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C'est l'histoire de deux Russes au Japon... |PV Ivan|

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Anastasia Matsuda
Anastasia Matsuda
Messages : 10
Age : 29
C'est l'histoire de deux Russes au Japon... |PV Ivan| Lun 14 Mar - 15:55

Février 2022


Anastasia avait atterri à Kumoru la veille, mais elle ne comptait pas perdre une minute de plus pour faire du tourisme ou se tourner les pouces. Non, si la Russe était revenue dans ce pays qui l’avait pourtant tant fait souffrir, c’était pour une raison bien précise : retrouver la trace de son fils qu’elle avait dû abandonner six ans plus tôt. Alors, après cette première journée à s’installer et reprendre doucement ses marques avec cette langue qu’elle n’avait plus pratiqué depuis son départ, Anastasia décida de consacrer la deuxième journée de sa nouvelle vie au glanage d’informations. Elle ne savait pas du tout si son fil avait été adopté, ni même s’il se trouvait toujours à Kumoru ou ailleurs au Japon, ou même dans le monde. Elle ne savait même pas comment il s’appelait, ni même à quoi il pouvait bien ressembler maintenant. Alors, même si elle avait une sainte horreur de devoir compter sur quelqu’un d’autre qu’elle-même, la Russe se résigna à chercher de l’aide auprès d’un détective, préférant éviter de trop se rapprocher de la police à cause de son passé sur lequel elle n’avait pas encore tiré un trait. Elle quitta donc sa chambre d’hôtel, vêtue d’un chemisier léger noir à pois gris surmonté d’une veste en cuir noir, ainsi que de chaussures à talons et d’un pantalon taille haute lui aussi léger et de couleur jean clair.

La jeune femme passa une partie de sa matinée à écumer différentes boutiques et entreprises dans les divers quartiers de la ville, à la recherche d’informations sur la personne la plus à même de l’aider dans ses recherches, n’en oubliant pour autant pas de déposer quelques CV sur son passage. Parce que même si Anastasia retrouvait son fils, elle s’était jurée de ne pas le rencontrer ni entrer dans sa vie avant d’avoir une situation stable. Et vivre dans une chambre d’un hôtel miteux sans avoir de travail ni de revenus, ce n’était clairement pas une situation stable ! La Russe se concentra sur le centre-ville, se disant qu’elle ne pourrait jamais se trouver un travail avec son CV dans le quartier riche de la ville, puis ses pas la menèrent jusqu’au quartier Fuhou, là où se trouvait son hôtel. Soupirant doucement, Anastasia sentit son estomac crier famine alors que l’heure du déjeuner approchait. Elle se décida donc à prendre une pause, récupérant un petit bentô tout prêt dans une supérette où elle déposa d’ailleurs un CV, avant de se rendre jusqu’au port.

Anastasia marcha le long du quai en laissant son regard azur glisser sur les différentes embarcations, de loisirs et professionnelles, avant de s’assoir au soleil, à même le sol, à un endroit assez peu fréquenté et d’où elle avait une vue imprenable sur l’immensité de l’océan qui s’étendait face à elle. La Russe resta un moment à contempler le paysage, avant de s’attaquer à son bento, ayant bien pris soin de poser son énorme roman dans sa langue natale sur la pile de CV qu’elle avait imprimés et déposés à côté d’elle. Son sac à main de l’autre côté, Anastasia savoura donc son repas en fixant l’horizon, ses jambes bougeant dans le vide, à une bonne distance de la surface de l’eau. Ce ne fut qu’une fois son repas terminé qu’elle soupira doucement, avant de lever les yeux au ciel.

« Ça fait vraiment bizarre de revenir ici… »

Anastasia avait parlé plus pour elle-même qu’autre chose, ne se rendant même pas compte qu’elle s’était exprimée dans sa langue maternelle. Elle referma ensuite la petite boîte à bento qu’elle fourra dans son sac, avant de regarder son roman et sa pile de CV. Bon… Encore 5 minutes, et elle reprendrait son démarchage !
Ivan Morozov
Ivan Morozov
Messages : 8
Age : 38
Re: C'est l'histoire de deux Russes au Japon... |PV Ivan| Jeu 19 Mai - 19:36

Partant de la maison familiale de bon matin, Ivan portait sur son dos un sac contenant à l'intérieur des dizaines de CV. Sa mère, toujours aux petits soins pour son fils unique, avait préalablement emballé ces derniers dans une pochette et a même penser à lui mettre de l'argent de poche ainsi qu'une ushanka qu'il avait enfoui au fond. Beaucoup y verraient un adulte croulant sous la protection maternelle sans se douter qu'il pouvait effectivement avoir des besoins spécifiques, qu'il n'était pas fichu comme les autres.

Après avoir été malmené par la vie, par la mort, il s'en sortait au moins vivant. La tête cabossée, pleine de bosses invisibles, mais bien vivant. Il en était reconnaissant qu'en partie, pour être honnête, bien que sa génitrice y voyait là une bénédiction, inculquant une cause divine à la survie de son fils. Ce n'était pas comme si c'était lui qui avait dû ramper, hurler, pleurer encore et encore en surmontant chacune de ces choses. Après tout, elle avait bien droit à une version édulcorée de la réalité, puisqu'elle en avait déjà bien assez mangé elle aussi.

