If you're being honest, if you really want this ... [Ft Alex]

Do you think I'm stupid ?

Do you think I'm bat shit crazy

Having you on my mind....

Ca faisait un petit moment maintenant que je n’avais pas vu Alex. Suite à notre rencontre, on s’était vus plusieurs fois, puis il était parti en mission. On avait continué à communiquer par mail et sms, mais il était clair qu’il ne pouvait pas mettre en péril sa mission en me voyant. Je devais admettre avoir un peu fait la tête sur le moment, mais je m’étais raisonnée en me rappelant l’époque où j’avais moi-même était une infiltrée : les repas en famille et soirées entre potes en avaient clairement pâtis… Mais il fallait savoir prioriser, même si ce n’était pas toujours agréable. Alors lorsqu’il avait fait appel à mes talents d’informaticienne après plusieurs mois, je devais admettre que cela m’avait fait plaisir… Même si je ne le lui avouerais certainement pas, question de fierté. J’avais par ailleurs vraiment pris mon pied à me remettre au hacking : le rush d’adrénaline m’avait manqué plus que je ne le pensais et m’y remettre n’avait fait que nourrir mon envie de me relancer dans une aventure un peu… dangereuse. C’était insensé et incompréhensible pour beaucoup de gens, mais c’était plus fort que moi.

Et voilà qu’Alex me proposait soudainement de nous retrouver dans un…. Restaurant ? Ca, c’était inattendu ! Après m’avoir expliqué qu’on ne pouvait surtout pas se voir pendant son infiltration, il aurait changé d’avis ? Ca me paraissait… curieux. Intriguant, surtout. Depuis son invitation, je vivais dans l’expectative, dans la hâte d’en savoir plus.

J’avais fait l’effort de m’habiller correctement pour cette sortie. En soi, j’étais certaine qu’il ne s’offusquerait pas de me voir en tenue décontractée… Je savais que je pouvais être moi-même avec Alex, j’étais aussi à l’aise avec lui qu’avec Tariq, à ceci près que je n’avais pas envie de sauter sur Tariq… Le fait qu’on ait déjà tenté une relation lui et moi jouait pour sûr un rôle dans ma non-attirance totale vis-à-vis de mon meilleur ami.
Mais bon… Il fallait marquer un peu le coup. J’avais donc opté pour une robe à bustier en jean gris foncé : pas trop classe, ce n’était pas moi, mais un peu sexy quand même, et surtout, adapté à ma morphologie.

Je jetai un coup d’œil à mon téléphone pour voir que ce cher Tariq venait de m’envoyer un sms. Je l’ouvris et levai les yeux au ciel. « Go get him girl ! ». Je lui répondis un simple : « T’es con… », mais sa connerie me tira tout de même un sourire. Sa réponse ne tarda pas : Smiley Aubergine Smiley Aubergine Smiley Aubergine. Je pouffai un peu en me rappelant dans quelles circonstances le smiley aubergine était devenu un running gag entre nous. C’était il y a presqu’un an, quand Alex m’avait envoyé son premier sms quelques jours après notre rencontre –et alors que j’étais déjà passée en mode drama queen parce qu’il ne s’était même pas manifesté. Son message m’avait fait muter en adolescente boutonneuse, et j’avais cassé les oreilles pendant plusieurs jours à ce pauvre Tariq, à coup de « mais si je lui réponds tout de suite, ça fait meuf trop intéressée non ? », « 3 jours c’est bien comme attente ? », « Si je lui envoie ça, ça fait pas trop psycho ? ». Tellement qu’il avait fini après 3 jours par m’arracher le téléphone des mains et envoyer lui-même un message à Alex. Sauf que le message était : « Smiley sourire en coin, smiley aubergine, smiley donut ». Tariq s’était pris une pluie de coups d’oreiller dans la figure, et quand j’avais enfin réussi à mettre la main sur mon téléphone, je n’eus d’autre choix que de renvoyer un message à Alex : « Désolée pour ça… je babysitte un enfant prépubère en rut. Qu’est-ce que tu dirais si je me faisais pardonner en t’offrant un verre ;) ? ». Sans préciser que l’enfant prépubère en rut avait en fait physiologiquement mon age, mais pas dans sa tête. Et depuis, le smiley aubergine était devenu la blague préférée de Tariq.

Je reposai mon téléphone, m’affairant à finir de me préparer. Pas trop d’effort sur les cheveux, je comptais les laisser lâches ce soir, par contre un léger maquillage pour planquer l’air fatigué lié au travail. Ce n’était pas tant que j’en avais trop, c’était plus qu’il m’ennuyait à mourrir depuis quelques temps… Depuis que j’avais envie de plus, en fait. Hop, 2 coups de mascara par-ci, un peu d’eyeliner par là, et on ne voyait presque plus la lassitude sur mon visage. Le rouge à lèvres, ou le gloss, pas la peine, il ne tiendrait même pas toute la soirée…

Quelques minutes plus tard à peine, je me dirigeais vers le restaurant coréen où Alex m’avait donné rendez-vous. Je ne le connaissais pas, c’était l’occasion de découvrir quelque chose de nouveau, même si pour être honnête, ce n’était pas tellement. Lorsqu’on se balade avec une fausse identité, on évite généralement de la crier sur les toîts, ça ou sa vraie identité. Le serveur m’informa que j’étais la première arrivée et m’amena jusqu’à une table un peu en retrait. Je m’y installais, et me mis à pianoter sur mon téléphone en attendant l’arrivée de mon “date”, sale habitude de geek connectée jusqu’aux ongles sans doute.

