Bague au doigt hier, corde au cou demain ! [Pv Anastasia]

- Oui, vous êtes bien chez Ashley’s investigation, je vous écoute… D’accord. Vous préférez m’en parler de vive voix ?! Vous pouvez passer quand vous le souhaiter si vous … oh un café, j’en connais un sympathique juste au centre commercial, retrouvons nous là-bas. C’est celui au deuxième étage avec la terrasse. Disons demain vers 11h, je serais disponible. Ça marche, au revoir.

Si Kira avait su avoir un ton parfaitement professionnel au téléphone. Il n’en était pas de même sur les nombreuses mimiques qu’il avait faites durant cet appel. Un sourire de tombeur et un geste du poing comme s’il venait de gagner une coupe du monde. Ce n’était pas tous les jours qu’une de ses futures clientes attaquées par un rendez-vous dans un café… D’ailleurs, ce n’était même pas tous les jours qu’il pouvait avoir une cliente aussi charmante rien qu’à la voix.

Bon jusqu’au lendemain, il ne put s’empêcher de se demander où il avait bien pu entendre cette voix. Quelque chose de familier en était ressorti pendant un petit moment. Ce n’était sûrement qu’une impression banale. C’est donc avec un grand sourire à la lèvre qu’il se prépara le matin, coiffant soigneusement ses cheveux avant d’en faire une queue-de-cheval. Un coup de parfum et il était fin prêt dans un pantalon en lin et une chemise bleu à motif simple. Le détective n’en donnait pas l’air, mais il savait être pro quand il le voulait ! Parfois !

Il arriva au café un peu en avance et s’installa à une table quand le serveur, qui avait reconnu l’habitué qu’était Kira qui venait très souvent ici le matin quand il n’avait pas d’enquête en cours. … Peut-être, car le hasard avait voulu qu’une salle de gym avec baie vitré sois juste de l’autre côté de l’allée et de la vitre à côté de la tête ou il s’installait toujours. L’homme proposa pendant que Kira s’installe à sa place.

- Oh Matsuda-San, la même chose, j’imagine.
- Non pas aujourd’hui Osy, il faut que je reste sobre.
- Sobre, je ne savais même pas que vous connaissiez ce mot.
- Crois-moi, si ma cliente est aussi mignonne que sa voix est charmante, je préfère avoir toute ma tête !

D’ailleurs, Kira remarqua qu’il était l’heure et son téléphone sonna à nouveau. Le même numéro qu’hier. Il montra l’appareil avec un sourire triomphal alors qu’il décrochait pour dire qu’il était assez vers le fond, pas loin du bar à une table coté baie vitré. Une personne se leva aussitôt et Osakara le serveur manqua de siffler avant de dire pendant que la femme était encore hors de portée de voix.

- Eh ben, elle est mignonne. Je sens qu’aujourd’hui, c’est la bonne pour toi ! Tu vas y arriver.

Mais Kira avait blêmi… Osy de son surnom s’interrogea quand le détective fini par lâcher d’une voix pleine de malaise.

- C’est ma …femme.

Un sursaut du serveur apprenant que Kira était mariée, il ne s’y attendait pas vraiment et le détective chercha de la main le bras d'Osakara qu’il trouva. Kira lâcha en chuchotant.

- Finalement, la même chose, c’est très bien ! Un peu relevé même, c’est mieux.
- Mais vous êtes dingue, ça risque pas de taper un peu fort ?
- Plus fort qu’elle ? Je l’espère !
- Ce n’est pas faux… Ça ne peut pas être pire qu’une guerre non plus ?
- Euh, une guerre, ça peut se gagner !

Trop tard, elle n’était plus très loin et semblait elle aussi avoir reconnu Kira désormais. S’il avait eu un doute au début en voyant ses cheveux court… Le livre en russe avait suffi à confirmer ses soupçons. Le serveur s’éclipsa et Kira lâcha avec un sourire peu rassuré.

- Surprise ! Tu as l'air en forme depuis le temps Belka... et tu as ... changer de coupe ?

Pour la première fois depuis 2 ans, il aurait souhaité ne pas avoir quitté l’Afrique. Mais c’était bien Anya devant lui, en chair et en os. Kira sentit même une perle de sueur se former au sommet de sa tempe. Qu’allait-il pouvoir bien lui dire pour se justifier ?

Cela faisait tout juste 3 jours qu’Anastasia était arrivée à Kumoru. Le premier jour, il avait fallu que la jeune femme se réhabitue un peu au japonais et se trouve un hôtel où s’installer, le temps de trouver du travail et un vrai logement. Cela avait été un peu compliqué au départ, la Russe n’ayant pas vraiment pratiqué la langue pendant les six dernières années, mais tout lui revint assez rapidement en mémoire après quelques discussions avec des locaux. Anastasia posa donc son unique valise et son sac à main dans la chambre d’un hôtel très bas de gamme du quartier Fuhou qu’elle avait réservée pour les 15 prochains jours, grimaçant un peu en découvrant que les salles de bains étaient communes. Bon, ce n’était pas l’idéal, mais la Russe n’avait de toute façon pas les moyens de prendre une chambre de meilleure qualité.

