peut ».

« Non, il faut surtout pas que tu t’excuses ! Ils vont y voir une ouverture et ils vont juste s’y engouffrer ! Je te le dis, il faut être ferme ! Ou alors, si ça te dérange de les chasser parce qu’ils font juste leur travail, tu m’appelles. Moi ça me gêne pas d’avoir le mauvais rôle, surtout si je peux t’éviter de te retrouver dans des embrouilles sans nom ! C’est pas la ville la plus sûre au monde ici alors… Fais attention à toi, Dalma. Je sais pas ce que je ferais s’il t’arrivait un truc… »

Purificación lui offrit une moue sincère et inquiète, lui faisant un nouveau câlin. Dalma était la personne la plus précieuse à ses yeux au Japon et si jamais on lui faisait du mal… L’Espagnole n’aurait que faire de sa réputation et des conséquences que ses actes pourraient avoir. Elle serait sans doute encore plus impitoyable que le pire des yakuzas !

Fort heureusement, la discussion se fit plus légère et ponctuée de rires. Purificación ne put se retenir en imaginant cette fameuse course en talons aiguilles.

« Si tu y tiens, on peut toujours en faire une ! Par contre, j’espère que t’as des concurrentes à la hauteur pour m’affronter, je risque de toutes les écraser super facilement sinon ! Je suis la reine des talons aiguilles ! Bon, en fait… Ça dépend aussi des obstacles… Si t’essaies de me faire sauter des haies, je crois que je vais juste réussir à me rétamer… »

Il fallait dire que Purificación n’avait jamais été une grande adepte du sport. Elle ne restait pas inactive à cause de son boulot qui ne lui laissait que peu de répit, mais elle préférait faire un peu de course sur un tapis ou utiliser d’autres appareils de fitness à la pratique de sports collectifs ou individuels axés sur les résultats et la compétition. Si elle se dépensait, c’était uniquement pour se maintenir en forme ! Et aussi pour se défendre… Il fallait dire qu’elle appréciait tout particulièrement ses séances d’auto-défense qu’elle suivait au moins une fois par semaine quand son emploi du temps lui en laissait l’occasion.

« Et puis, tu sais, je suis sûre que j’arriverais à rendre ultra glamour une pub pour des bandages ou autres ! »

Purificación pouffa et les deux amis reprirent leur marche à destination du bar à chats. Sur le chemin, leur discussion se poursuivit sur le prochain voyage de l’Espagnole à l’étranger.

« Oh bah tu sais… Je vais certainement pas avoir beaucoup de temps pour visiter… Dès que je vais atterrir, on va se rendre sur les lieux du défilé pour faire un petit repérage, voir les tenues que je vais devoir porter, on va nous expliquer le déroulé et je vais aussi certainement passer du temps avec le créateur. Dis… Tu voudrais pas venir avec moi un de ces jours ? Tu pourrais prendre des vacances en même temps que mon prochain shooting ! Parce que même si j’ai un peu de temps libre lors de mes déplacements, c’est beaucoup moins marrant de jouer les touristes en étant toute seule ! »

Puis, quand Dalma lui fit une énumération de toutes les choses auxquelles elle avait pensé, Purificación ne put se retenir de rire.

« Eh bah écoute, je te propose qu’on se fasse tout ça aujourd’hui ! On va commencer par ma surprise, on ira faire les boutiques, on mangera des sushis, et après on dansera jusqu’au bout de la nuit ! Ah et pour la glace… Je pense qu’on devrait pouvoir en manger une en même temps que ma surprise. »

Purificación fit un petit clin d’œil malicieux à son amie, ne voulant pas lui en dire trop avant qu’elles ne soient arrivées. Et puis, l’Espagnole devait avouer que ce planning l’enchantait tout particulièrement, surtout qu’elle avait très envie de faire de nouvelles acquisitions en termes de lingerie, son pêché mignon après les chaussures !

Quand elles se rapprochèrent finalement de leur destination, Purificación mit ses mains sur les yeux de Dalma pour garder la surprise intacte jusqu’au bout. Et inutile de dire que la réaction de son amie fit s’étirer les lèvres de l’Espagnole en un immense sourire. Elle était trop fière d’avoir réussi à lui faire une surprise qui semblait autant la ravir !

