Comme une impression de déjà vu - PuriXToru

En ce charmant début de mois de mai, Toru avait fait le grand nettoyage dans ses affaires et ses comptes. Il s'était ainsi rendu compte qu'il était passé sous la sacrée sainte barre des dix milliards de yen. Une catastrophe à ses yeux. Il s'était donc mis à la recherche d'un boulot bien payé qui ne demanderait pas d'enfreindre la Loi. C'était devenu plus simple et plus évident pour lui avec le temps. Puis surtout, il était parvenu à rester loin de ses vieilles habitudes depuis plus de six mois et c'était une petite victoire en soi.

Il y avait bien eu un petit incident avec la Princesse d'Espagne mais rien de méchant, il n'avait ni frappé, ni tué, ni volé. Il était tout à fait resté dans les limites de la légalité même si la demoiselle avait été plutôt secouée.

Enfin, cet épisode était clos et il lui fallait de l'argent. En fouillant du côté des projets événementiels, il tomba sur une annonce qui venait de sortir. Il allait y avoir un gros événement dans le parc d'Ishin et le directeur de la sécurité cherchait du renfort pour l'encadrement de la journée. C'était le job parfait ! Il aurait juste à faire le maton pour des gens en promenade. Il n'y avait pas de quoi fouetter un chat. Le salaire était plus que correct. De plus, il y avait peu de chance qu'on le mette de côté avec un curriculum comme le sien.

Plein de confiance, Toru envoya ses références. A peine deux jours plus tard il recevait une réponse positive pour un entretien. Il s'y rendit en costard et fit bonne impression. Assez pour être appelé pour l'événement.

Cependant, alors qu'il attendait la répartition des zones de surveillances avec ses collègues d'un jour, il fut repéré par une femme magnifique. Elle aurait facilement pu être mannequin selon l'avis de l'homme à tout faire. Cette dernière sélectionna Toru et deux autres gars de son gabarit puis elle les entraîna dans une autre salle. En chemin, elle tâta les muscles de Toru en le félicitant pour sa beauté virile. Elle se présenta comme l'agente de la célébrité principale liée à l'événement sans leur révéler son nom, par habitude de discrétion sans doute. Après cela, elle leur confia l'escorte et la protection de la jeune mannequin dans ses déplacements au cours de la journée et pendant les différentes activités prévues pour la journée.

"Il faudra la suivre partout ? demanda Toru, très professionnel.
- Absolument partout. Ne la quittez pas des yeux. Un débordement est très vite arrivé."

Les trois hommes hochèrent la tête puis l'agente les mena à la loge qu'occupait la célébrité. Toru fut le dernier à entrer. Avant de la voir, la voix de la jeune femme lui paraissait familier mais il ne voulait pas trop s'avancer non plus ; la plupart des jeunes femmes avaient ce genre de voix... Mais pas CE type t'intonation. Toru ferma brièvement les yeux et s'aligna avec ses camarades pour être présenté à la princesse d'Espagne. C'était bien elle. Pas le moindre doute. Et cela l'étonnerait qu'elle ait oublié leur mésaventure hivernale.

"Puri-chan ? Je te présente tes gardes du corps du jour. Tanaka-san, Seishi-san et Konoe-san. Comme c'est un gros événement et que plusieurs milliers de personnes sont attendues aujourd'hui, l'agence a décidé que tu serais escortée jusqu'à ce soir. J'ai négocié pour qu'il n'y en ait que trois. Je te l... Excuse-moi un instant."

Le téléphone de l'agente sonna, elle décrocha et fila dans le couloir pour discuter tranquillement. Toru soupira. Cela allait être une très longue journée.

Purificación était fébrile. Après de longues semaines à parler de cet événement, à s’y préparer, le jour était enfin venu ! L’Espagnole avait assez peu dormi la veille, sans doute à cause de toute cette excitation (bon, et on taira aussi les autres raisons qui ont fait qu’elle n’a pas eu énormément de sommeil cette nuit-là), mais elle était étrangement de bonne humeur malgré tout. Elle arriva assez tôt sur place, filant dans sa loge qui avait été aménagée au rez-de-chaussée d’un immeuble non loin du parc. La pièce était immense et déjà emplie de tout ce que l’Espagnole allait devoir porter afin de défiler. Et ce n’était pas un banal défilé, non, non ! Il n’aurait pas eu lieu dans le quartier d’Ishin sinon ! Là, on parlait d’un défilé pour présenter les créations de certains des plus célèbres couturiers du monde. Et forcément, Purificación, en tant que future égérie de la marque Chanel, était la célébrité du jour, celle que tous attendaient et celle qui allait porter les plus belles pièces de ce défilé.