Le deuxième jour fut consacré à la documentation. Si Anastasia était revenue dans cette ville où elle avait pourtant tant souffert, c’était dans un seul et unique but : celui de retrouver son fils qu’elle avait abandonné 6 années plus tôt, après son propre abandon par l’homme qui était toujours officiellement son mari. La Russe avait beaucoup marché en ville, grapillant quelques numéros utiles, son regard azur ne pouvant s’empêcher de s’arrêter chaque fois que sa route croisait celle de garçons qui semblaient plus ou moins avoir l’âge de son fils. Anastasia ne savait pas du tout à quoi il ressemblait, elle ne savait d’ailleurs même pas s’il avait trouvé une famille à Kumoru ou s’il avait finalement été adopté dans une autre ville, mais l’espoir de le croiser et de le reconnaître au premier coup d’œil était bien présent, son cœur papillonnant chaque fois qu’elle entendait des éclats de rire de ces mêmes garçons qu’elle croisait. Anastasia se sentait idiote d’être aussi fébrile, partagée entre le désir profond de le rencontrer et la peur irrationnelle de voir du dégoût ou de la colère dans ses yeux… Quoi qu’il en soit, elle ne pouvait pas perdre plus de temps et, le soir-même, une fois de retour dans sa chambre d’hôtel miteuse, elle contacta un détective privé qu’on lui avait recommandé dans un commerce du coin, et le rendez-vous fut pris pour le lendemain matin.

La nuit avait été très courte pour Anastasia, qui avait eu énormément de mal à trouver le sommeil, toujours à cause de son cœur qui faisait n’importe quoi dans sa poitrine chaque fois qu’elle pensait à cette perspective de retrouver son enfant. Peut-être que son entrevue avec le détective ne donnerait rien, surtout qu’elle avait absolument tenu à le rencontrer pour s’assurer qu’il lui inspirait suffisamment confiance avant de se décider à l’embaucher, mais ce simple coup de fil avait suffi à apporter plus de concret à ce rêve qu’elle nourrissait depuis plusieurs semaines maintenant. Anastasia se leva donc aux aurores, se préparant dans le petit coin toilette de sa chambre miteuse après avait pris une bonne douche bien fraîche pour se réveiller et se préparer à affronter cette journée. Elle enfila un débardeur noir, surmonté d’un petit gilet de la même couleur, puis d’une veste en cuir, elle aussi noire. Et comme il s’agissait de la couleur favorite de la Russe, et qu’elle n’avait de toute façon pas une tonne de vêtements vu qu’elle avait voyagé léger, elle passa également des collants couleur chair, une mini-jupe noire s’arrêtant à mi-cuisses et épousant parfaitement ses formes, Anastasia complétant finalement sa tenue avec des bottines à talons, de la même couleur que le reste. Elle attrapa son sac à mains, y fourrant son téléphone portable acheté la veille, ainsi qu’un épais livre dans sa langue natale, puis elle quitta sa chambre.

Elle arriva au lieu de rendez-vous avec près d’une heure d’avance, se tenant à l’affût avec un bon café noir très corsé et son roman dont elle dévorait les pages en relevant la tête chaque fois qu’un homme passait la porte. Sa jambe droite s’agitait presque un peu nerveusement alors qu’elle voyait l’heure fatidique approcher de plus en plus. Puis, à la seconde où son téléphone indiqua 11h00, Anastasia s’en saisit pour rappeler le fameux détective qui lui confirma se trouver vers le fond du café. Sans perdre plus de temps, la Russe remit son sac sur son épaule et tint son livre contre sa poitrine, cherchant l’homme du regard. Elle ne mit pas longtemps à le repérer, sentant son cœur se gonfler d’espoir, avant que ses sourcils ne se froncent. Pourquoi est-ce qu’il la regardait comme ça ? C’était étrange, ce visage lui disait quelque chose… Et à bien y penser, la voix qu’elle avait entendue au téléphone lui semblait familière également… Anastasia préféra ne pas y réfléchir davantage, se disant qu’elle ne connaissait de toute façon aucune personne ici dont le nom de famille était Ashley, puis elle continua à s’approcher avec un air suspicieux sur le visage. Il ne lui inspirait pas tellement confiance… Elle avait peut-être bien fait de proposer ce rendez-vous avant de lui expliquer plus en détails ce qu’elle attendait de lui !