J’eus à peine le temps de dire à Tariq d’arrêter de m’envoyer des sms débiles que j’entendis des pas derrière moi, puis une présence familière. Sans me retourner immédiatement, je sentis un sourire poindre sur mes lèvres.

« Tiens, l’homme de la situation. Je ne pensais pas te revoir si vite… »

J’insistai un peu sur le “si vite”, manifestant plus ou moins discrètement ma surprise qu’il ait proposé de me voir alors qu’il était en pleine mission… Mais sans en dire trop, trop ouvertement, au cas où les oreilles du serveur ou de quelqu’un d’autre traînaient un peu trop.

« Encore moins au restaurant... Que me vaut cet honneur ? »

Ajoutai-je, songeant qu’on aurait pu se retrouver chez moi, par exemple, tout en me retournant doucement vers le nouvel arrivant, un sourire taquin dansant sur mes lèvres.

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Dès que je sentis que je n’étais plus seule, j’abandonnai Tariq et ses sms remplis de smileys plus ridicules les uns que les autres -il avait adoré la petite plaisanterie du collègue d’Alex, Ethan, et ne manquait jamais de revenir dessus en me spammant de lapins et d’immeubles. J’espérais pour le bien de tous mais surtout le mien et celui d’Alex que ces deux énergumènes ne se rencontreraient jamais.

Je me tournai vers celui que j’étais persuadée d’avoir identifié comme étant Alex et effectivement, il était là, devant moi, superbe dans sa tenue élégante sans l’être trop, avec son sourire à tomber. Je lui répondis moi-même par un sourire chaleureux, ouvrant la bouche prête à l’accueillir par une autre de mes taquineries, mais il me devança, et en beauté. Ses doigts s’étaient saisis de mon menton, ses lèvres des miennes, un court instant ne me laissant même pas le temps de réagir. Alors que sa bouche rendit sa liberté à la mienne, il resta suffisamment proche pour me fixer intensément, savourant mon air surpris sans  nul doute. Air surpris qui se fit rapidement remplacé par un air quasi offusqué : c’était quoi cette entrée en matière ? Il en avait trop fait ou pas assez. Juste de quoi réveiller une frustration latente que je ne connaissais que trop bien avec lui. Damn. Ca devrait être formellement interdit un baiser aussi chaste.

Cela dit, frustration ou pas, j’avais bien compris qu’il attendait de moi que je joue un rôle ce soir, visiblement, et je ne comptais pas le laisser tomber. Je connaissais les enjeux, ou en tout cas je les devinais, et s’il y avait bien une qualité que je possédais au milieu de mes multiples défauts, c’était la loyauté. Enfin, une certaine forme de loyauté. Effaçant donc la surprise de mon visage, je lui offris mon plus beau sourire chaleureux, ne le lâchant pas une seconde du regard.

« Ah ça pour me surprendre ... »

murmurai-je, me mordillant un peu la lèvre pour appuyer mes dires. C’était en effet une sacrée surprise. Il attaquait fort, en général on ne jouait pas la carte de l’inattendu au bout de 20 secondes tous les deux… on attendait un peu. Mais je devais admettre que ça avait un petit côté… excitant. Alex était définitivement doué à ce jeu là. Et moi un peu trop accro pour mon propre bien.

Essayant de me sortir mes idées peu catholiques de la tête -et Dieu savait qu’elles étaient nombreuses après cette arrivée haute en couleur- j’essayais de me concentrer sur ce fameux rôle. J’avais un million de questions à ce sujet, je réfléchissais à comment les lui poser de la manière la plus subtile possible et sans cramer notre couverture.

« C’est pour notre anniversaire ? »

J’allais à la pêche aux indices : OK, visiblement nous étions en couple. Ou alors j’étais une aventure passagère mais… pas grave, la question pouvait faire office d’humour. Si nous étions effectivement un couple… J’essayais de savoir si cela était censé être une relation longue durée, quel type de relation…  Les questions étaient multiples, mais pas faciles à demander sans éveiller les soupçons. J’avais besoin d’informations pour rentrer dans le rôle.

Je le regardai prendre place en face de moi et remerciai à mon tour le serveur qui venait de nous apporter les menus. J’adressai ensuite un sourire charmeur à Alex en réponse à son compliment.

« Tu es plutôt pas mal toi aussi... »

C’était bien évidemment un euphémisme, et il suffisait de lire mes yeux pour comprendre que je le trouvais bien au delà de « pas mal ». La chemise lui allait vraiment bien, et ça changeait pour sûr de nos tenues plutôt casual qu’on portait habituellement lorsqu’on se voyait… Même si honnêtement aucune tenue n’altèrait vraiment son charme naturel. J’essayais de détacher mon regard de lui pour le reporter sur la carte, mais ce n’était pas chose évidente. Pour le moment la progression de mes choix s’arrêtait plus ou moins à « je veux du vin ».