L’Espagnole ne cessait de sourire alors qu’elle se laissait maquiller, coiffer, pouponner… Elle fit plusieurs derniers petits tests avant le lancement du défilé, puis enfila sa toute première robe. Ce fut à ce moment-là que sa manager entra dans sa loge. Purificación ne la remarqua pas tout de suite puisqu’elle discutait avec ses habilleuses qui apportaient des retouches à sa robe. L’Espagnole tourna finalement la tête vers l’entrée de sa loge de fortune quand elle entendit le « Puri-chan ». La mannequin plissa aussitôt les yeux. Généralement, quand sa manager l’appelait comme ça, c’était mauvais signe, qu’elle avait une révélation à faire qui n’allait pas lui plaire. Elle essayait toujours de l’adoucir comme ça, mais ça ne marchait pas vraiment… Surtout pas quand on lui annonçait que trois armoires à glace allaient lui coller aux basques toute la journée !

« TANIA ! C’est hors de quest- HEY ! Reviens là ! »

Elle avait négocié pour qu’il n’y en ait QUE trois ?! Mais c’était déjà trois de trop bordel ! Et elle venait de prendre la fuite pour répondre à un appel en plus ! Quelle fourbe ! Purificación était sûre qu’elle avait fait genre de faire sonner son téléphone exprès pour ne pas que l’Espagnole ait le temps de râler et de contester sa décision. Lâchant plusieurs jurons dans sa langue natale, elle n’avait toujours pas daigné accorder un regard à ces 3 hommes.

« Vous avez pas intérêt à trop me coller, sinon mes talons finiront plantés dans vos yeux. »

Le menton relevé, l’air fier et hautain, Purificación tourna son visage vers ses gardes du corps pour voir la tête qu’ils affichaient suite à cette menace. Et c’est alors que…

« AH ! Qu’est-ce que vous foutez là, vous ?! TANIA ! Hors de question que ce psychopathe soit mon garde du corps, il a essayé de me noyer l’autre jour ! TANIA ! »

Purificación avait remonté l’avant de sa robe pour marcher comme une furie en direction de la porte d’entrée de sa loge, mais Tania était déjà partie loin et ce fut un autre homme qui se retrouva face à la lionne en colère, celui-ci lui offrant un grand sourire en lui disant qu’ils allaient commencer, faisant signe aux 3 hommes de sortir pour accompagner la star du jour.

« Mais ! Eh ! Attendez ! »

Impossible de râler davantage, Purificación était entraînée bien malgré elle en dehors du bâtiment pour se préparer à défiler pour la première fois de la journée. Cet événement allait durer jusqu’au soir et l’Espagnole commençait à déjà bien déchanter à l’idée de devoir passer la journée avec trois toutous, dont un avec qui elle avait un assez lourd passif… D’ailleurs, elle s’approcha de lui, les sourcils froncés, attrapant la veste de son costume en la serrant fermement entre ses doigts parfaitement manucurés.

« Vous avez un sacré culot de venir jusqu’ici pour jouer les gardes du corps après ce que vous m’avez fait ! Vous avez utilisé ma carte bancaire pour l’hôtel en plus ! J’ai jamais connu un pire enfoiré de toute ma vie ! »

Bon, c’était faux, elle en avait connu beaucoup des enfoirés… Mais à l’idée de passer toute la journée avec lui… Purificación se sentit frissonner de dégoût, se frottant énergiquement les avant-bras alors qu’on lui demandait d’attendre sous un petit chapiteau que le défilé commence. Comme c’était LA star du jour, on avait bien sûr gardé sa prestation pour la fin de la première présentation. La journée allait être bien longue…

Grrr ! Sérieux, c’était quoi ce petit sourire qu’il avait esquissé pendant que Purificación était en train de l’engueuler et de faire son petit scandale ? Mais l’Espagnole n’eut pas le temps de poursuivre son esclandre puisqu’on la conduisait déjà à l’extérieur pour se préparer à défiler. La jeune femme ne put s’empêcher de grogner alors qu’elle marchait en tapant bien fort ses talons contre le sol pour montrer son mécontentement (elle dut toutefois arrêter une fois dans l’herbe pour ne pas risquer de s’enfoncer). Une fois sous le chapiteau de destination, Purificación en profita pour se saisir du col de ce sale type afin de lui dire ce qu’elle pensait de lui. L’Espagnole aurait dû s’attendre à ce genre de réaction, il était un peu comme Ethan à ne jamais vouloir s’écraser comme tous les autres alors qu’elle haussait le ton et proférait des menaces, mais elle ne put s’empêcher de claquer sa langue contre son palais en l’entendant.

« Pas choisi… Vous allez vraiment me faire croire qu’on vous a chopé en pleine rue pour vous embaucher ? Arrêtez de vous foutre de ma gueule et fermez-la, on vous paie pas pour l’ouvrir. »

Niveau mauvais karma, Purificación décrochait vraiment la palme ! Surtout que son garde du corps ne s’arrêta pas en si bon chemin, lui faisant remarquer que leur proximité pourrait susciter la curiosité des paparazzis. L’Espagnole grogna des insultes en espagnol avant de repousser l’homme au niveau de son col qu’elle avait tenu juste avant (bon, avec sa force de mouche hein).