Sauf que si Anastasia était habituellement plutôt douée pour cacher ses émotions, les mots qui sortirent de la bouche du détective la figèrent sur place, lui faisant ouvrir de grands yeux ronds alors que sa bouche s’entrouvrait elle aussi. « Belka » ? Ce surnom… Il n’y avait qu’une seule personne au monde à l’avoir jamais appelée comme ça, mais cette personne était morte. Alors… Comment était-ce possible ? La Russe papillonna des yeux en fixant l’homme, la surprise se mêlant alors à un tourbillon de plein d’autres sentiments en elle.

« Shi… Shichimi ? »

Non… Impossible… L’information était tellement improbable qu’Anastasia n’arrivait tout simplement pas à la digérer, restant immobile et silencieuse à fixer l’homme qui se tenait devant elle. Puis, après quelques secondes, la surprise quitta totalement le visage de la Russe, qui afficha un air soudainement très froid et qui ne présageait rien de bon. Elle plaqua son livre sur la table dans un bruit sec et s’approcha brusquement du détective pour empoigner le col de sa chemise et l’obliger à approcher son visage du sien, son regard azur le fixant tellement intensément que le pauvre homme devait avoir l’impression de passer sous des rayons x.

« « Tu as changé de coupe ? » C’est tout ce que tu trouves à me dire ? »

Son ton était à la fois calme et incisif, laissant clairement comprendre qu’une colère sourde grondait en elle.

« En tout cas, toi aussi tu te portes bien pour un type censé être mort. Ton séjour dans l’au-delà t’as donné un teint éclatant, est-ce que tu veux que je t’y renvoie dès maintenant ? »

Ses doigts se resserrèrent sur la chemise de Kira, pendant que son regard se plantait toujours aussi intensément dans celui de son mari. Anastasia finit toutefois par relâcher sa poigne après quelques instants, et poussa d’un petit coup sec le détective au niveau de son torse, pas suffisamment fort pour le faire tomber, mais assez pour le déstabiliser.

« Qu’est-ce que tu fais ici ? Ce n’est quand même pas avec toi que j’ai rendez-vous, rassure-moi... Comment aurait-on pu recommander un lâche comme toi et comment quelqu’un incapable ne serait-ce que d’écrire un petit mot d’explications a pu devenir détective ? »

Anastasia claqua sa langue contre son palais d’agacement. Plus elle parlait, plus elle sentait la colère et l’amertume l’assaillir.

« J’ai bien fait de demander un rendez-vous au préalable pour voir si je pouvais avoir confiance dans le détective que j’allais employer. Au moins je suis fixée, je ne vais certainement pas te demander ton aide, je n’ai aucune confiance en toi. Regarde toi… Tu as même été jusqu’à changer de nom pour fuir la réalité… »

La Russe était en effet persuadée qu’Ashley était le nouveau nom de famille de Kira, son pouce s’étant mis nerveusement à faire tourner son alliance autour de son annulaire gauche. C’était comme si le bijou s’était soudainement mis à lui brûler la peau. D’ailleurs, en y repensant… Pourquoi l’avait-elle gardé toutes ces années sans pouvoir se résoudre à le jeter ?

Kira était mal là, jamais il n’aurait pu anticiper une telle situation. C’était bien Anastasia qui venait droit vers lui et elle semblait ne pas l’avoir reconnu sur le moment… Jusqu’à ce qu’il ouvre sa grande bouche à vrai dire. Car le comportement de la femme qui semblait plutôt avenante au début changea du tout au tout.

C’était clairement elle, car personne ne connaissait ce surnom à part elle et passé la surprise, elle plaqua son livre sur la table avant d’empoigner tout aussi brutalement le détective au col pour l’invectiver de mots cinglants. Que pouvait-il dire d’autres ? Kira n’allait pas dire qu’il trouvait qu’elle avait pris un peu de poids non plus … Ce serait déplacé au vu de la situation.

Il se laissa faire sans même cherché à se défendre, affichant un air même assez confiant. Elle le croyait mort, c’était peut-être bien la meilleure chose à faire et Kira n’avait jamais cherché à prouver le contraire… Il fallait rendre ce mariage caduc et il n’avait pas eu le choix au niveau des options à l’époque. Kira lâcha avec un ton plutôt contrarié.

- Euh … non. En fait bizarrement, je me sens bien en vie alors si c’est possible, on peut remettre le possible meurtre sur ma personne à plus tard… ce serait vraiment sympa.

Elle le relâcha avant d’enchaîner et Kira se rattrapa à la table d’un bras par réflexe de peur de basculer sur le dos. Il observa d’un regard calme sa femme avant de sourire lorsqu’il se mangea une réflexion… Ah le mariage… On se demande pourquoi tout le monde veut l’éviter ? C’est beau et particulièrement enviable de voir deux êtres aussi … unis ? Elle l’aurait tué sans aucune hésitation. Cependant, alors qu’elle reprenait la parole, Kira fronça les sourcils en redevenant plus sérieux sur le moment et lâcha une fois qu’elle avait fini.