« Ouiiiii ! C’est ça ! Le meilleur endroit de l’univers ! Bon, après les boutiques de haute couture bien sûr ! J’suis trop contente que ça te plaise ! »

Purificación réceptionna son amie qui lui sauta au cou, se mettant à rire devant tant d’engouement, une de ses mains venant caresser la chevelure de Dalma, avant que celle-ci ne s’écarte et lui attrape la main pour l’entraîner vers l’entrée. Purificación ne put s’empêcher de pouffer en la voyant aussi pressée, lui lançant un sourire tendre alors qu’elle hochait la tête, le tout avec un petit clin d’œil.

« T’inquiètes pas pour ça ! Je vais m’occuper du japonais écrit, et toi tu vas pouvoir t’occuper de tous ces petits chats trop mignons ! »

Purificación entra à la suite de son amie dans la boutique, saluant poliment les serveuses qui les amenèrent à une table déjà couverte de chats, l’un d’entre eux dormant même sur la banquette que la mannequin voulait prendre. Celle-ci afficha une petite moue et finit par s’accroupir à côté de lui.

« Sérieusement, je suis capable de faire face aux pires types de cette planète, mais regarde-le Dalma… Comment tu veux que j’arrive à chasser cet adorable petit chat… Tu sais, c’est un des plus grands drames de ma vie de pas pouvoir en adopter un. Le pauvre, il serait beaucoup trop malheureux comme je suis souvent absente… »

Purificación afficha une petite moue triste et se mit à caresser le chat qui dormait en boule sur sa place. Le félin finit par relever la tête vers elle, se mettant à bailler en même temps qu’il ronronnait, ce qui tira un « Aaaahwn » attendri à l’Espagnole qui finit par l’attraper pour s’assoir, le posant sur ses genoux.

« Alors, alors ? Qu’est-ce qui te ferait plaisir ? C’est moi qui invite ! »

Alors que Dalma avait tenté vainement de prendre la défense des solliciteurs indésirables, Puri ne put faire autrement que de marteler qu'elle ne devait surtout pas s'excuser ni leur laisser quelque chance qu'il soit, sinon, c'était foutu. Dalma soupira, un peu découragée. Elle voulait tant que tout aille bien pour tout le monde, mais elle savait bien que son amie avait raison. Revenant rapidement à son sourire, car au final, elle pouvait difficilement être dans une autre émotion longtemps en présence de sa meilleure amie, elle apprécia le câlin partagé.

Elles en vinrent au sujet de la course à talons. L'image de courir avec des talons hauts et en plus de sauter par-dessus des obstacles fit pouffer de rire Dalma qui n'avait de cesse d'imaginer son amie coincée dans une haie de cèdres.

— Non, mais ça va vraiment avoir l'air de certains de ces animes où la protagoniste tente de couper par la cour et se retrouve prise dans une haie. Ça ne serait vraiment pas bon pour ton image, imagine, des gens pourrait te voir dépeignée!

Prenant un faux air d'offusqué surprise, Dalma ne put se retenir longtemps avant de rire. L'image de perfection de la mannequin lors des photos et entrevue était une chose, Dalma savait qu'elle était une personne beaucoup plus attachante que tout ce qui pouvait être raconté à son sujet. D'autant plus qu'elle en connaissait beaucoup plus sur elle que toutes les entrevues ne pourraient dévoilées. Bien sûr, elle n'en dirait jamais un mot. Hochant la tête, elle approuvait.

— Oh! Absolument! Mais à choisir, je préfère quand même te voir dans d'autres choses que des bandages! Tiens, il n'y avait pas eu une publicité que tu as du faire une momie ou une Égyptienne, quelque chose du genre?

Ça lui rappelait vaguement quelque chose, mais elle n'arrivait pas à mettre le doigt dessus. Son amie en avait fait tellement, c'était déjà bon si elle parvenait à se souvenir de certaines plus vieilles. Après, ça dépendait surtout des types de publicités, ce n'était pas toujours pour des produits qui l'intéressait elle ou parfois, c'était des publicités pour d'autres pays, et ne finissait que par en entendre parler par Puri. Après, pour les défilés, c'était encore autre chose.