« Personne ne serait assez con pour imaginer qu’il puisse se passer quelque chose entre nous, on vit clairement pas dans le même monde. Et vous êtes pas du tout mon type Mr le Psychopathe. »

Bon, Purificación avait uniquement dit ça pour se montrer exécrable avec lui, mais normalement, elle n’aurait jamais balancé de telles horreurs. Ne pas venir du même monde ? Elle ne savait rien de ce type, mais elle, elle savait qu’elle n’était riche que depuis peu et que son enfance n’avait pas été des plus tendres. Et concernant son type… Purificación avait toujours eu un faible pour les grands bruns alors c’était un peu faux aussi. Mais son Ethan les surpassait tous

Quoi qu’il en soit, le défilé se déroula sans heurts par la suite. Purificación était comme un poisson dans l’eau à chaque passage, le port altier dans ses sublimes tenues. Elle était tellement concentrée sur les objectifs autour d’elle qu’elle ne remarqua pas ce mouvement de foule. Son regard sombre devait captiver les photographes et c’était ce qu’elle faisait. La foule ne lui importait que peu, ce n’étaient pas eux qui allaient devoir travailler son image pour renforcer encore plus sa célébrité !

À la fin de son dernier passage, Purificación soupira bruyamment en se frottant la nuque. Elle avait fermé les yeux et avait bougé doucement sa tête de gauche à droite pour essayer de détendre un peu les raideurs de son cou. Elle demanderait bien un massage… Mais alors qu’elle était perdue dans ses pensées, l’Espagnole lâcha un petit couinement de surprise en sentant une main se refermer sur son poignet. Purificación se retourna vivement vers cet intrus qui avait pénétré dans son espace vital sans sa permission, la surprise laissant place à une mine furieuse. D’où ce type se permettait de la toucher après tout ce qu’il avait fait ? L’Espagnole se dégagea d’un geste brusque, fronçant encore plus les sourcils en l’entendant.

« Parce que vous pensez sérieusement que je peux me mettre à courir avec des talons de cette taille alors qu’il faut traverser l’herbe ? C’est votre boulot de faire en sorte qu’on me foute la paix alors bougez votre cul. »

Purificación lui tourna le dos, essayant de trouver la maquilleuse de tout à l’heure afin de lui demander si un membre du personnel pourrait lui masser un peu les épaules et le cou pour chasser toute cette tension. Mais l’Espagnole fut coupée dans son élan par des voix qui s’élevaient de plus en plus fortement. Les sourcils toujours froncés, elle se tourna vers la foule et remarqua que les gens se pressaient bien trop contre les barrières de sécurité. Ouvrant de grands yeux ronds, Purificación resta interdite devant ce spectacle. C’était vraiment elle qui avait déclenché tout ça ? Est-ce qu’il voulait juste l’apercevoir ? L’Espagnole n’avait jamais eu pour vocation de devenir ce genre de célébrités inaccessibles. Elle savait d’où elle venait et si sa présence pouvait ravir des gens, alors ça lui allait. Du coup, elle ignora le conseil de Toru pour s’approcher des barrières avec son sourire professionnel. Mais c’était trop tard. Alors qu’elle allait demander à tout le monde de se calmer, une barrière céda et tomba au sol. Les deux gardes du corps qu’elle avait vu plus tôt essayaient de contenir la foule, mais c’était peine perdue.

« M-Mais ! Calmez-vous ! Ça ne sert à rien de pousser comme ça, je suis là si vous voulez des photos ou des autographes ou simplement discuter ! »

Sauf que le premier homme qui s’élança vers elle ne semblait pas vouloir de tout ça. Ou peut-être, Purificación n’en savait rien. Tout ce qu’elle savait, c’était qu’en le voyant arriver aussi vite et avec un pas aussi décidé vers elle, elle avait eu peur. Elle et les hommes, c’était une sacrée histoire… Reculant d’un pas, l’Espagnole fit encore un autre pas en arrière avant de finalement se tourner dans l’intention de courir vers le chapiteau. Son regard apeuré croisa celui de Toru.

« Faites quelques-chose bordel ! »

Purificación ne s’était vraiment pas attendue à ce que ce défilé prenne une telle tournure. Pourquoi y avait-il eu un tel mouvement de foule ? C’était certes un défilé de marque, avec de nombreux vêtements et accessoires hors de prix, portés par des mannequins pour la plupart connus, l’Espagnole étant celle qui avait le plus de notoriété parmi eux, mais quand même ! Qu’est-ce qu’ils espéraient ces gens à se presser de la sorte contre les barrières ? Purificación avait pensé que sa présence et ses mots suffiraient à tenter de les calmer : s’ils étaient aussi déchaînés parce qu’ils voulaient la voir, alors elle était prête à serrer des mains et signer autant d’autographes que nécessaire. Sauf qu’au moment où elle s’approcha justement de cette foule menaçante, les barrières cédèrent. La panique gagna aussitôt l’Espagnole en voyant un homme avancer vers elle d’un pas très décidé, bien vite suivi par plusieurs autres personnes. Purificación avait aussitôt tourné les talons pour fuir, hurlant à cet abruti qui lui servait de garde du corps de faire son boulot.