Sa voix me tira de mes pensées et je relevai le nez du menu, levant un sourcil curieux. S’il essayait de me mettre l’eau à la bouche avec ses mystères, c’était plutôt une réussite pour le moment. Visiblement l’information que je lui avais livrée le jour de notre rencontre, sur mon amour des surprises, n’était pas tombée dans l’oreille d’un sourd.

« J’ai hâte de voir ce programme… même si niveau surprise tu auras du mal à surpasser la première ... »

Le taquinai-je, reposant la carte sur le côté de mon assiette. J’avais perdu l’habitude de choisir mes plats au restaurant car avec Tariq on avait ce jeu parfaitement stupide consistant à toujours sélectionner le plat que l’autre mangerait. De préférence celui qui avait l’air le plus atroce. J’allais donc improviser pour la commande. Je préférais de loin profiter de ce moment d’inattention d’Alex pour l’observer plus ou moins discrètement. Cela faisait un moment qu’on ne s’était pas vus, et même si nous avions gardés un contact régulier par sms interposés, je réalisai qu’il m’avait manqué. C’était une sensation un peu déroutante car depuis mon arrivée au Japon, à part Tariq qui était presque comme un frère jumeau pour moi, je ne m’étais attachée à personne. Ce sentiment aurait presque pu tomber dans l’oubli après tout ce temps, mais non, il était bel et bien présent ce soir, et un peu perturbant.

Alors que je continuai de l’observer, je crus voir le regard d’Alex dériver l’espace de quelques secondes sur une autre table. Trop peu de temps pour que ce soit réellement suspect, mais suffisamment pour que je le remarque. S’il y avait bien une chose que je savais à propos d’Alex, c’était qu’il lâchait rarement des yeux son interlocuteur, comme s’il ne voulait pas perdre une miette de ses réactions. Enfin… en tout cas, c’était ce qu’il faisait avec moi, je ne pouvais pas m’avancer pour les autres. Je me gardai bien évidemment de me retourner ou de faire tout commentaire, agissant comme si de rien n’était et rebondissant sur sa question.

« Journée ennuyante, tu sais comment c’est à mon boulot… Mais j’ai bossé là dessus, c’était la seule partie intéressante je pense »

Je lui tendis mon téléphone, comme si je voulais partager avec lui une application ou une photo. A ceci près qu’il était ouvert sur l’application « notes », sur une note que je venais de créer à la volée -heureusement que je pianotais sur un téléphone à la vitesse de l’éclair- et où il pouvait lire :

Mon identité ? Mon boulot ?
Nous ? Durée ? Statut ? Serieux ?
Autre info ?

J’espérais qu’il tilterait rapidement … l’idée était de savoir aussi rapidement que possible si j’étais censée être Axel Lavalle, informaticienne au caractère bien trempé, ou si j’étais censée être quelqu’un en particulier… ou si j’avais carte blanche pour jouer le rôle de ma vie. N’ayant eu aucune info préalable, je n’avais pas la moindre idée de ce qu’il se passait dans la tête de ce taré d’Alex et de son plan, mais savoir ce que j’étais censée faire aller grandement m’aider… Car pour le moment, j’étais réduite à des réponses énigmatiques et vagues ne risquant pas de le mettre trop dans la panade.

« J’ai le droit à un indice pour la suite du programme ? »

Enchainai-je dans un sourire enjôleur accompagné d’une œillade espiègle. Et s’il pensait s’en sortir si facilement avec ses surprises au goût d’inachevé, il se fourrait le doigt dans l’œil le coco ! Nul ne m’embrasse à moitié me laissant avide de plus sans répercussion, et je réfléchissais déjà à une revanche à sa hauteur. Une idée germait déjà dans ma tête, mais je ne voulais pas la précipiter trop. J’allais prendre mon temps.

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J’esquissai un sourire alors qu’il venait de s’emparer de ma main. Depuis que nos lèvres s’étaient frôlées, je brûlais d’envie de renouveler un contact. Ce simple toucher suffit d’ailleurs à m’électriser un instant… Jusqu’à ce que mes yeux tombent sur sa blessure. Je fronçai les sourcils, incapable de détourner mes yeux de la marque. Une TRES vilaine marque. Je me mordillai la lèvre, retenant la question qui me brûlait les lèvres : j’ignorais si cela pouvait déservir ou non sa couverture, dans le doute, j’allais m’abstenir de le mettre dans le pétrin.

Je détournai donc les yeux, chassant l’inquiétude qui s’était réveillée en moi sans prévenir, reportant mon attention sur Alex et ses promesses. Mon regard était intense alors que je le fixais, essayant de percer son âme et les secrets qu’elle détenait. Alex me connaissait un peu trop bien : il savait comment m’intriguer, comment m’en donner juste assez pour piquer ma curiosité et me laisser  en demande.

« Fais gaffe avec ce genre de promesse… Maintenant mes attentes vont être TRES hautes »

Lui répondis-je dans un sourire, tout en le sachant parfaitement capable de combler les dites attentes… C’était juste pour le plaisir de lui mettre un peu la pression. C’était de bonne guerre, puisque Monsieur avait décidé de jouer la carte du mystère ce soir. Mystère que je tentais de percer par le biais subtile de mon téléphone, le tout en maintenant une discussion de façade.
Je ne pus retenir un roulement de yeux lorsqu’il évoqua mon fameux collègue. Plus maladroit que lui, on ne pouvait pas faire, et c’était moi, la reine de la maladresse, qui le disait.