Prétextant qu'elle n'aurait sans doute pas beaucoup de temps pour visiter, Dalma fit une moue. C'est vrai qu'ils avaient tendance à lui faire un horaire super chargé lorsqu'elle voyageait et bien rares étaient les moments de repos. Dalma trouvait dommage que son amie ne puisse pas au moins avoir quelques heures libres pour au moins profiter des endroits qu'elle visitait pour son travail. Ça devrait être la moindre des choses, non? Puis, elle lui proposa de prendre des vacances pour voyager avec elle la prochaine fois. Surprise, Dalma regarda son amie.

— Pour vrai? Mais, ils vont me laisser te suivre, tu crois? Parfois, tu dois filmer des trucs qui sont des exclusivités plusieurs semaines d'avance, peut-être qu'ils ne voudront même pas que je m'assoie dans l'avion!

Il y avait un peu d'exagération dans ce qu'elle disait, mais tout de même un fond de vérité. Après, c'est sur que Dalma n'était pas au courant de tous les aléas de la mode non plus. Énumérant les différentes possibilités de la journée, Dalma se fit répondre qu'elles pourraient tout faire ça dans la journée. Éclatant de rire, elle n'arrivait pas à croire son amie.

— Il n'y a pas assez d'heures dans une journée pour tout ça! Et franchement, le film me tente beaucoup. On pourra toujours trouver du temps pour aller danser une autre fois. Ce n'est quand même pas la dernière journée qu'on va se voir!

Surtout pas! Oui, Puri avait un horaire surchargé, mais il y avait toujours moyen de trouver un trou quelque part. Arrivant proche de la destination, son amie lui couvrit les yeux, ce qui attira davantage de rires de la part de Dalma. La surprise fut totale et l'Espagnole fut ravie.

— Mais ça l'air complètement génial comme endroit! J'en avais tellement entendu parler!

Elles entrèrent dans le café, accueillies à la fois par les chats, et par les membres du personnel tout revêtant un uniforme blanc à rayures rose pour la blouse, avec pantalons blanc ou rose. Chacun avait même une passe à cheveu avec des oreilles de chats dessus. Pour les chats, il y en avait de différentes races et visiblement d'âge à voir les tailles différentes de ceux qui se promenaient ou restait couché. Lorsqu'elle vit son amie devant le chat qui prenait sa place à la table, elle ne put que sourire et s'accroupir à côté d'elle.

— Je sais, il est trop adorable...

En se relevant, elle continua.

— Eh oui, moi-même je n'ose même pas en adopter un, vu qu'avec mon visa, je n'ai aucune idée combien de temps je vais rester ici. Mais tu sais quoi? C'est une bonne raison de venir dans ce café!

Prenant place en face de son amie, elle ne fut pas sitôt assise qu'un félin noir aux adorables yeux jaune éclatant sauta sur la banquette et se coucha collé contre sa cuisse. Le visage de Dalma exprimait la joie alors qu'elle se retenait de lancer un petit cri aigu de bonheur. Prenant l'offre de son amie, elle prit donc la grande feuille plastifiée qui présentait les différents articles du menu. Une des choses qu'elle avait le plus appréciées en arrivant au Japon, c'était les images sur les menus. Un truc si simple, mais combien pratique!

— Oh, regarde! Je crois que c'est un latté, et il y a un dessin dessus la mousse du lait qui forme un chat! Bon, ça prend ça déjà et ensuite... Bonté divine toute à l'air bon! Alors, ça semble une sorte de gâteau aux fraises ou... ah! ici, une glace avec une gaufre en forme de chat planté dedans! Je ne suis pas certaines des saveurs... ça c'est Vanille... Sakura... et ceux-là, aucune idée!

Elle pointait sur le menu au fur et à mesure et bien entendu, les saveurs basées sur des fleurs, aucun problème à les lire avec toutes ses études de fleuriste qu'elle avait passé pour apprendre le nom des fleurs en japonais devait bien servir.

— Comment as-tu trouvé cet endroit? Tu es déjà venue?

Flattant la boule de poils ronronnante contre elle, Dalma affichait à nouveau son doux sourire.