Toru était déjà tout proche et il repoussa violemment le premier homme avant de tirer Purificación derrière lui pour la protéger. Elle aurait pu répliquer quelque chose quand il lui intima de lui obéir si elle tenait à sa vie, mais l’Espagnole était vraiment effrayée. C’était assez dingue de voir comme le schéma de leur première rencontre semblait se répéter puisqu’elle se retrouvait à nouveau portée comme un sac à patates. Là encore, aucune menace ne put passer ses lèvres, jusqu’à ce qu’elle remarque qu’il prenait la direction du petit étang du parc. Ah non ! Pas encore de l’eau !

« N-Non ! Pas par là ! »

Mais Toru lui intima une nouvelle fois de se taire si elle ne voulait pas finir noyée. Purificación ne put qu’obéir, s’accrochant fermement à son costume alors qu’elle relevait la tête pour s’enquérir de l’évolution de la situation. Celle-ci était devenue complètement hors de contrôle, les gens se faisaient piétiner et le chaos régnait sur la pelouse de ce grand parc. Quand l’Espagnole entendit les sirènes des voitures de police, elle pria de toutes ses forces pour qu’Ethan ne se trouve pas dans l’un de ces véhicules. Déjà parce qu’il se ferait sans doute un malin plaisir de lui rappeler qu’elle avait réussi à déclencher une émeute (après s’être certainement beaucoup trop inquiété et énervé), mais aussi parce qu’elle avait peur qu’il se retrouve lui aussi sur le sol à se faire marcher dessus. Sa stature était imposante mais le chaos était tel que ça ne le protègerait sans doute pas.

Les larmes aux yeux, Purificación préféra fixer le sol, ou plutôt l’eau à ce moment précis. Elle tenait toujours fermement le costume de Toru, qui s’enfonça dans la boue jusqu’à arriver de l’autre côté de l’étang pour repartir en direction de la loge de la mannequin. Elle n’avait même pas été capable de lui répondre… Il avait entièrement raison, c’était sa faute si elle s’était retrouvée dans cette situation. Comme toujours en fait… Une fois assise sur sa chaise, Purificación garda la tête baissée, comme une enfant qui avait fait une grosse bêtise et venait de se faire gronder. Elle triturait ses mains pendant qu’elle entendait Toru se déshabiller. Le schéma était le même, sauf que, cette fois, l’Espagnole la ramenait beaucoup moins. Elle était très fière, mais elle savait aussi admettre quand la faute lui incombait.

« Je suis désolée… Je ne pensais vraiment pas que la situation pourrait dégénérer à ce point… »

Wow ! Purificación était en train de s’excuser ! Pour de vrai ! Toru pouvait vraiment s’estimer chanceux ! Et le meilleur était à venir !

« Est-ce que tout va bien ? On… On ne vous a pas fait de mal ? »

Non parce que bon, elle avait tellement paniqué et regardé ailleurs qu’elle ne savait pas si Toru s’était finalement pris un coup par sa faute. Elle ne l’aimait pas, mais ce n’était pas une raison pour souhaiter qu’on lui fasse du mal ! Surtout qu’il était venu à son secours ! Par professionnalisme sans doute plutôt que par envie de vraiment aider l’Espagnole, mais Purificación ne pouvait que le remercier pour ça. Et ce fut à ce moment que Tania pénétra dans la loge, toute paniquée. La mannequin releva ses yeux sombres et humides vers sa manager en hochant doucement la tête.

« Est-ce que tout le monde va bien ? Et est-ce qu’on sait pourquoi tout ça est arrivé ? »

Tania lui confia que la police essayait toujours de contenir la foule, mais qu’apparemment des gens avaient absolument voulu forcer le passage afin de pouvoir voir la grande star du jour. Quelques mannequins avaient été blessés très légèrement, mais cette annonce parvint tout de même à serrer la gorge de Purificación. Tout ça, c’était sa faute… Est-ce que ça arrivait uniquement à elle à cause de son karma tout pourri, ou est-ce que c’était le lot de toutes les grandes stars internationales ? Tania jeta un regard à Toru pour le remercier de son intervention, en profitant pour le mater un peu avant de lui proposer de lui ramener des vêtements propres. Elle quitta la pièce et Purificación resta encore un peu silencieuse avant d’oser enfin regarder son sauveur dans les yeux.

« Je sais que vous n’avez fait que votre boulot, mais… Merci beaucoup de m’avoir aidée. Et… Désolée d’avoir été aussi véhémente avec vous. »

Eh bien… Si avec ça Toru n’acceptait pas ses excuses, c’était qu’il lui en fallait vraiment beaucoup ! Purificación avait tellement mal au cœur de voir que tout ça était arrivé par sa faute qu’elle ne pouvait tout bonnement plus être désagréable avec cet homme qui lui avait, cette fois-ci, sans doute sauvé la vie.