« M’en parle pas. Quand je pense qu’il a littéralement ruiné notre première rencontre… »

Il me rendit mon téléphone, et je m’empressai de le consulter, curieuse de voir quel était son plan. Et je ne fus pas si surprise de sa réponse. J’en fus même… plutôt contente. Je sentais ce fameux rush d’adrénaline poindre en moi. Bon sang, on pouvait vraiment dire qu’Alex savait appuyer sur les bons boutons avec moi. C’était assez hallucinant, ce mec devait être SUPER psychologue, même Tariq ne me cernait pas à ce point.
Après avoir lu sa réponse, je relevai la tête vers lui, un sourire en coin et un sourcil levé criant mon « challenge accepted » sans que je n’ai mot à dire. Nous n’avions pas toujours besoin de parler, lui et moi, notre communication verbale était… extrêmement bien rôdée.

Maintenant il me restait à définir mon personnage. La petite amie ultra jalouse ? La dépendante affective ? La possessive contrôlante ? La nymphomane ? La castratrice ? Tant de possibilités pour passer un bon moment… Et pourquoi pas un cocktail explosif mêlant tout ce beau monde ?

« Dire qu’on a failli passer à côté de notre belle histoire d’amour à cause de lui… J’en connais un qui ne sera PAS invité au mariage »

Soit dit en passant, et comédie mise à part, si je me mariais un jour, JAMAIS DE LA VIE, je ne l’inviterais en effet. Ce type me courait sur les nerfs à un point….
Refermant le menu pour le poser sur le côté de la table -et envoyer un message clair au serveur sur le fait qu’on était prêt à commander.

« Je ne suis jamais inspirée pour commander au resto, et je n’y connais rien en cuisine coréenne alors… je vais me contenter de te copier. Je sais que tu as des goûts exquis alors… »

Je levai un sourcil plein de sous-entendus alors que je prononçais le mot ‘exquis” du bout des lèvres. C’était plus fort que moi : dès qu’il était dans les parages, les sous-entendus s’imposaient presqu’à moi. Et si on pouvait beaucoup jouer sur les mots par SMS, ce n’était jamais aussi savoureux qu’en étant face à la personne et en voyant sa réaction directement sur son visage.

« Oh, carrément une bouteille ? Je rêve ou…. Tu essayes de me rendre ivre ? »

Je pris un air faussement offusqué qui ne convaincrait personne… En même temps, ce n’était pas le but.

« Serait-ce une manière de détourner mon attention du fameux indice que j’ai demandé ? C’est petit ça mon chéri… »

Alex n’avait pas encore eu le plaisir de me voir véritablement ivre. Un peu pompette, lors d’une soirée avant qu’il ne parte en infiltration, mais j’avais su encore me tenir. Après… ce n’était pas UNE bouteille qui allait achever ma sobriété. Sauf s’il décidait de commander un magnum de vodka, évidemment.

« Si tu décides d’abandonner le fairplay… »

Je ne le lâchai pas une seule seconde du regard alors que je profitais de la longue nappe pour déchausser un de mes pieds, me débarrassant ainsi de la bottine. Mon pied maintenant nu vint se glisser, toujours à la faveur secrète de la nappe, jusqu’à toucher la cheville d’Alex, jouant avec la bordure de son pantalon comme s’il voulait s’y engouffrer.

« Je vais devoir me battre à armes égales… »

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Mon regard eut du mal à se décrocher de sa main blessée : c’était plus fort que moi, j’avais des tonnes de question qui dansaient dans ma tête et menaçaient de jaillir de mes lèvres. Heureusement, j’avais suffisamment conscience des enjeux pour ne pas ruiner sa couverture par simple curiosité ou inquiétude. Ravalant mes interrogations, je me concentrai sur ses dires alors qu’il me faisait une promesse… des plus intéressantes.

« Compte sur moi pour te donner du fil à retordre alors »

Répondis-je, un sourire en coin, un air de défi s’allumant dans mes yeux clairs. Le challenge, toujours le challenge. Alex et moi, on partageait une passion pour celà. Et pour le jeu… Je devais admettre qu’il était un oiseau plutôt rare, il n’était pas courant que je rencontre quelqu’un qui soit aussi joueur que moi, et
plus j’apprenais à le connaître, plus il dévoilait son côté mutin que j’adorais.

D’ailleurs, les sourires espiègles ne quittaient plus nos lèvres.Il se passait toujours une chose assez magique quand Alex était devant moi : plus il souriait, plus je souriais, plus il souriait… un vrai cercle vertueux. Ou vicieux, pour les zygomatiques qui me faisaient généralement un mal de chien après avoir passé du temps avec lui. Mais c’était plus fort que moi. Ce mec me faisait un effet assez dingue. Et même à distance : il suffisait que je reçoive un sms de lui pour que les commissures commencent à se relever. C’était un sentiment assez nouveau, et du coup nécessairement déroutant. Même Tariq ne me faisait pas ca. Il me faisait rire, beaucoup, mais je n’avais pas ce besoin compulsif de sourire dès que mes yeux se posaient sur lui. Avec Alex, oui. J’allais finir par m’en flanquer une crampe si ça continuait. Et le pire, c’était que plus j’y pensais, plus j’avais envie d’étirer mes lèvres, encore un peu plus.