- Qu’est-ce que tu as dit ?!

Il avait parlé sur un ton presque intense, surpris voir limite choqué avant de sourire avec un air triomphant en avouant d’une voix pas peu fier de lui.

- On m’a recommandé !? Ça veut dire que je perce enfin ! Tu entends ça Osy ! On me recommande ! Ça veut dire que je suis le meilleur !

Le serveur afficha un air gêné, limite mal à l’aise d’être mêlé à la discussion en sachant que ce n’était peut-être pas la chose la plus pertinente à faire sur le moment. Mais passé l’euphorie de la situation sous le regarde d’Anya, Kira retrouva un peu plus son sérieux et se remit correctement sur sa chaise. Toussant pour retrouver un peu de contenance, il avoua d’une voix qui n’avait rien à voir avec celle d’avant.

- Écoute, pour répondre simplement à ta question. Je suis originaire de cette ville, ce sont mes racines. Je voulais… rattraper un peu tout le mal que ma famille avait pu y faire et j’ai choisi d’y faire régner l’ordre. À ma façon ! Sans les entraves habituelles des services policiers ou judiciaires. Donc ouais, je suis devenu détective et je me donne à fond pour ce travail. Ce qu’il s’est passé avant n’entre aucunement en ligne de compte dans le contexte !

La réponse se voulait aussi cinglante que ce qu’elle lui avait dit. Kira n’avait jamais dit qu’il était du genre à se faire attaquer sans se défendre, même par sa propre femme. Mais en l’espace de quelques mots, elle relèverait qu’il n’était pas forcé de passer par des méthodes conventionnelles pour arriver à ses fins.

- Pour ce qui est de mon nom de famille… ou plutot... du notre car je vois que tu porte toujours notre alliance.

Il sortit sa carte d’un petit étui qu’il laissa glisser sur la table pour qu’elle puisse la voir. On pouvait lire les mots Ashley’s investigation et en dessous Kira Matsuda avec son numéro de téléphone fixe et mobile. Son nom n’avait jamais changé.

- Je ne le changerais pour rien au monde, quand bien même je le déteste du plus profond de mon être. Je le garderais pour me rappeler d’où je viens et surtout, pourquoi je me bats aujourd’hui. Donc, je suis légitimement à ma place maintenant que mon tordu de père jardine tranquillement son carré de terre dans un coin du cimetière.

Kira la fixa avant de demander à son tour, prouvant que malgré son air désinvolte, il avait de la suite dans les idées.

- Mais toi, que viens-tu faire ici ? Car de près ou de loin, je ne vois pas de raison pour laquelle tu ne serais pas reparti en Russie… On se serait croisé bien avant. Puis pourquoi ce besoin subitement de vouloir engager un détective ? Tu cherches soit à te cacher, soit cacher quelqu’un ou quelque chose… ou alors tu dois retrouver quelque chose. Si c’était pour me retrouver moi… Tu as 7 ans de retard, pardon de te le dire ! Car de ce que je sais, je t’ai abandonné oui, mais tout ce que tu as fait, c’est me croire mort sans même te poser la moindre question sur les raisons d’un tel abandon ? Tu penses sérieusement que je suis parti comme ça sur un coup de tête ?

Sur la fin, on pouvait sentir que le ton de Kira gagné en tension et qu’il avait mal pris les accusations difficilement masquées d’Anya. Comme si elle était la seule à avoir soufferte de cette situation inattendue à l’époque.

Anastasia n’arrivait pas à y croire… L’homme qui se tenait devant elle était bien son très cher mari qu’elle avait cru mort pendant près de 7 ans. Il avait disparu du jour au lendemain, sans aucune explication et n’avait jamais cherché à la recontacter, alors forcément quand on savait dans quelle situation il l’avait plongée avec son départ parfaitement égoïste, on pouvait comprendre que la Russe ait son poing qui la démangeait ! Elle avait terriblement envie de lui envoyer un crochet du gauche pour venir faire s’enfoncer et marquer à tout jamais la peau de son visage avec cette bague qu’elle portait toujours à son doigt, mais elle se retint. Kira avait énormément de chances qu’ils se trouvent tous les deux dans un bar avec d’autres clients. Nul doute qu’Anastasia n’aurait pas gardé son calme dans un endroit plus à l’abri des regards ! Après tout, il ne fallait pas oublier qu’elle était là pour prendre un nouveau départ et se remettre dans le droit chemin. Se faire arrêter par la police pour violence dans un lieu public n’était certainement pas dans ses plans de reconversion !