Purificación fut vraiment soulagée d’apprendre que Toru n’avait rien. Même si elle ne l’appréciait pas du tout et qu’il n’avait fait que son travail, à sa façon, il l’avait quand même très certainement sauvée d’une mauvaise passe. S’il n’était pas intervenu… qui sait ce qui aurait pu lui arriver ? Surtout que Tania venait de lui confier que tout ça était arrivé parce que la foule avait absolument tenu à voir la star du jour... Autant dire que cette annonce avait été comme un coup de massue pour l’Espagnole qui se sentit encore plus mal. Des gens avaient été blessés par sa faute, même si elle n’avait rien voulu de tout ça et qu’elle avait simplement fait son travail. C’était dingue ce que certaines personnes étaient capables de faire simplement pour se rapprocher d’une célébrité qu’ils appréciaient !

Après le départ de Tania, Purificación se retrouva de nouveau seule dans sa loge avec son garde du corps en train de se déshabiller pour se changer. Et alors que l’Espagnole s’attendait à recevoir des paroles dures à son encontre malgré ses excuses et ses remerciements, elle resta un instant interdite aux mots de Toru. C’était vraiment ce qu’elle croyait ? Oui, aucun doute, il avait un caractère tout aussi pourri que celui d’Ethan et c’était typiquement de cette façon que son petit-ami avait tendance à lui faire des compliments lui aussi alors… La culpabilité de Purificación s’estompa l’espace de quelques secondes alors qu’un petit sourire étirait ses lèvres, jusqu’à ce qu’un léger pouffement les franchisse.

« C’est quoi cette expression de vieux ? »

Parce que c’était aussi la façon qu’avait l’Espagnole de remercier Toru pour son petit remontage de moral, même s’il était assez peu orthodoxe. Tania revint ensuite dans la pièce pour donner au garde du corps de quoi se changer, Purificación en profitant pour lui tourner le dos et fouiller dans ses affaires afin de chercher son téléphone portable et prévenir Ethan que tout allait bien. Il allait lui passer un sacré savon s’il était sur place et qu’elle ne lui donnait pas de nouvelles sinon !

Après quelques secondes, quand elle fut assurée que Toru était de nouveau dans une tenue décente, Purificación tourna son regard vers lui. Il était vraiment très élégant dans cette tenue ! L’Espagnole garda son regard rivé sur lui, hésitant un peu, avant de finalement se lancer.

« Cette tenue vous va plutôt bien. Est-ce que vous voulez que je demande à mon équipe de vous l’offrir ? Vous pourrez aller draguer avec comme ça. »

Parce qu’au final, même si c’était la deuxième fois qu’ils se voyaient, à part son nom de famille et son prénom, Purificación ne savait absolument rien de cet homme. D’ailleurs… Comment s’était-il retrouvé ici alors que la première fois qu’ils s’étaient vus, il bossait dans une supérette en bord de mer ?

« On vous a viré de votre poste à la supérette ? »

Ouais, le tact, c’était pas vraiment le fort de Purificación, surtout dans une situation comme celle-là où elle avait eu peur pour sa vie et où elle se sentait aussi coupable.

Les choses semblaient se calmer pour tout le monde. L'adrénaline redescendait peu à peu. Toru retrouvait son calme grognon. Une certaine forme de fatigue commençait à pointer son nez. Et tout le monde sait que les filtres sociaux s'amenuisent avec la fatigue. Chez Toru, cela avait tendance à réveiller de vieilles habitudes de frère protecteur, et gentil.

De ce fait, quand il aperçut le léger sourire de Purification, il lui sourit en retour. Un sourire en coin, un peu mutin. Pour Toru, la Princesse à la couronne d'Oeuf et lui-même ressemblaient un peu à deux gosses qui se remettaient de leurs émotions après une bêtise et un gros coup de frayeur. Alors quand Puri-chan rompit le fragile silence, il se mit à râler, même si ce n'était clairement que pour la forme.

"Quelle expression de vieux ? C'est pas une expression de vieux ! C'est toi la gamine étrangère qui n'a pas assez de mots de vocabulaire !"

Il souriait en disant cela, avec une petite dose de tendresse. Comme un grand frère taquinant sa petite soeur. C'était une sale manie qui ressortait facilement chez lui : il tendait malgré lui à considérer chaque jeune femme plus jeune que lui comme une petite soeur. Cela pouvait avoir son charme. Ou pas.

A l'étroit dans le costume prêté, Toru se tourna et se retourna devant le miroir en pied. Il avait du mal à croire que c'était lui. Il était beaucoup trop... efféminé fut le seul terme qui lui vint alors qu'il y aurait eu bien d'autres qualificatifs à lui attribuer. Il avait une classe certaine. Cela le confirma dans l'idée que toutes les stars paraissaient géniales parce qu'elles se pavanaient dans des tenues sublimes.

Il soupirait et secouait doucement la tête en tâtant le costume quand le compliment de Puri-chan le prit de court. Un cadeau ? Pourquoi faire ? Et puis quoi encore !? Il banda ses muscles prêt à répliquer vertement quand il se trouva décontenancé par la dernière proposition. Lui ? Draguer ? Cette idée le mit mal à l'aise et il se détourna. Il aperçut du coin de l'oeil dans le miroir que ses joues avaient changé de couleur. Cela le perturba un peu plus et il préféra s'éloigner du moindre reflet de sa personne. Pour sur, l'idée d'aller draguer d'honnêtes femmes le rendait soudainement timide. Il se contenta d'un maigre grognement.