Dalma faisait partie de ces trop rares personnes à voir Purificación comme elle était vraiment : une fille simple et bonne vivante, qui aimait s’amuser et rire. Cette image de femme fatale, inaccessible, froide et hautaine n’était qu’un masque qu’elle portait pour se protéger et éloigner tous les profiteurs. Se faire passer pour une personne détestable, c’était plutôt efficace pour repousser les gens ! Et, au moins, de cette façon, l’Espagnole savait à qui elle pouvait vraiment faire confiance. Ceux qui s’acharnaient et se montraient patients pour vraiment réussir à l’atteindre étaient peu nombreux, et ils avaient tous une petite place dans le cœur de Purificación. Il était donc plutôt rare de la voir rire à gorge déployée comme ça, en évoquant une course de talons aiguilles par-dessus des haies ! Séchant une petite larme qui menaçait de couleur au coin de son œil, évitant ainsi le drame de la tête de panda avec le maquillage qui coulait, l’Espagnole releva son menton et se mit de profil, repoussant d’un geste gracieux sa longue crinière ébène derrière son épaule.

« Tu te souviens bien ! J’avais fait une publicité où j’avais le rôle de Cléopâtre ! Mon profil est bien plus beau que le sien, tu ne trouves pas ? Et tu as raison, c’est inconcevable qu’on puisse me voir décoiffée. Y’a que toi qui as le droit à ce petit privilège. »

Pouffant, Purificación posa le bout de son index sur le nez de Dalma, puis se recoiffa rapidement en passant ses longs doigts fins et parfaitement manucurés dans ses cheveux.

Les deux amies purent ensuite quitter le parc pour se rendre vers le bar à chats que l’Espagnole souhaitait faire découvrir à son amie d’enfance. Sur le chemin, la mannequin évoqua l’idée d’emmener Dalma avec elle lors de son prochain voyage à l’étranger pour le boulot. Puis, en entendant la question de celle-ci, Purificación ne put s’empêcher de froncer les sourcils.

« Bien sûr qu’ils vont te laisser venir ! Tu crois que je vais leur laisser le choix de toute façon ? Ils ne pourront pas me dire non, ils savent que je suis capable de dire que je ne viendrai pas sinon. Et je pense aussi qu’ils vont éviter de me mettre de mauvais poil… »

L’Espagnole assumait parfaitement son côté Princesse pourrie-gâtée à qui on ne refusait rien. Pour quelqu’un qui avait dû se priver de tout et se contenter de subir la vie pendant son enfance, c’était une revanche plutôt belle ! Alors oui, on disait qu’elle était insupportable avec ses caprices, mais Purificación s’en moquait. Maintenant qu’elle avait le droit d’en faire sans que ça vienne lui nuire… Elle en profitait ! Et puis, franchement, ce n’était pas si contraignant que ça d’emmener une personne en plus lors de leur prochain voyage ! L’Espagnole comptait bien imposer sa décision à son équipe !

« Enfin, après… C’est si toi t’en as envie ! Mais ça serait vraiment génial qu’on puisse se faire un petit voyage à Paris toutes les deux ! Tu verras, c’est vraiment une ville superbe ! Et on pourra profiter d’être là-bas pour se rattraper et aller danser alors ! Tu te trouveras peut-être un petit français canon à kidnapper ! »

Purificación esquissa un sourire en coin malicieux, donnant un petit coup de coude à son amie en pouffant. Les potins et les histoires d’amour, c’étaient vraiment des sujets qui passionnaient l’Espagnole, et elle avait aussi terriblement envie que sa précieuse amie parvienne un jour à trouver chaussure à son pied. Elle méritait tellement d’être heureuse !

Après être finalement entrées et s’être extasiées sur toutes les boules de poils qui se trouvaient dans la grande pièce, Purificación fronça les sourcils.

« Hey ! T’as pas le droit de dire des trucs comme ça ! Maintenant que tu m’as rejointe, je te laisserai pas repartir, visa ou pas ! J’irai faire un scandale au gouvernement ou je sais pas où s’il le faut ! Mais il est hors de question que tu repartes loin de moi ! Avec qui je vais pouvoir faire du shopping et me gaver de glaces devant des films romantiques sinon, hein ? »

Purificación afficha une petite moue triste et beaucoup trop mignonne alors qu’elle fixait Dalma. En vérité, si c’était vraiment ce que son amie voulait, l’Espagnole n’aurait pas la force de la retenir, mais elle savait déjà que son cœur serait profondément meurtri si elles devaient de nouveau se retrouver séparées par beaucoup trop de kilomètres.

