Avez-vous déjà vu une lionne attendrie ? [PV Ethan|

Une journée de boulot pour le moins originale se profilait à l’horizon. Purificación adorait vraiment son travail de mannequin, mais elle aimait encore plus quand on lui proposait des choses qui sortaient de l’ordinaire. Elle aimait le challenge et n’avait absolument pas froid aux yeux. Aujourd’hui, c’était direction le zoo de la ville. C’était une grande première pour l’Espagnole. Son enfance n’avait pas été des plus radieuses et elle n’avait jamais eu l’occasion de s'y rendre jusqu'à présent. C'était un peu triste de se dire qu’elle avait dû attendre ses 25 ans pour enfin y aller ! Mais elle n’allait pas y aller pour prendre du bon temps, du moins, pas tant que sa séance photo ne serait pas terminée. On lui avait promis qu’une fois qu’elle aurait terminé, elle aurait quartier libre pour faire la touriste parmi les animaux du zoo. Quittant son appartement du quartier Ishin, elle s’était habillée rapidement d’un simple jean et d’un débardeur on ne peut plus banaux. De toute façon, c’était juste le temps de se rendre jusqu’à l'entrée de son immeuble où son chauffeur l’attendait. Elle devrait porter d’autres vêtements et se faire coiffer et maquiller en arrivant alors elle n’avait pas pris la peine de se prendre la tête avec tout ça avant de partir.

L’Espagnole avait bien installé ses lunettes de soleil sur son nez. D’une, elle voulait protéger ses beaux yeux des rayons du soleil, et de deux, elle voulait éviter qu’on ne la reconnaisse. Mine de rien, elle faisait de plus en plus d’apparitions sur les magazines, parfois même en couverture. Sa carrière était vraiment lancée et même si on ne la remarquait pas autant que d’autres stars du cinéma ou de la musique, son nom commençait à se faire connaître. Il valait donc mieux rester discrète. La voiture finit par s’arrêter à l’entrée du zoo où l’attendait toute son équipe, celle qui la suivait depuis ses débuts il y a quelques années en Espagne. Elle les gratifia d’un grand sourire. Oui, un sourire ! Purificación était certes une diva la plupart du temps, mais il lui arrivait aussi d’être très agréable à vivre ! Et aujourd’hui, elle était de bonne humeur : son shooting l’excitait et elle avait hâte de passer sa première vraie journée dans un zoo. L’équipe l’amena dans une petite salle réservée habituellement aux soigneurs pour qu’elle puisse se changer et se faire maquiller.

Il fallut près d’une heure pour qu’elle soit prête : ses longs cheveux ondulant sur sa peau dénudée, ses lèvres soulignées d’une jolie couleur sombre, tout comme ses yeux, elle portait magnifiquement bien ce maillot de bain une pièce de créateur imitation serpent, mettant parfaitement en valeur sa poitrine et son fessier. Ses nombreuses cicatrices étaient parfaitement cachées grâce au travail professionnel de son équipe. Elle enfila des talons aiguilles de près de 10 cm et attendit son dernier accessoire. Pour ça, on l’amena, non sans la couvrir d’un peignoir, vers le vivarium. Car oui, on avait demandé à Purificación de poser avec ce maillot, avec un serpent dans les bras. Ça ne lui faisait absolument pas peur. Au contraire, elle se plaisait à ressentir cette adrénaline, un grand sourire ornant ses lèvres alors qu’on lui présentait la bête. Elle était magnifique ! On lui fit un petit topo de sécurité, les soigneurs restant à proximité pour intervenir si besoin était et le shooting commença. C’était terriblement grisant ! Ce fut sans doute le meilleur shooting qu’elle ait réalisé jusqu’à présent !