"Non, c'est bon. J'en ai pas besoin."

Toru fut enchanté que la mannequin change de sujet. Il parvint à reprend contenance, droit comme un i près de la fenêtre. Il se tourna légèrement vers elle pour lui répondre tranquillement.

"J'ai pas été viré. Ce n'était qu'une mission temporaire pour dépanner le propriétaire de la boutique. Je suis homme à tout faire."

Toru fouilla sa tenue trempée pour récupérer ses cartes de visite, fort heureusement épargnées par les eaux. Il en tendit une à Puri-chan pour lui prouver qu'il ne mentait pas.

"Je prends des tas de missions différentes. Pour aujourd'hui, j'ai juste répondu à un appel pour un renfort de sécurité. Faut pas te prendre pour le centre du monde, Princesse. Je savais pas que tu serais ici. Et je ne savais pas qu'on te collerait dans mes pattes. Ils ont pris trois gars qui en imposaient un peu plus que les autres. J'ai fait parti du lot. C'est tout. Je suis ni un fan, ni un harceleur."

Il parlait rarement autant et s'éloigna après lui avoir répondu. A qui devait-il demander la permission de partir ? Serait-il obligé d'attendre que les forces de l'ordre aient terminé d'évacuer les lieux et les blessés ? Combien de temps est-ce que cela allait prendre ? Toru soupira puis se mit au garde-à-vous dans un coin, d'autant plus embarrassé par son costume seconde peau.

WOW ! Est-ce que Purificación avait bien vu ? Toru venait de lui sourire ? Bon, c’était presque imperceptible, mais elle était sûre d’avoir vu ses lèvres s’étirer, même juste un peu ! Mine de rien, ce simple geste de la part du garde du corps parvint à la rassurer un peu. Ce type n’était pas juste un méchant ours grognon qui faisait son travail, il avait un cœur aussi ! Bien caché sous sa masse de muscles, certes, mais il était là !

Sans doute un peu plus en confiance, Purificación se risqua à critiquer un peu la vieille expression qu’il venait de lui sortir, s’amusant de l’entendre râler plus pour la forme qu’autre chose, avant de se mettre à grogner à son tour à la fin de ses mots en gonflant légèrement ses joues.

« Bien sûr que si, c’est une expression de vieux ! Ça fait 9 ans que je suis au Japon, et c’est la première fois que je l’entends de la bouche de quelqu’un ! Ou alors c’est que vous venez d’un coin de cambrousse et que vous parlez dans votre patois local ? »

C’était une manière presque subtile de grapiller quelques informations sur Toru. Comme ils allaient certainement devoir rester ici un moment, le temps que les forces de l’ordre parviennent à endiguer un peu ce débordement à l’extérieur, c’était l’occasion ou jamais de faire vraiment connaissance avec son garde du corps. Il était ronchon et désagréable, mais ce sourire avait été suffisant pour piquer un peu la curiosité de Purificación.

Et le voir rougir, même rien qu’un peu, quand elle lui parla d’aller draguer avec ce costume qu’elle pouvait très bien lui offrir pour le remercier de lui avoir sauver la peau, ajouta encore plus à l’intérêt de la jeune femme. Purificación sentit un sourire malicieux étirer ses lèvres. Elle pouvait vraiment être une sale gosse quand elle s’y mettait, mais elle avait envie de taquiner Toru elle aussi ! Ce n’était pas juste s’il était le seul à pouvoir le faire après tout ! Mais elle préféra faire mine de changer la direction de leur conversation pour pouvoir mieux le surprendre par la suite. Elle se saisit de la carte qu’il lui tendit, la scrutant d’un œil curieux.

« Je vois… ça fait longtemps que vous faites ça ? En tout cas, je comprends un peu, mais ça ne vous fatigue pas de toujours devoir changer de travail ? Vous n’avez jamais eu envie de vous poser ? »

Est-ce qu’il n’y avait vraiment rien qui lui plaisait en dehors du fait d’aller de boulot en boulot ? Ça devait être contraignant parfois, surtout pendant les périodes plus creuses où il n’y avait aucune offre…

Purificación s’approcha de la fenêtre où s’était tenu Toru quelques instants auparavant pour pouvoir regarder la folie qui faisait toujours rage à l’extérieur. Cette vue lui tira un petit soupir triste avant qu’elle ne tourne à nouveau son attention vers le garde du corps. Tiens… Depuis quand il la tutoyait d’ailleurs ?

« En tout cas, si jamais vous avez envie de vous poser, je suis sûre que Tania serait ravie de pouvoir vous engager à temps plein comme garde du corps. Je ne suis pas la seule mannequin de l’agence alors vous pourriez très bien vous occuper d’autres personnes. Mais je crois que ma manager vous aime bien. »

Et hop ! Elle remettait sur la table le sujet de la drague ! Ce n’était pas très subtil, mais comme ils allaient encore rester coincés un peu tous les deux, elle avait envie d’en profiter ! Ce type l’intriguait… Qu’est-ce qu’il pouvait bien cacher sous cette épaisse carapace ?