Je ne pus retenir un haussement de sourcil sensuel à son commentaire, alors que mes doigts légers se faisaient griffes, venant érafler délicatement la peau non abîmée de sa main.

« Oh, monsieur collectionne les premières fois ? »

Je laissai sa main s’échapper à contre-coeur, refermant la mienne sur elle-même sans la bouger de son emplacement, mon regard toujours dardé sur lui.

« Et oui, rassure toi, j’adore tout ce qui est… pimenté. »

Je lui laissai le soin de décider si j’étais encore dans le domaine culinaire ou si je m’étais laissée dériver un peu plus loin, même si la suite des évènements dut lui offrir quelques indices bien placés. La boisson promise fut apportée en un temps record, et j’offris un sourire de gratitude au serveur, même si je ne rêvais en vérité que qu’une chose : qu’il déguerpisse. J’attrapai le verre qu’on venait de me servir, et je le portai à mon nez pour en humer la flaveur. Ah, c’était plus corsé que du vin ! A croire qu’Alex essayait VRAIMENT de me saouler…

« Eh bien… A nous. Et à tes plans pour me réchauffer et me faire perdre la tête »

Enchaînai-je, levant mon verre dans sa direction pour qu’il trinque avec moi. Après l’entrechoquement de nos coupes, je portai la mienne à mes lèvres, curieuse de tester cette fameuse boisson. Je laissai le liquide s’emparer de mes papilles, réveillant un peu ma bouche et picotant gentiment ma langue. Ca me faisait un peu penser au sake, mais en mieux.

« J’aime cette première découverte…. J’espère que tu as d’autres saveurs à me faire découvrir »

Et je profitai de cette petite diversion pour passer à l’attaque… J’étais compétitrice dans l’âme, il était donc hors de question de le laisser impuni pour son arrivée en fanfare. Moi, rancunnière ? Oh tellement… Il n’avait d’ailleurs encore rien vu. Un petit éclat d’amusement brilla dans mes yeux en le voyant sursauter. Visiblement, il avait baissé un peu sa garde. Je reconnus immédiatement la flamme qui venait de s’allumer dans ses yeux, une forme de voracité qui ne m’était que trop familière, mais qui me rassurait au fond : il était dans le même état de bouillonnement intérieur que moi. A nous voir ainsi l’un l’autre, je me demandais un peu combien de temps nous allions tenir. Je ne parierais pas très cher sur notre contenance… Même si j’avais bien remarqué le petit jeu de “Finn”. Clairement, nous n’étions pas là pour le show, pour la démonstration. Ca, c’était plus pour notre propre plaisir. Non non, il était là pour observer, et écouter, j’en étais certaine. Et même si je savais que sa mission était des plus importantes, c’était plus fort que moi : je crevais d’envie de l’en détourner, de l’attirer dans mes filets. Parfois, la raison s’éclipsait, laissant place à de plus bas instincts. En même temps, c’était sa faute, entièrement sa faute.

« De là où je suis, je ne vois pas vraiment de perdant, juste des vainqueurs… »

Déclarai-je, un air faussement innocent alors que mes lèvres dansaient sur le bord du verre, dissimulant tant bien que mal mon sourire.
Et juste quand je m’apprétais à me raisonner et essayer de cesser le feu des taquineries, je sentis son pied venir kidnapper le mien, me tirant un tréssaillement également. Ah, chacun son tour, visiblement.

Ce simple toucher, furtif, léger, à la limite de l’inexistant, suffit à me déclencher un frisson. J’étais certaine qu’Alex ne l’avait pas loupé, il avait du sentir la chaire de poule sur ma peau alors que ses doigts l’effleuraient. Damn, damn, damn… Cet homme avait beaucoup trop d’influence sur mon corps.
C’était une démonstration assez spectaculaire de l’arroseuse arrosée, mais je ne pouvais pas dire que je regrettais d’avoir initié cela… au contraire. Depuis qu’il était venu m’offrir son smack de collégien, l’envie de dévorer ses lèvres m’avait prise toute entière, et cette table, ce cadre, tout me semblait un obstacle entre lui et moi.

Notre petit échange invisible aux yeux de tous prit fin avec l’arrivée du serveur et des plats. Ce ne fut qu’à ce moment que je remarquai que j’avais retenu mon souffle, expirant un peu plus bruyamment alors que l’air s’échappait enfin de ma poitrine. Je perçus un léger regard en coin du serveur qui sembla relever la tension ambiante même s’il ne fit, évidemment, aucun commentaire. Il repartit après nous avoir souhaité un bon appétit et je pus à nouveau poser mes yeux sur Alex qui avait un air démesurément réjoui collé sur le visage : j’en connaissais un qui avait hâte de dévorer son plat.

« Bon appétit, bébé »

Répondis-je à mon tour, variant les surnoms affectueux, secouant la tête d’un air amusé, sourire contemplatif sur les lèvres alors que je l’observais dévorer son plat des yeux.