Alors, comme elle ne pouvait pas utiliser ses poings pour témoigner toute la colère qu’elle ressentait à l’égard de son mari, Anastasia enchaîna les phrases toutes plus cinglantes les unes que les autres sur un ton glacial et avec un air parfaitement impassible. Mais Kira, déjà à l’époque, avait toujours eu le don de la prendre à contrepied… Il était sérieusement en train de se réjouir que quelqu’un l’ait recommandé alors qu’il se trouvait face à sa femme qu’il avait abandonnée des années plus tôt ?! La Russe sentit son sang ne faire qu’un tour et un grand frisson lui parcourir l’échine. Son geste fut vif, Kira ne pouvant éviter ce gros roman de venir s’écraser sur son épaule dans un bruit sec. Anastasia le fusilla ensuite du regard, les sourcils froncés, à défaut de vraiment avoir une arme pour l’envoyer au cimetière.

Fort heureusement, ce geste eut pour effet de ramener un peu de sérieux à la discussion, Kira se lançant alors dans de longues explications sur sa présence ici. À ses mots, Anastasia sentit un rictus étirer ses lèvres et un pouffement moqueur s’en échapper quand son mari lui avoua être revenu pour rattraper les erreurs de sa famille. Et les siennes d’erreurs ? C’était bien beau de vouloir rattraper celles de sa famille, mais il ferait bien mieux de commencer par se regarder dans un miroir ! Les sourcils d’Anastasia se froncèrent ensuite à la vue de cette petite carte qu’il lui tendait. Elle ne prit même pas la peine de s’en saisir, la fixant avec un air dédaigneux, avant de croiser les bras sous sa poitrine, toujours debout à côté de la table où était assis Kira.

« T’es au courant que pour divorcer il faut que les deux personnes signent un papier ? Comme tu avais disparu et qu’il n’a jamais été prouvé que tu étais mort, non seulement tu m’as abandonnée sans te poser de questions, mais en plus tu l’as fait en me coinçant dans cette situation. J’ai gardé mon alliance pour me rappeler à quel point j’avais été idiote de t’accorder ma confiance et espérer qu’on pourrait s’en sortir tous les deux. »

Le regard et la voix d’Anastasia étaient de plus en plus froids et incisifs, ses doigts se crispant légèrement sur ses bras croisés. C’était idiot, mais la Russe était vraiment soulagée d’apprendre que son beau-père n’était plus de ce monde. Au moins, elle serait assurée de ne pas le croiser malencontreusement au détour d’une rue !

Quoi qu’il en soit, puisqu’elle était ici et qu’elle était toujours coincée dans ce mariage avec Kira qui se révélait bien vivant, autant en profiter ! Anastasia tira donc la chaise face à son mari pour s’y assoir et fit signe au serveur avec un magnifique sourire qu’on n’aurait jamais imaginé voir sur son visage quelques secondes auparavant.

« Remettez-moi un café bien noir s’il-vous-plaît. À ajouter bien évidemment sur la note de mon très cher mari. »

Anastasia tourna ensuite son visage faussement angélique vers Kira, avant de se mettre à rire franchement à ses mots.

« Te chercher ? Je n’ai jamais eu l’intention de te chercher, ni il y a 7 ans, ni maintenant. Et tu crois vraiment qu’à l’époque j’avais le cœur à ça ou qu’on m’en a laissé la possibilité ? Quelle naïveté Shichimi… Tu es parti en m’abandonnant, sans aucune explication, en emportant la chose qui m’était la plus précieuse : l’espoir. Donc je ne m’excuserais certainement pas d’avoir choisi la facilité en te considérant comme mort. C’était plus simple et moins douloureux de te penser 6 pieds sous terre plutôt qu’à vivre ta meilleure vie. »

La Russe était toujours très incisive dans ses mots, remerciant tout de même le serveur qui lui apporta son café avec un air pas franchement serein sur le visage. Anastasia réchauffa ses mains sur sa tasse et s’appuya confortablement contre le dossier de sa chaise.

« Quoi qu’il en soit, les détails ne te regardent pas. Comme je le disais, j’ai besoin de quelqu’un de confiance pour ce travail et tu ne remplis clairement pas ce critère. Je n’ai de toute façon pas les moyens de payer un détective actuellement, je ne faisais que de la prospection pour quand le moment sera venu. »

Anastasia commença à siroter son café, inspirant profondément de bien-être à la sensation de cette chaleur qui se répandait dans tout son corps. Elle qui était pourtant passée maître dans l’art de contrôler ses émotions… La simple vue de Kira avait réussi à lui faire baisser toutes ses barrières et ça, c’était fortement déplaisant. Tout comme le fait de devoir se retenir de lui jeter cette boisson très chaude au visage.

Kira n’avait jamais été préparé à ça, il avait même eu la naïveté de croire qu’il n’aurait jamais à y faire face, mais malheureusement le destin semblait adoré lui jouer des farces comme ça. Anya était particulièrement remonté et le coup de livre qu’il reçut après son petit coup de joie concernant le fait qu’on l’avait recommandé en dit long. Ce n’était pas le moment de plaisanter.