Le sourire de Purificación se fit ensuite beaucoup plus tendre en voyant celui de Dalma qui caressait le chat lové contre sa cuisse. Elle avait même posé ses coudes sur la table, ainsi que son visage sur ses mains pour la regarder faire, n’écoutant plus qu’à moitié ce qu’elle lui racontait. Non, vraiment, pour rendre l’Espagnole heureuse, il lui suffisant de voir les personnes chères à son cœur avec un sourire aux lèvres ! Ce ne fut qu’en entendant la question de Dalma que Purificación redescendit sur Terre en sursautant un peu.

« Hum ? Ah… Eh bien j’ai entendu plusieurs collègues en parler pendant un shooting ! J’avais déjà eu l’occasion d’aller dans d’autres bars de ce type, mais c’est quand même moins rigolo d’y aller seule, même si ces adorables boules de poils te font oublier que t’es pas accompagnée ! Et après en avoir entendu parler, j’ai fait quelques recherches pour voir les avis, et j’ai finalement décidé de venir ici faire une première inspection ! Juste histoire d’être sûre que ça valait le coup de t’emmener dans ce bar-ci ! »

Purificación tira doucement sur la carte de Dalma, pour lui pointer du doigt quelques photos sur le menu.

« Je prendrai un latte moi aussi ! Et pour la petite douceur… Je te conseille ce fraisier ! Il est juste… divin ! Bon, en vrai, c’est la seule chose que j’ai goûté en venant la dernière fois… Alors je pense que je vais plutôt tenter autre chose cette fois… »

Purificación laissa Dalma faire son choix et reporta son attention sur son menu à elle. Réfléchissant hyper sérieusement, l’Espagnole se laissa finalement tenter par un cheesecake au yuzu. Elle attendit ensuite que son amie ait fait son choix pour appeler un serveur et passer commande. Quand il repartit, Purificación s’amusa à détailler ses épaules, son dos, puis ses fesses, un sourire malicieux aux lèvres. Puis, elle tourna la tête vers Dalma.

« Il est plutôt mignon lui, tu trouves pas ? Avec ses petites oreilles de chat… Tu veux que je lui demande son numéro quand il reviendra ? »

Purificación aimait vraiment beaucoup trop taquiner Dalma avec les garçons ! C’était assez ironique pour quelqu’un qui était si frileuse à l’idée de tomber amoureuse…

« Au fait, comment ça se passe le travail ? Et à ton appartement ? Tu sais, si jamais t’en as marre, on peut refaire de la colocation, moi, ça me gêne pas. »

Il fallait dire que ces quelques mois passés toutes les deux sous le même toit avaient été comme une véritable bouffée de bonheur pour Purificación ! Du coup, maintenant qu’elle était de nouveau seule… C’était presque un peu déprimant de rentrer à la maison…

— Mais absolument! Tu as le profil le plus adorable qui soit!

Pouffant de rire avec son amie, Dalma continuait la conversation avec celle-ci pendant leur marche. Puri lui fit d'ailleurs bien rire lorsqu'elle s'exclama que c'était une évidence qu'elle peut l'accompagner dans son voyage. Toujours avec le sourire, l'Espagnole lui répliqua.

— Décidément, tu leur fais faire ce que tu veux! Parfois, je me demande bien comment tu parviens à tes fins, c'est comédienne que tu aurais dû faire, pas mannequin!

Ah! Paris! Le vin, la bonne bouffe, les paysages, la romance, il y avait toujours cette idée qu'en France, les hommes étaient plus romantiques qu'ailleurs. Après, c'était peut-être que des idées préconçu aussi, n'ayant jamais pu y aller. Évitant à peine le coup de coude de son amie, Dalma s'esclaffa de rire.

— Oui c’est ça, et te laisser toute seule là-bas ensuite! Ça pas question!