« Dis donc, je serais presque jalouse de ce plat à voir comment tu le regardes »

Ajoutai-je, un air facétieux soulignant mon regard rieur. J’en oubliais presque de goûter le repas moi-même, trop occupée à me délecter de l’air gourmand d’Alex. On aurait dit un gamin devant un sapin de Noël, c’était adorable.

« Et sache que je garde TOUJOURS une place pour le dessert. Cloturer la soirée sur une gourmandise, c’est un essentiel »

Et sur cette sage parole -quoique plus sauvage que sage puisque venant de mes lèvres lascives- je me lançai moi-même à l’attaque de ce plat qui avait l’air si apétissant et qui, effectivement, tenait ses promesses.

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J’esquissai un petit sourire face à son commentaire.

« Collectionneur hein ? J’espère bien te faire passer l’envie de la collection alors... »

Alex n’avait pas trop du s’en rendre compte pour le moment car j’évitais de trop l’étaler, mais j’étais HORRIBLEMENT jalouse et possessive. Deux bons gros défauts qu’on dissimule généralement aux hommes, au risque de les faire fuir, mais j’avais peu d’espoir de réussir à lui dissimuler ces traits de caractère sur le long terme.

Je décidai de ne pas me focaliser là-dessus et de concentrer toute mon attention sur une activité plus ludique : mettre des bâtons dans les roues d’Alex. Pas au point de mettre en danger sa mission, juste… de quoi tester ses limites, sa persévérance et… notre attraction. Indéniable, au demeurant.

A peine nos peaux s’étaient-elles séparées que je ressentais déjà le manque… c’était surréaliste. Je fis un effort presque surhumain pour cacher mon ressenti, plongeant toute ma concentration sur le fameux plat, qui était par ailleurs vraiment succulent. Je dus ravaler mon rire au commentaire d’Alex : j’étais TELLEMENT déplorable en cuisine, et il le savait très bien. Quand je l’invitais chez moi, je commandais systématiquement à manger pour éviter de l’empoisonner ou de le faire fuir définitivement.

« Aussi affamé ? Je note que je passe en second après les bons petits plats »

Répondis-je, un air faussement offusqué. Je n’essayais même pas d’être une bonne comédienne là, je voulais juste gentiment le faire bisquer. Portant le verre à la bouche, jouant de mes lèvres sur le rebord transparent, je lui offris un regard lubrique à souhait.

« Mais le rôle de dessert me plait beaucoup je dois dire... »

Bon, là on pouvait dire que les efforts de subtilité avaient été abandonnés. Ce n’était plus des sous-entendus qu’on se lançait, mais des sur-entendus, comme si on se baladait avec un panneau clignotant : toi, moi, un coin tranquille, MAINTENANT !
Pour notre excuse : ça faisait plus d’un an que notre petit jeu se déroulait, et je défiais quique ce soit de résister à un an de tension sexuelle ! Honnêtement, on méritait une médaille. Ou de l’action. Le seul petit souci avec un passage à l’action, c’était … l’après. Est-ce que ça tuerait le jeu ? Est-ce que ça mettrait fin à… tout ça ? Il s’agissait de questions auxquelles je ne voulais pas de réponse : au fond, ça me faisait flipper de perdre cette petite étincelle entre nous deux. Je m’y étais attachée, je pouvais sans mal avancer qu’elle me manquerait si elle venait à se consumer.

« J’avoue que j’aime assez cette perspective de m’abandonner totalement à tes décisions… alors oui, soyons fous. Je m’en remets à toi »

Je tendis ma main vers lui, dans un geste presque symbolique, pile au moment où il avançait la sienne vers moi. Je n’étais pas là seule à être assoiffée de ces petits moments de contact, visiblement. Nos doigts s’entrelacèrent naturellement, comme s’ils avaient fait ça toute leur vie. Je retins un soupir d’aise, me mordillant la lèvre pour me contenir, continuant de l’observer inlassablement.

Et d’un coup… Alex se mit en mouvement, se levant de sa chaise sans aucun signe précurseur. Je sursautai un peu, lui jetant un regard interrogateur alors que j’essayais de comprendre son stratagème. Et si je commençai par froncer les sourcils d’incompréhension, je finis par tilter ce qu’il essayait de faire. C’était diablement malin, même si je ne savais absolument pas pourquoi il cherchait à photographier ce type qui l’avait obsédé toute la soirée.

Je le laissai donc faire sa comédie, souriant bêtement au téléphone qui photographiait de toute évidence la table d’à côté. Je n’intervins pas au début, le laissant mener à bien sa mission, et lorsque j’eus estimé qu’il avait largement de quoi faire, j’appuyai sur la petite icône inversant la caméra, mettant réellement son téléphone en mode selfie. Et hop, j’appuyais sur le bouton central pour immortaliser notre soirée de faux couple, lui offrant mon sourire en coin le plus provocateur accompagné d’un haussement de sourcil amusé gravés dans… la technologie.

« Je me disais justement qu’il était grand temps de mettre ton fond d’écran à jour bébé »

Lui donnai-je pour toute explication. C’était de bonne guerre et puis… Au pire il devrait tenir quelques heures avec le fond d'écran imposé et ensuite il pourrait remettre l’actuel… quel qu’il soit.  Alex semblait lui aussi se prendre au jeu des niaiseries de couple, et j’eus un petit rire en le sentant me coller un bécot enfantin sur la joue.