Revenir sur un sujet plus sérieux fut donc de mise et il remarqua donc qu’elle avait sa bague au doigt. Si elle ne l’avait pas retiré, c’est qu’il y avait une raison et la réponse de la jeune femme ne laissa plus de place au doute. Bon sang, ils étaient encore mariés, ça, il ne l’avait pas vu venir. D’autant plus que les raisons, Kira manqua une respiration en l’écoutant.

Cependant, il conserva son calme et ajouta non sans se départir de son petit sourire lorsqu’elle commanda un café sur sa solde auprès du serveur.

- Décaféinée, elle est déjà assez à cran comme ça…

Puis il laissa la jeune femme continuer à déverser sa bile sûre lui tout en répondant à sa question. Pourquoi ne l’avait-elle pas cherché ? Cependant, il y avait beaucoup d’éléments dans sa version des faits qui avaient le mérite de faire hausser un sourcil au détective qui finit par se dire dans son esprit. « Ok… Tu veux la jouer comme ca Belka, on va jouer ! ». Il lâcha un profond soupir lorsqu’elle eut enfin fini de parler.

- Tu parles de confiance… alors que pourtant, en sept ans, tu ne t’es pas posé plus de question que ça sur mon sort. Tu es parti du principe que je suis soudainement parti et c’est tout ?

Il l’observa droit dans les yeux, pour montrer qu’il n’avait pas peur d’elle, ni de ses mots. Rien de ce qu’elle pourrait dire, faire ou même penser ne suffirait à lui faire regretter son geste. Kira avait fait la seule chose possible à faire à l’époque et le referait sans aucune hésitation… mais voir comment Anya avait réagi… n’y avait-il donc même pas une once de sympathie pour lui ? Même à l’époque ? Elle ne s’était pas dit qu’il lui était arrivé quelque chose de grave ? Non tout ce qu’elle faisait, c’était….

- Tu te complet tellement dans ton rôle de victime que tu ne te rends même pas compte du voile que tu as devant les yeux ?

Kira décroisa les doigts pour tirer doucement sur sa chaîne qu’il avait autour du cou jusqu’à ce que ses plaques de soldats et la bague de mariage apparaissent. Le détective avait gardé un regard vide et un ton de plus en plus froid, il ne supportait pas ce qu’elle croyait de lui. Il ne l’aurait jamais abandonné sans une bonne raison et elle … sa femme… ne s’était même pas demander pourquoi ? Non, elle semblait bien contente de pouvoir lui mettre dans le nez qu’il était le grand méchant de sa vie, celui envers qui elle devait toutes ses souffrances visiblement. Kira lâcha sur un ton clairement ironique.

- C’est clair que j’ai vécu ma meilleure vie coincée pendant 7 ans. J’aurais pu aller me dorer la pilule dans les îles, car il y a plein de petits coins de paradis là-bas. Mais bon, faut croire que je suis complétement stupide de ne pas y avoir pensé hein ? Car visiblement, tu as l’air de te faire tout un film sur moi.

Il rangea les plaques cachées derrière le tissu de son haut avant d’ajouter d’une voix plus cinglante.

- Heureusement que je n’ai pas eu un accident mortel qui m’aurait conduit au fond d’un précipice… ou que je me suis pas fait enlever car visiblement, si tu ne pouvais pas compter sur moi, l’inverse est complétement possible aussi. Mais bon, c’est moi le grand méchant de cette histoire, alors soit ! Je reconnais être parti et non, je ne m’en excuserais pas !

Pouvait-il être aussi méchant envers elle ? Non … Belka ne savait pas vraiment qu’elle était autant une victime que lui dans cette affaire. Mais Kira ne pouvait pas non plus se laisser faire. Il prit une grande inspiration et se concentra plutôt sur ce qu’elle avait dit, retrouvant un air plus paisible sur son visage en disant d’une voix plus douce.

- Écoute, c’est fait maintenant et quoi que je dise, ça n’y changera rien. Mais… je reconnais que tu n’as pas mérité ce qu’il s’est passé. Alors en hommage à notre mariage clairement raté, je peux bien t’offrir mes services gratuitement. Considère ça, comme une juste compensation pour ce que tu as subi et quand je m’engage dans une affaire, je m’y tiens.

Il se lova un peu plus sur sa chaise en se redressant, finissant son tour de parole par la plus grosse erreur qu’il aurait pu faire avec les mots « Je le veux » plusieurs années avant ce moment.

- Si tu ne me crois pas, je peux aussi te dire que mon entreprise marche plutot bien et j’ai même pu acheter les locaux au-dessus de mon bureau pour en faire un appartement cosy. Donc, je ne suis potentiellement pas si mauvais que tu veux bien le dire. Alors Belka ?