Continuant le chemin vers le lieu mystérieux que lui prévoyait son amie, Dalma fut plus qu'heureuse de découvrir l'endroit. Un bar à chat était tout simplement génial et elle n’en pouvait plus de s'extasier sur toutes ces adorables bêtes. Toujours amusée de l'enthousiasme de son amie, Dalma trouvait tout de même amusante la situation.

— Ça, je paierai cher pour voir ça! Enfin, si je parviens à bien travailler, je devrais pouvoir renouveler mon visa sans trop de souci. En plus, tu as complètement raison, le magasina seule, c'est vraiment horrible. Tu te rends compte que je me suis déjà rendue dans les magasins et que je suis sortie... sans rien acheter?

Avec un air faussement scandaliser, il ne fallut pas beaucoup de temps pour que Dalma éclate de rire à niveau, faisait sursauter la boule de poil qui s'était endormi contre elle.

— Mais non, voyons, tu peux rester là...

Elle flatta le chat doucement sur la tête et il se rendormit, non sans faire un de ses bâillements à n'en plus finir avec la langue sortie. Dalma demanda ensuite comment son amie avait fait pour trouver un endroit aussi parfait. Penchant la tête sur le côté, elle s'aperçu que son amie avait été un peu distraite, mais sans trop savoir pourquoi. Peut-être juste une pensée passagère.

— Eh! Bien, c'est totalement une bonne idée, ça oui.

Regardant le menu, elle porta attention à ce que lui suggérait Puri et hocha la tête.

— Donc, parfait, un latté et le fraisier alors pour moi. De toute façon, il faudra revenir pour goûter aux différents desserts de cette carte.

Alors que son amie faisait son choix, Dalma porta alors son attention sur le chaton contre elle. Elle souriait doucement en voyant la petite face ronronner sous les caresses qu'elle lui faisait doucement. Le serveur arriva, prenant la commande que lui disait Puri. Dalma portait une attention particulièrement à ce qui se disait, peut-être fixant un peu trop le serveur, déjà qu'il était adorablement vêtu avec les oreilles de chats, mais ensuite, pour bien comprendre les phrases. La réplique de son amie lorsqu'il partit fit légèrement rougir l'Espagnole qui fit les yeux ronds.

— Puri! Non, mais sérieusement, tu es terrible! Le pauvre garçon tente juste de faire son travail!

Elle savait que son amie ne faisait que la taquiner, mais Dalma ne pouvait s'empêcher de tomber dans le panneau à chaque fois. Puis, plus sérieusement, son amie lui demanda comment allaient son travail et son nouvel appartement.

— Ça va bien, je réussis à m'habituer à la méthode de travail du propriétaire. Je suis assez étonnée, pratiquement tout le monde utilise l'argent comptant plus que les cartes.

Autre culture, autres moeurs.

— J'avoue que je préférais bien qu'on reste ensemble, mais j'ai l'avantage d'être proche de mon travail, ça me ferait assez loin de faire le trajet de chez toi sinon.

Elle n'osait pas le dire, mais ça serait aussi très dispendieux. Les moyens de transport n'étaient pas donnés au Japon et Dalma était loin de rouler sur l'or. Son salaire suffisait pour les besoins quotidiens et quelques petites folleries, mais devoir tout dépenser dans les taxis et métros, ça serait une autre paire de manches. Un autre chat décida à ce moment de faire un saut du sol sur la table, s'approchant des verres d'eau.[/b][/color]

« Oulà… J’suis pas sûre que j’aurais pu faire carrière en tant qu’actrice ! J’ai beaucoup trop de mal à cacher mes émotions, tu le sais bien ! Quand j’ai un truc à dire, il faut que je le dise ! Et puis, je suis pas certaine d’arriver à pleurer ou à rire sur commande, j’suis un peu trop entière pour ça… Que des défauts pour devenir actrice, quoi ! Non, à la place, je préfère faire mes yeux de biche à mon staff pour qu’ils cèdent tous ! »

Et si ses beaux yeux ne suffisaient pas pour obtenir ce qu’elle voulait… Alors ses interlocuteurs s’attiraient ses foudres jusqu’à ce qu’ils finissent par céder ! À la longue, toutes les personnes qui travaillaient avec elle avaient appris qu’il valait mieux la brosser dans le sens du poil s’ils voulaient que tout se passe bien…

Le trajet jusqu’au fameux bar à chats se fit dans la même bonne ambiance, les deux jeunes femmes prenant ensuite place à une table, parmi toutes ces adorables boules de poils. Puis, quand Dalma parla de cette fois où elle avait fait les magasins en ressortant sans rien acheter, Purificación exagéra à outrance sa réaction, prenant un air choqué, une main devant sa bouche.