« Hey tu sais quand même qu’on n’a plus douze a... »

Et là, sans me laisser le temps de finir, wow ! Juste wow. Ça, ça n’avait rien d’un baiser de 12 ans, on en était même bien loin. Si j’avais un jour un gosse, et que je le chopais en train d’embrasser quelqu’un comme ça…. je l’envoyais fissa dans un pensionnat pour nonnes. Le temps de réaliser vraiment ce qui m’arrivait… Sans hésitation, ma main vint se plaquer sur sa nuque, lui ôtant toute idée de vouloir se reculer, tandis que l’autre, plus douce, venait caresser sa joue. En quelques secondes à peine, le baiser s’intensifia, et il faisait soudainement chaud… très, très, très chaud. D’ailleurs, heureusement que ses lèvres étreignaient et entravaient les miennes, sinon je pouvais jurer qu’un gémissement s’en serait échappé. En l’occurrence, et heureusement pour nos voisins de table, il fut étouffé avant de pouvoir attirer trop d’attention sur nous. De toute façon, mon cerveau était à mille lieux de se soucier de notre entourage, j’avais tous mes autres sens en plein émoi. Je pouvais ENFIN dévorer ses lèvres. Enfin lui voler jusqu’à son dernier souffle et l’emprisonner dans mon étreinte.

Ce fut finalement ce fameux souffle qui nous poussa à nous écarter, me laissant pour ma part un peu essoufflée. Je dus me faire violence pour le regarder dans les yeux, mon regard dérivant malgré moi sur sa bouche. J’étais faible, tellement faible. Et j’avais terriblement chaud. Je me retins de me ventiler et de tomber dans un superbe cliché, me contentant de couler sur ma chaise pour retrouver contenance.

« Hum… je sais pas toi, mais moi j’ai plus du tout envie d’un dessert du restaurant soudainement... »

Murmurai-je, m’efforçant de garder mes yeux plantés dans les siens et pas fixés ailleurs. Si avant j’avais du mal à me tenir, là c’était mort de chez mort. Il ne pouvait pas m’embrasser comme ça et espérait retrouver un semblant de bon comportement, si ?

« Ca te dirait qu’on  s’échappe ? »

C’était presqu’un défi… En espérant qu’Alex serait assez joueur pour le relever sur le champ.

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And you're making the typical me

Break my typical rules

Je laissai un petit rire s’échapper alors qu’il me présentait son scénario catastrophe en cas de sous-nutrition.

« Oh, crois moi, la tristesse sera de loin pas l’émotion la plus forte si tu t’évanouis alors qu’on s’embrasse... »

Non plutôt… un savant mélange de vexation -non parce que personne ne m’avait encore fait ce coup-là, et franchement, je crois que je le prendrais très personnellement- et de frustration très très TRES intense. Sans commune mesure avec celle que je ressentais déjà maintenant. C’était comme arracher de la bouche d’un affamé une pomme juteuse alors qu’il vient de planter ses dents dedans : cruel. Et cruel, Alex l’était déjà bien trop à mon égard… A croire qu’on leur apprenait la torture à l’école de police ! Maintenant que j’y réfléchissais… C’était peut être le cas. Jérôme aussi plutôt doué là-dedans… Je secouai la tête, le chassant de ma tête. Mêler dans sa tête l’homme qui nous attire à la figure paternelle… Yurk. Pas un bon mélange du tout.

Heureusement, Alex sut rapidement comment reporter mon attention sur lui avec ses selfies. Je me pris rapidement au jeu, le poussant même un peu plus loin

« Moh bébé, tu sais bien que je n’ai d’yeux que pour toi, tes collègues peuvent baver autant qu’ils veulent ça ne changera pas »

Répondis-je du tac au tac, rentrant dans son jeu alors qu’il jouait les grands jaloux. Je ne savais pas s’il mentait totalement sur sa nature ou s’il grossissait juste le trait, mais c’était toujours assez drôle à observer, car je me reconnaissais malheureusement un peu trop bien dans ce genre de phrase. J’avais sans doute rendu service à l’univers en me tenant éloignée des relations sérieuses pendant si longtemps : j’aurais probablement fait partie de ces nanas insupportablement possessives.

Jouer à être de l’autre côté de la jalousie était en revanche très divertissant… Mais pas autant que ce que me réservait Alex après sa courte séance photo. La chanson “We change the weather, I feel the heat in December when you’re around me” se mit à retentir dans ma tête alors que la température grimpa de quelques degrés dans le restaurant au moment nos lèvres s’entrechoquèrent dans un balai sensuel qui aurait pu très très vite dérapé si on n’était pas en plein milieu d’un lieu public… Et d’ailleurs même dans ces circonstances, je sentis mon self control m’échapper quelques secondes alors que ma langue et mes dents cherchaient presque désespérement les siennes, mes ongles se crispant sur sa nuque en sentant sa main sur ma hanche.

Le baiser finit par prendre fin, me laissant toute échevelée là où les doigts d’Alex étaient passés, les pommettes un peu rose, les lèvres un peu humide. Je ne pus d’ailleurs me retenir de me mordiller la lèvre inférieur alors que je me rappelai, doucement, où nous étions.
Je ne donnais vraiment pas cher de notre résistance ce soir étant donné les regards qu’on s’échangeait. Si j’avais été un plat, il m’aurait déjà dévoré de son simple regard à l’instant même… et l’inverse était également vrai.