Les heures défilaient, les refus polis commençaient à tirailler ses nerfs tandis que les fausses promesses de rappels le dégoûtait. Il n'y croyait pas, à ces sourires tendu par des fils transparent. Peut-être était-il trop pessimiste aujourd'hui, contrairement à la météo plus que clémente avec ce soleil radieux malgré la fraîcheur. Lui il se plaignait de ça, de ce soleil de plomb et de ces gens souriant. La chaleur cognait son crâne fraîchement tondu, l'absence de vent le forçant mainte fois à passer sa main dessus dans une tentative désespérée pour le faire refroidir. Pendant que le monde appelait ça une journée ensoleillée, il se sentait comme un condamné à l'enfer pour l'éternité sous ses vêtements adapté à un autre pays. Sans prendre garde, il s'enfonça dans un quartier bondé de monde, trop préoccupé à maintenir un semblant de bonne condition physique et mentale.

S'entremêlant de plus en plus à la populace, Ivan finit par étouffer sous la foule chantante. Peu importe où ses yeux se posaient, du monde était là. La chaleur en lui monta d'un cran. Malgré sa mission et les ordres reçu de sa mère, il finit par craquer. Sa respiration saccadée était toujours le point de départ. Une sensation d'étouffement, comme si ses poumons s'emplissaient à nouveau de l'épaisse poussière virevoltant après les bombes. Petit à petit, tout commençait à revenir à lui.

Les cris, les balles, les grenades, les morts.


Chaque seconde qui passait devenait plus insupportable que la précédente, le laissant lentement couler dans les abymes.

Il devait sortir de là. Immédiatement.

A l'aveugle, il parcourut un bout de chemin. Des gens s'opposaient à son passage, il força le chemin sans demander pardon. Un coup de coude par ici, un juron par-là. Les gens s'offusquaient de son impolitesse, le regardant comme un ivrogne incapable de s'exprimer clairement.

Perdu dans les limbes de ses rêveries, il tentait de contenir ces dernières afin que rien ne jaillisse hors de sa caboche. Tout se perdait et revenait aussitôt, comme s'il lançait la balle à un chien trop bien éduqué qui la lui ramenait quoiqu'il arrive. Parfois, au passage, il lui mordait la main, le poignet ou l'avant-bras. Les traces, bien que la morsure fut douloureuse, n'apparaissaient jamais sur sa peau, peu importe la pression effectuée par sa mâchoire puissante.

Tant que le chien reste un chien, cela restait supportable, mais dès lors que ses articulations émettent des bruissements métalliques de char, il savait qu'il perdait la bataille. Après ça, il se plongerait à nouveau dans les méandres de la guerre.

Pour s'en sortir, une fois arrivé au bord de l'eau en passant par un chemin lui étant inconnu, il se servit d'une technique apprise honteusement en thérapie dont il ne parlait jamais. Pas même sa mère n'avait su qu'il en avait eu recourt alors qu'elle lui ordonnait de prendre rendez-vous quasiment tout les jours, alors qu'ils habitaient encore en Russie. Ivan n'était pas du genre à montrer sa détresse pourtant impossible à cacher.

Il se concentra sur le vent, les sensations qu'il lui apportait. L'odeur iodée de la mer, le son des vagues se jetant timidement sur le béton du quai, le bruit des navires tanguant à peine au rythme de ces dernières. La calme revenait lentement, sa respiration se calmait enfin. Sa tête souffrait toujours du soleil mais ce n'était plus une source d'anxiété, juste un simple fait. Le chien aboyait à nouveau, la balle dans la gueule. Cette fois-ci, il la prit et la glissa dans sa poche. Le jeu était terminé.

C'est pas trop tôt... Enfin ça se calme...

Il parlait à voix haute pour lui-même, dans sa langue natale. Comme les bateaux qu'il regardait, il avait besoin de s'ancrer dans ce monde pour profiter de la stabilité. Il lâcha à droite à gauche des petits jurons en se rappelant le couvre-chef dans son sac à dos, remerciant l'astre luisant avec un petit « va te faire, le soleil » avant de remarquer une présence non loin de lui, assise à même le sol.

Il la regarda quelques secondes avant de rire de frustration, lui adressant directement quelques mots, toujours en russe :

Super, et maintenant une japonaise qui va encore me regarder de travers avec sa belle gueule et sa coiffure parfaite dans un monde parfait.

Il finit par mettre l'ushanka sur sa tête, les oreilles nouées sur le haut de son crâne. Ce n'est qu'en voulant partir d'ici qu'il s'arrêta brusquement en remarquant un élément particulier à côté de la « japonaise ». Un livre, dont le titre était en cyrillique. Ses yeux firent quelques allers-retours entre la femme et son bien, dans un silence tendu qu'il combla du mieux qu'il le pouvait pour ne pas entendre les ricanements moqueur de son système nerveux.

Donc tu parles Russe..? Ouais je... Je suis désolé j'ai pas... Enfin tu vois. J'étais énervé, je le pensais pas, hein. Enfin, si, t'es jolie, très jolie même, mais... Je voulais pas. Désolé. Du coup je... C'est quoi le titre de ton livre ?

Une fois finit, les joues rougie par la brise marine et uniquement elle, il la regarda, hébété. C'était vraiment pas son jour, ainsi ne pouvait-il pas passer à côté de l'occasion de parler un peu avec quelqu'un pour améliorer sa situation. Même si ça tenait plus de l'humiliation en tête-à-tête qu'autre chose.
C'est l'histoire de deux Russes au Japon... |PV Ivan|
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