Anastasia agissait de manière purement égoïste en mettant Kira devant toutes les conséquences que son départ avait eues, sans même se demander ce qui l’avait poussé à partir ni ce qu’il avait pu vivre pendant ces 7 longues années. La Russe avait certes envie de savoir, de comprendre pourquoi tout s’était terminé aussi soudainement entre eux sans qu’il n’ait pris la peine de la tenir au courant, mais elle ne pouvait pas lui pardonner de l’avoir entraînée là-dedans sans même lui avoir demandé son avis. Alors certes, elle était égoïste en ne pensant qu’aux conséquences la concernant, mais Kira n’était pas le plus à même de la critiquer sur ce point-là puisqu’il avait agi tout aussi égoïstement en partant sans un mot. Anastasia soupira donc en se calant un peu plus confortablement contre le dossier de sa chaise.

Elle voulut répliquer, mais Kira la coupa dans son élan en sortant une chaîne de sous sa chemise, dévoilant des plaques militaires ainsi que son alliance. La Russe ne sourcilla pas, se contentant de décrire ces nouveaux éléments de son regard vif, tout en écoutant ce que son mari lui expliquait sur ces années où ils avaient été séparés. Alors comme ça, il était devenu militaire ? Pour quelle raison ? De nouvelles questions ne cessaient de s’accumuler aux anciennes, sans qu’aucune réponse ne soit donnée à Anastasia. Elle écouta d’ailleurs Kira jusqu’au bout, avant de soupirer à nouveau.

« On peut continuer ce match de ping-pong encore longtemps Shichimi. Évidemment que je me suis posée des questions, que j’ai voulu savoir et comprendre ta décision. Mais je n’ai pas franchement eu le loisir d’enquêter sur ton départ, et y penser a fini par être plus douloureux qu’autre chose. Ne m’accuse pas de ne pas avoir eu confiance en toi, puisque le contraire est aussi vrai. Si tu avais vraiment eu confiance en moi, si tu avais vraiment tenu à moi à l’époque, tu ne serais pas parti sans rien me dire. Comment peux-tu m’en vouloir d’avoir préféré croire que tu étais mort alors que tu ne m’avais rien laissé ? »

Anastasia soutint son regard sans sourciller. Elle se complaisait dans son rôle de victime hein… Mais n’en était-elle pas une ? S’il savait tout ce qu’elle avait dû vivre et endurer par sa faute… Sauf que la Russe ne comptait rien lui dire. Tout ça ne le regardait plus maintenant. Ils étaient toujours mariés, certes, mais ils avaient vécu leur vie chacun de leur côté depuis 7 longues années, et ça ne changerait sans doute plus maintenant. Leur lien s’était brisé le jour du départ de Kira et ils étaient tous les deux beaucoup trop meurtris pour songer à réparer les pots cassés. Surtout qu’il l’avait dit clairement : il ne comptait pas s’excuser d’être parti. Et ce ne serait certainement pas Anastasia qui s’excuserait la première, surtout qu’elle n’avait, de son point de vue, absolument rien à se faire pardonner !

Les deux jeunes gens tombèrent toutefois d’accord sur le fait que, quoi qu’ils puissent dire l’un et l’autre, ça ne changerait rien à ce qu’il s’était passé. Anastasia continua à siroter son café d’un air absent, de nombreuses questions s’agitant dans son esprit, alors que tout son être était dans un état qu’elle n’avait plus connu depuis bien longtemps. C’était désagréable d’être aussi fébrile… Un mot parvint toutefois à attirer toute son attention : « gratuitement ». La Russe releva finalement les yeux vers Kira pour le fixer, un grand sourire étirant intérieurement ses lèvres même si, de l’extérieur, Anastasia ne laissa rien transparaître. Pauvre lui… S’il savait qu’il était en train de s’enfoncer dans une situation qui allait clairement lui déplaire en lui donnant toutes ces informations… La Russe termina son café et reposa sa tasse sur la table, avant de croiser ses jambes ainsi que ses bras sous sa poitrine.

« Eh bien puisque tu sembles avoir si bien remonté la pente depuis ton retour à Kumoru, je ne vais certainement pas cracher sur un service gratuit. Surtout que c’est plutôt plaisant d’imaginer que tu vas devoir bosser pour moi. »

Les lèvres d’Anastasia s’étirèrent finalement en un sourire tout sauf innocent, alors qu’elle tendait sa main vers lui pour qu’il la serre.

« Marché conclu. Je te laisse me faire preuve de tes talents de détective. Mais si tu me déçois, sois assuré que je ferai en sorte que plus personne ne te recommande. »

Le regard d’Anastasia se mit à pétiller de malice pour la première fois depuis qu’elle avait retrouvé son mari. Elle avait toujours été joueuse, mais là, si Kira lui offrait une raison de le pourrir, elle se ferait une immense joie de le faire en y mettant tout son cœur !