Je me décidai à rompre le silence, mais uniquement pour lui proposer de mettre fin à nos interminables souffrances, et je fus soulagée mais pas démesurément surprise de le voir valider ma proposition. Je profitai de sa courte absence pour passer distraitement ma main dans mes cheveux, essayant de dompter les mèches qui s’étaient affolées après le passage d’Alex… Je ne pouvais pas leur en vouloir, honnêtement. L’idée de ressentir une forme d’empathie pour mes mèches de cheveux me tira un petit sourire : J’étais pas toute nette parfois… Alex revint rapidement, et je pris la main qu’il m’offrit, m’invitant à sortir. C’était hallucinant comme ce simple contact arrivait à m’apporter un bien être que je n’avais jamais expérimenté après, comme si ma main se sentait nue lorsque nos doigts se séparaient. Le temps de me laisser entraîner à l’extérieur, mes jambes en mode automatique, ma conversation avec Aki me revint comme un flash. Je m’empressai de la chasser d’un léger froncement de sourcil. Mauvais timing le cerveau, mais tu ne viendras pas gâcher ce moment, oh que non ! Encore moins maintenant.

On se retrouva ainsi plantés sur le trottoir, enveloppés par l’air plus frais, mais loin d’être froid, de la soirée. Mais avec Alex aussi près de moi, je n’avais que peu d’espoir de réussir à faire baisser ma température corporelle. Le fantôme de ses lèvres continuaient de glisser sur les miennes, l’impression durant malgré les minutes qui s’étaient écoulées.

Et là, sorti de nulle part, Alex m’offrit… une bague ? Avant de me balancer, comme ça, que du coup on était fiancés. Sur le coup, je crois bien avoir été restée quelques longues secondes avec des yeux ronds comme des soucoupes et la bouche bêtement entrouverte. Je devais avoir l’air d’une belle imbécile, mais cet idiot avait réussi à me laisser bouche bée. Un long silence s’en suivit avant que finalement je ne retrouve mes esprits… dans un éclat de rire franc et bruyant.
J’appuyai le dos de ma main contre ma bouche pour calmer mon hilarité, secouant un peu la tête.

« Tu es officiellement le 2ème mec le plus fou que je connaisse »

Le premier était indéniablement mon frère, et je souhaitais bon courage à qui voulait le détrôner. D’autant que dans le cas de Major… Ce n’était pas forcément dans le bon sens du terme. Tout l’inverse d’Alex : lui, il avait un grain de folie tellement attractif… C’était pour celà que j’avais eu un tel coup de coeur pour lui d’ailleurs.

«  Je dois avouer que tu étais TRÈS convaincant dans ton rôle... J’ignorais qu’on vous donnait des cours de théâtre dans ta formation. Mais… Tu sais qu’on n’a plus de public là ? »

Fis-je remarquer, puisque nous avions laissé tous nos spectateirs derrière nous, dans le restaurant. Il n'y avait donc plus de raison de jouer la comédie... si ?

« Ou alors tu t’es dit que ça y est, je suis assez vieille fille et désespérée pour que tu me récupères ? »

Ce commentaire était un petit clin d’œil à notre rencontre, il y a un an, où Alex m’avait promis de se marier avec moi si je traînais trop longtemps mon célibat, pour que j’évite de finir en vieille fille à chats. C’était étrange comme cette rencontre me semblait à la fois très lointaine, comme si on se connaissait depuis des années, et à la fois si proche, comme si cela datait de la veille. Hormis la fin, qui s'était faite abruptement, j'en gardais vraiment un excellent souvenir. Et je réalisais, encore une fois, qu'il m'avait manqué ces derniers mois. Beaucoup.

Me coupant dans mon état guilleret, il m’attira à lui pour m’embrasser à nouveau, sans chaise et sans table entre nous cette fois-ci. Sa main au creux de mes reins m’invitant à me coller encore plus à lui. Je ne me fis absolument pas prier pour venir glisser un bras dans son cou, nous condamnant à une telle proximité. Dans l’emportement, je perdis un peu mon équilibre, l’entraînant avec moi contre le mur le plus proche en guise d’appui.  Je ne décollai mes lèvres des siennes qu’à contrecoeur, reprenant mon souffle mais restant à une distance quasi négligeable de lui, coincée entre son corps et le bâtiment glacial dans mon dos. Mais encore une fois : je n'avais nullement froid. C'était même tout le contraire.

« Mes lèvres t’auraient elles un peu manquées ? »

Le taquinai-je dans un murmure, un sourire lascif dansant sur mes lèvres, n’essayant même plus de dissimuler le désir qui brûlait dans mes yeux alors que je le dévorais de mes prunelles. S’il me restait encore des illusions d’une quelconque retenue, elles venaient de se briser en éclat : on avait franchi trop de limites pour reculer ou faire demi-tour, et son regard embrasé me disait qu’il pensait exactement la même chose. Et j'étais pour le moment bien trop grisée par son odeur, par son contact, pour penser à toutes les inquiétudes que cette réalité pouvait soulever.

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