Ce fut au tour de Purificación de grogner un peu à la remarque de Toru. Ils avaient l’air fin tous les deux à se répondre après avoir joué les ours à chaque fois ! Mais pour le coup, l’homme avait raison… ça avait beau faire 9 ans que l’Espagnole était arrivée au Japon, jamais elle n’avait vraiment voyagé dans le pays, à part pour se déplacer de grande ville à grande ville pour le boulot… Il fallait dire que si elle avait débarqué ici dès sa majorité, ce n’était pas par passion pour le pays ou la culture, mais simplement parce qu’une opportunité de travail s’était offerte à elle. Et même s’ils s’amusaient à se lancer des piques « amicales », Purificación ne put s’empêcher de lever son menton pour faire la fière.

« J’ai déjà fini mes études figurez-vous ! J’ai décroché mon diplôme de psychologie haut la main ! Et je vois pas pourquoi j’irais me perdre dans la cambrousse japonaise, j’ai bien assez de boulot dans les grandes villes ! »

Ce qui était idiot quand on y pensait… Purificación faisait la fière, la fille distinguée, mais elle venait elle-même d’un milieu très modeste. Pourquoi est-ce qu’elle voulait toujours se donner un genre devant des inconnus ? Elle n’était pourtant pas honteuse de qui elle était ni d’où elle venait, mais c’était toujours délicat de parler de ce genre de choses, surtout que Toru devait avoir une image déjà bien fausse d’elle à cause de son sale caractère... Pourtant, l’Espagnole avait le cœur sur la main si on mettait de côté son air de princesse.

Mais là n’était pas la question. Pour l’heure, Purificación écouta attentivement tout ce que Toru lui expliquait sur son quotidien. Elle comprenait parfaitement ce sentiment de liberté que pouvait conférer un tel mode de vie, mais l’Espagnole n’aurait très certainement pas supporté ne pas savoir de quoi le lendemain serait fait dès qu’une mission serait terminée. C’était d’ailleurs pour ça qu’elle avait fait des études de psychologie, parce qu’elle savait que sa carrière de mannequin ne durerait pas éternellement.

« Je vois… Pourtant, vous suivez les ordres de plein de personnes différentes en faisant des missions pour eux ! Mais je comprends parfaitement votre envie de vouloir faire uniquement ce que vous avez envie de faire, et je vous envie aussi d’avoir un quotidien différent d’un jour à l’autre, même si j’ai personnellement tendance à préférer le confort d’une position stable. »

Wow, la conversation devenait tout à coup super sérieuse ! Et Purificación parlait beaucoup d’elle et de ses envies avec ce type, ça ne lui ressemblait pas tellement de se confier comme ça, surtout avec quelqu’un qu’elle n’appréciait pas vraiment ! Enfin, elle ne pouvait pas encore dire qu’elle le détestait, il lui avait quand même sauvé la vie et il n’était pas si méchant au fond… Il suffisait juste de gratter un peu et… C’est ce que l’Espagnole fit en voyant que la carapace de Toru semblait s’effriter un peu dès qu’elle lui parla de sentiments amoureux. Avant ça, Purificación s’était mise à rire en voyant le garde du corps donner l’impression d’être dégoûté à l’idée de jouer les baby-sitters de mannequin à temps plein.

« Je dois avouer que je vous voyais de toute façon assez mal faire ce boulot tous les jours ! Avec moi, ça passerait, parce que je suis sympa, contrairement à ce que vous pensez sans doute de moi mais… Croyez-moi, je suis une crème comparée à certaines de mes collègues ! Et puis, vous avez raison, c’est bien plus agréable d’être proche des gens avec un petit boulot de proximité que d’être perdu dans les hautes sphères régies par l’argent. »

Sa passion pour le mannequinat était née parce que c’était grâce à elle que Purificación avait pu remonter la pente, mais son ambition première était vraiment de pouvoir, un jour, venir en aide à d’autres enfants qui en avaient besoin, comme elle en aurait eu besoin quand elle vivait encore avec ses parents.

Mais alors que Purificación pensait avoir réussi à percer une petite brèche dans la carapace de Toru, celui-ci se renfrogna aussitôt. Décidément, c’était bien difficile de lui tirer les vers du nez et de le forcer à se détendre ! Il était mille fois pire qu’Ethan en fait ! Surtout que ses mots laissèrent l’Espagnole interdite quelques secondes.

« Bah, je… Non, j’étais vraiment sérieuse ! Ça fait des années que je connais Tania et j’ai bien vu l’œil intéressé qu’elle vous avait jeté ! »

Purificación plissa ensuite les yeux en levant un peu le menton.