« Bon… J’imagine que je dois t’éclairer sur ce que je te demande de faire pour moi. Je veux retrouver quelqu’un. »

Anastasia mit son sac à main sur ses genoux et l’ouvrit pour en sortir quelques feuilles qu’elle posa ensuite sur la table. Elle tria ses CV pour les mettre de côté, puis fit glisser un petit papier vers Kira.

« Je cherche mon enfant. Un petit garçon âgé de 6 ans maintenant. J’ai inscrit sur ce papier l’heure de l’accouchement, l’hôpital où j’ai été prise en charge et le médecin qui s’est occupé de moi. Dès la naissance, il a été remis à un service d’adoption. Ce sont malheureusement les seules informations dont je dispose. Alors ? Tu t’en sens capable ? »

La Russe avait bien évidemment omis toutes les informations qui lui semblaient superflues, comme le fait que cet enfant n’était pas que le sien, mais le leur à elle et Kira. Le détective n’avait pas besoin de le savoir. Et puis, s’il était si doué que ça… Il finirait bien par le découvrir de lui-même, non ? Par contre, une autre question brûlait les lèvres d’Anastasia.

« Pourquoi tu as gardé ton alliance ? »

Au moins, ils tombaient tous les deux d’accord sur un point, leur querelle idiote ne les amènerait à rien pour le moment. Ce n’était qu’un gâchis de temps et d’énergie, Kira ne pourrait donc même pas avoir la joie de balancer la phrase transpirant la maturité et la pertinence « Ce n’est pas moi qui ai commencé ! » Donc il s’abstint. Elle lui posa d’ailleurs une question, Kira l’observa avec un air détendu, il venait de lui apporter la preuve que sa vie n’avait pas été un paradis non plus et elle osait encore demander pourquoi il pourrait lui en vouloir.

- Je suis tenté de te répondre, mais ça ne fera que relancer la balle à nouveau et personnellement, ça ne m’amuse plus depuis un moment de jouer à ce petit jeu de qui a raison avec toi.

Le détective n’avait clairement pas que ça à faire. Sauf que tout de même, il décida de faire un geste envers elle, car elle semblait bien plus dans le besoin qu’elle voulait bien l’admettre et la situation dégénéra de façon à donner l’impression qu’encore une fois, elle était au-dessus de lui. Kira ne put s’empêcher de rire sur le moment, un rire amusé et clairement moqueur avant de lâcher lorsqu’il eut fini. Probablement le fait qu’elle parlait de ruiner sa réputation qui l’avait fait rire… ou bien le fait qu’elle avait seulement envisagé l’idée qu’il travaille pour elle.

- Qu’on soit claire Belka, je travaille pour ceux qui me payent. Toi, c’est un service que je te rends, gratuitement certes, mais un service quand même et si tu ne tiens pas à ce que je me ravise, tu devrais changer de ton. Car j’aurais tout aussi vite fait de déconseiller la plus grande majorité des détectives de cette ville de refuser ton affaire. Tu vois, moi aussi, je peux jouer à ce petit jeu, donc à ta place, je te suggère clairement de ne pas prendre plus que ce que tu as droit si tu veux survivre dans cette ville.

Il était loin de se douter qu’elle était bel et bien capable de prendre simplement ce qu’elle avait le droit de prendre. Kira ajouta d’une voix plus sérieuse non sans se départir de son humour incisif.

- M’éclairer, c’est peu dire, tu ne m’as pour ainsi dire rien dit d’autres que de me faire passer pour la pire des crapules de cette ville en dix secondes. Donc, oui, éclaire-moi de ta « sainte et intouchable » lumière.

La suite ne lui plut cependant pas du tout. Car si les dates correspondaient… alors soit c’était son enfant à lui aussi… soit elle l'avait trompé… soit son rôle de veuve éploré ne lui avait pas vraiment tenu longtemps à la peau comme elle semblait bien s’en servir contre lui depuis tout à l’heure. Il se saisit du papier et l’observa songeur avant de plonger son regard dans les yeux de la russe. Ce fut la question de l’alliance qui le fit revenir à la réalité et il se leva d’un bond en tapant du plat de la main sur la table d’un geste brusque. Cachant sa colère derrière un air confiant, Kira lâcha.

- Bien ! Je vais m’y mettre de ce pas, vu que ce n’est pas payé, je vais la boucler rapidement !

Puis il s’en alla, plantant Anya sur place sans aucune pitié. Pour le coup, c’était plutôt lui qui était trahi, car elle lui avait caché volontairement un truc… à un moment donné. Le serveur arriva et rassura la cliente en avouant.

- Ne vous en fait pas, on va rajouter a sur sa note. Il vient souvent à cette table alors, il nous paiera la prochaine fois.

Le petit geste de tête indiquant l’autre côté de l’allée commercial et le club de fitness pour appuyer le mot « souvent ». Kira lui passa devant eux, une cigarette à la lèvre, il ne fumait pas non plus à l’époque et c’était une façon de se détendre, clairement.