« Quoi ?! Qu’est-ce que j’entends ?! Comment c’est possible de faire les magasins et repartir sans rien acheter ?! T’étais malade ? T’avais de la fièvre, c’est ça ? Perso, je crois que quand je vais faire du shopping en étant toute seule… C’est là où je dépense le plus d’argent… Sans doute pour compenser une vraie présence à mes côtés… Je me rassure avec tous ces sacs beaucoup trop lourds que je dois ensuite porter jusqu’à chez moi ! »

Les deux jeunes femmes continuèrent à rire pendant qu’elles consultaient la carte, Purificación craquant complètement devant toutes ces adorables boules de poils et essayant d’en caresser le plus possible.

Un serveur s’approcha ensuite de leur table pour prendre leurs commandes, la mannequin s’amusant à taquiner son amie quand il retourna vers les cuisines. Un rire franc passa d’ailleurs ses lèvres en entendant Dalma la gronder, toujours avec son extrême gentillesse. Franchement, c’était à se demander si la fleuriste était vraiment capable de se mettre en colère ! Et même quand elle essayait de le faire, Purificación n’avait qu’une envie : c’était de lui faire un gros câlin en papouillant ses cheveux !

« Bah quoi ? L’un n’empêche pas l’autre ! C’est peut-être ton prince charmant ! Tu sais, comme dans les Disney ! Et il te suffira d’un baiser pour le retransformer complètement en humain et faire partir ses petites oreilles de chat ! Enfin… Sauf s’il te plaît encore plus avec ses oreilles… D’ailleurs, tu crois qu’elles sont douces ? »

Purificación ne pouvait vraiment pas s’empêcher de taquiner Dalma, surtout à ce sujet. Elle avait tellement envie que son amie se trouve quelqu’un de bien et qui la rendrait heureuse ! Après ce qu’elle avait vécu avec la perte de sa mère, ça ne pourrait que lui faire du bien ! La mannequin faisait déjà de son mieux pour éviter qu’elle n’y pense trop, mais… ça ne valait sans doute pas la simple présence d’un amant !

L’Espagnole afficha ensuite un petit sourire rassuré en entendant Dalma lui parler de son boulot, sourire qui laissa vite place à une petite moue triste.

« C’est vrai… Je pourrais déménager au pire ! Enfin… J’avoue que j’aime bien mon appartement et que j’ai fini par m’y attacher quand même… Et j’suis pas sûre que ma manager serait très heureuse à l’idée que je vive en plein centre-ville, puisque, selon elle, c’est plus risqué pour moi… Enfin, c’est pas comme si chaque personne que je croisais dans la rue me reconnaissait non plus, elle exagère… »

Purificación soupira profondément. C’était bien d’être une mannequin aussi célèbre qu’elle, mais ça entravait quand même pas mal ses libertés ! Elle ne pouvait plus faire tout ce qu’elle voulait, de peur que ça puisse entacher sa réputation.

Leur discussion fut ensuite interrompue par un chat qui venait de monter sur la table, sous le regard presque amoureux de Purificación, avant que celle-ci ne se mette à grogner et repousse doucement la boule de poils.

« Alors, toi, t’es vraiment trop craquant, mais je t’ai vu te lécher les fesses juste avant, donc je te prierais de ne pas venir boire dans mon verre ! »

L’Espagnole s’en voulait un peu de chasser ce pauvre chat de cette manière, mais elle n’avait jamais compris cette manie qu’avaient les gens trop proches de leurs animaux domestiques, d’échanger des baisers avec eux alors qu’ils se nettoyaient intégralement avec leur langue ! C’était franchement dégoûtant !

Fort heureusement, Purificación n’eut pas le temps de trop culpabiliser puisque le serveur revint avec leurs commandes. L’Espagnole s’empressa de le remercier et lui offrit son plus beau sourire charmeur, avant de pouffer légèrement en voyant la gêne apparaître sur son visage, juste avant qu’il ne tourne les talons pour aller s’occuper d’une autre table.