« Par contre, c’est certain qu’avec un comportement aussi froid, vous allez la faire fuir. Vous n’avez jamais laissé quelqu’un s’approcher de vous ? Ou alors c’est qu’en fait vous n’avez pas du tout confiance en vous ? »

Purificación n’avait pas pu s’empêcher de froncer les sourcils et de lever encore un peu plus le menton aux mots de Toru. Oui, elle ne s’était que très rarement éloignée des grandes villes depuis son arrivée au Japon, et oui, elle savait que son garde du corps avait raison mais… Elle ne comptait pas l’avouer à voix haute, il ne fallait pas déconner non plus ! Alors elle préféra croiser les bras sous sa poitrine et lâcher un petit « Pfeuh » pour toute réponse. Son silence équivalait à approuver ce qu’il avait dit, mais elle ne l’avait pas dit à voix haute, c’était le principal ! Et puis, elle ferait de son mieux pour essayer de vraiment connaître les Japonais quand elle aurait un peu plus de temps libre entre son boulot de mannequin et sa vie de famille. Peut-être qu’Ethan accepterait de faire un séjour dans la cambrousse ?

Et puis la discussion tourna à l’avantage de Purificación qui avait l’impression d’avoir un peu plus l’ascendant sur Toru à présent. Parler d’amour et de femmes ne semblait pas vraiment le mettre à l’aise, et ça la faisait beaucoup rire intérieurement. Pas méchamment, elle avait juste envie de le taquiner un peu pour essayer de percer un peu cet iceberg énorme dans lequel il se trouvait. Il n’était pas affecté par le réchauffement climatique ou quoi ? C’était dingue de voir à quel point il pouvait se renfrogner pour pas grand-chose !

« Avouez quand même que vous êtes pas hyper engageant ! Bon, je sais qu’on n’est pas partis sur des bonnes bases lors de notre première rencontre, mais vous avez toujours l’air super distant et inaccessible, comment voulez-vous que quelqu’un arrive à s’intéresser à vous si vous ne faites que fuir en vous enfermant encore un peu plus dans votre carapace ? »

Et la suite des mots de Toru laissa Purificación perplexe. Comment ça, ce n’était pas le type d’hommes qu’il fallait dans la vie d’une personne correcte ? Et comment ça, il ne pouvait pas ?

L’Espagnole avait plissé les yeux pendant tout son discours, mais alors qu’elle ouvrait la bouche pour lui répondre et lui demander de lui expliquer ce qu’il sous-entendait, la porte s’ouvrit de nouveau pour laisser Tania entrer. Purificación la laissa expliquer que la situation se calmait progressivement à l’extérieur, avant de s’approcher d’elle et Toru, attrapant sa manager par les épaules après s’être placée dans son dos. L’Espagnole la dépassait de plusieurs centimètres, et ce fut avec le visage penché vers celui de sa collègue et amie qu’elle dévisagea le garde du corps.

« Tania, il paraît que ce « charmant » garde du corps n’a pas peur de parler aux femmes et de les approcher. T’en penses quoi ? »

La manager afficha un air surpris, son regard noisette faisant des allers-retours entre Purificación et Toru. Elle finit par froncer les sourcils et dire qu’effectivement, il semblait vraiment très mystérieux, mais que c’était justement ça qui la faisait craquer. L’Espagnole resta un peu interdite devant cette révélation, avant de se dire qu’elle n’était pas forcément mieux pour avoir craqué pour Ethan…

« Bon bah voilà, puisque Monsieur n’a pas peur et que toi t’as craqué pour lui… Pourquoi vous n’iriez pas prendre un verre pour vous changer les idées après tous ces événements ? »

Tania sentit ses joues rougir légèrement alors qu’elle repoussait doucement Purificación en grognant en espagnol à son tour. Remettant ses cheveux bien en place, la manager finit par se tourner vers Toru. Elle lui attrapa la main et y glissa sa carte de visite avec son numéro de téléphone, lui disant qu’elle aimerait beaucoup pouvoir le voir en dehors du boulot. Le sourire de Purificación montrait bien toute sa satisfaction alors que Tania disparaissait à nouveau, leur disant qu’ils pouvaient sortir de la loge, mais pas encore du bâtiment.

« Eh bien voilà, vous allez pouvoir prouver à Tania que vous n’êtes pas un type froid comme ça ! Et attention à vous, je la considère comme ma sœur alors j’vous conseille de ne pas jouer les enfoirés avec elle, ni d’essayer de la noyer en pleine mer comme vous l’avez fait avec moi ! »

Purificación avait dit tout ça avec un sourire, signe qu’elle commençait doucement à ne plus trop lui en vouloir après ce qu’il avait fait aujourd’hui pour elle. L’Espagnole se rapprocha de Toru et lui donna un petit coup de coude dans les côtes.

« Allez le joli cœur, j’vous offre un café au distributeur du hall d’entrée pour fêter ça. Et puis, je ne sais pas pourquoi vous êtes persuadé que vous n’avez pas le droit d’être en couple ou que vous ne méritez personne, mais va falloir vous sortir cette idée débile du crâne si vous voulez pas finir en vieil homme à chats ! »