« Tu vois, il est comme les chats d’ici, il est trop mignon ! Enfin… J’insiste pas… D’ailleurs, t’as pu rencontrer d’autres gens ces derniers temps ? J’veux dire, en dehors de tes voisins ou de tes collègues de boulot ? »

Les deux amies profitaient du temps ensemble pour rattraper le temps passé loin l'une de l'autre. Discutant jusqu'à l'arrivée au café à chat, elles prirent place parmi les chats. Dalma raconta la fois où elle avait fait les magasins sans rien acheté, avec une expression faussement outrée et son amie prit le même faux air.

— Absoluement! Je devais bien avoir quelque chose de travers! Mais tu as raison, il n'y a rien de mieux que d'être accompagnée pour magasiner et surtout, bien accompagnée!

Riant toutes les deux, elles consultaient le menu en se faisant aborder par d'adorables boules de poils. Le serveur vint finalement prendre leur commande et bien sûr, Purificación ne put s'empêcher de faire un commentaire sur le serveur. Réprimandant un peu son amie, Dalma n'en revenait juste pas à quel point elle pouvait voir toutes les possibilités pour trouver un compagnon de vie à Dalma. Elle pouffa tout de même de rire à son commentaire.

— Je crois que je suis loin d'être dans un film, quoique mon histoire est bien partie, je suis quand même rendue vieille pour être une princesse à la recherche de son prince!

Elles discutèrent à présent du travail de fleuriste de l'Espagnol et de son logement. Puri sembla se faire à l'idée qu'effectivement, son cartier était un peu loin pour Dalma pour voyager efficacement à son travail. Dalma éclata de rire.

— Tu serais bien embêté si c'était le cas, de te faire reconnaitre à tout moment! Ça doit être vraiment difficile pour ceux qui sont très populaires à la télévision ou ailleurs, peu importe ce qu'ils font ou où ils vont, de se faire interpellé à tout moment pour n'importe qui. Je ne crois pas que j'arriverai à avoir une vie ainsi...

C'était à une réflexion qui méritait d'être faite. Après tout, son amie faisait quand même le tour du monde pour son travail. C'est d'ailleurs ce qui devait l'aider dans une certaine mesure, puisqu'elle n'était pas non plus une vedette locale.

— Puis rien ne nous empêche non plus de nous voir aussi souvent que possible dans tes congés et les miens!

Elle lui fit un sourire pour la sortir de son petit côté morose qui arrivait. Elle eut cependant une réaction de surprise par le saut d'un chat qui venait de sauter sur la table. Dalma prit le chat en riant et l'attira pour le mettre sur le banc à côté d'elle.

— Je crois bien qu'ils font tout ça à un moment ou à un autre!

Le serveur arriva alors avec leur commande. Dalma le remercia dans un japonais correct. Dalma ne put s'empêcher de sourire et de secouer la tête lorsque Purificación fit jouer de son charme auprès du serveur.

— Non, mais tu es terrible! Le pire c'est qu'on dirait que tu fais exprès, mais que tu es aussi naturellement comme ça.

Tournant son assiette, elle lui montrant le petit visage de chat dessiné sur son plat.

— C'est vraiment trop adorable!

Elle retourna pour le voir à nouveau de son côté et prit une bouchée. Son visage s'éclaira tout de suite.

— Oh! Mais c'était vraiment une bonne suggestion! C'est vraiment délicieux! Parfois, l'apparence est l'unique raison d'être de ce genre de lieux, mais ils ont bien réussi...

Dalma prit un temps avant de répondre à la question de son amie.

— J'ai rencontré un jeune homme avec son chien dans un parc, mais j'ignore son nom. Je l'ai croisé une autre fois dans un refuge, j'avais justement trouvé un chaton abandonné et j'avais été le mener dans un refuge proche et il y était. Sinon, pas tellement, mais j'avoue que j'ai passé beaucoup de temps à lire sur les significations des fleurs au Japon, un sujet fascinant!

Dalma continua un peu sur sa lancée, appréciant le temps avec son amie et parlant des fleurs, le tout en compagnie de chats. Que demander de plus?