Maintenant que tout était fini, elle était libre ! Mais elle n’allait pas se balader en maillot dans le zoo ! Du coup, elle retourna se changer, troquant son maillot de bain pour une combi-short aux fines rayures bleues et blanches, dévoilant un décolleté assez plongeant ainsi que ses jambes qui paraissaient interminables bien qu’elle ait laissé ses talons de côté pour porter des chaussures aux talons plus épais et surtout moins hauts. Elle était déjà très grande comparée à tous les petits japonais du coin, ce n’était pas la peine d’en rajouter ! Une ceinture venant parfaire sa tenue, elle attrapa de nouveau ses lunettes de soleil. Son équipe lui avait proposé de l’accompagner, mais elle voulait en profiter seule. Ses pas la menèrent devant différents enclos, jusqu’à atteindre celui des lions. Ces bêtes majestueuses. Purificación s’arrêta, les regardant avec un œil admiratif avant que son regard ne se pose sur un petit garçon qui semblait tout aussi émerveillé qu’elle de pouvoir admirer ces animaux. Adorant les enfants, elle hésita un peu, puis s’approcha du garçon, vraiment trop craquant, remontant ses lunettes de soleil sur le haut de sa tête et s’accroupissant pour être à sa hauteur.

« Toi aussi tu aimes les lions ? Ils sont beaux hein ? Ils ne te font même pas un peu peur ? »

Purificación le gratifia d’un sourire magnifique et doux. Son cœur était de la vraie guimauve quand elle était proche d’enfants, ce qui tranchait vraiment beaucoup avec la personnalité que les adultes lui connaissaient.

***

***

Non, décidément, ce petit bout de chou était vraiment beaucoup trop craquant ! À poser ses petits doigts sur la vitre, les yeux plein d’étoiles de pouvoir admirer les lions… Purificación avait un peu hésité, mais elle n’avait pas pu résister à l’envie de l’approcher pour discuter un peu avec lui. Et son comportement parfois dur et froid avec les adultes était, à ce moment-là, tout autre. La jeune femme gratifiait ce petit homme d’un grand sourire chaleureux, lui parlant d’une voix douce. Une vraie guimauve ! Et puis, ces yeux… Vraiment, il allait devenir un bien bel homme quand il allait grandir ! Quand il lui répondit, l’Espagnole sentit son cœur fondre. Rhaaa ! Elle avait tellement envie de le prendre dans ses bras pour lui faire un gros câlin ! Mais ses parents n’allaient sans doute pas très bien le prendre et elle ne voulait pas passer pour une pédophile. Et là, en sentant ses petits doigts sur son visage et sur ses cheveux, Purificación sentit son cœur fondre. Littéralement. Il la faisait vraiment trop craquer !

« Vraiment ? Tu es un garçon très très courageux alors si même les lions ne te font pas peur ! Tu sais, ce sont les rois dans la savane ! Alors ils sont plutôt impressionnants ! Et ton papa a l’air de savoir beaucoup de choses dis-moi ! »

D’ailleurs en parlant de papa, il était passé où ? Et sa mère ? L’Espagnole resta bien à côté du garçon et ses yeux sombres se mirent à chercher dans la foule. C’était assez délicat de retrouver un parent en se basant sur le simple physique d’un enfant, mais avec de tels yeux… Purificación reporta son attention sur le petit bout qui était retourné se coller contre la vitre des lions, et resta accroupie à côté de lui pour les admirer de son point de vue. Ses parents ne pouvaient pas être bien loin de toute façon non ? Et si jamais elle voyait que personne ne semblait vouloir le décoller de la vitre d’ici quelques minutes, la jeune femme s’était juré de l’accompagner jusqu’à l’accueil afin de retrouver ses parents ou les personnes l’accompagnant. Et alors qu’elle regardait bien plus tendrement le garçon que les lions, elle sentit quelqu’un approcher d’un pas assez pressé. Elle n’eut pas à beaucoup tourner la tête pour voir qu’un homme ressemblant comme deux gouttes d’eau à ce craquant bout de chou venait de les rejoindre.

Il n’y avait aucun doute à avoir, soit c’était son père, soit ils étaient de la même famille. Purificación serra ses poings pour y poser son visage, ses coudes posés sur ses cuisses alors qu’elle était toujours accroupie non loin du garçon et de cet homme. Oh non ! C’était vraiment trop adorable ! Il le grondait fermement, mais on sentait à quel point leur lien était fort. L’Espagnole savait au fond d’elle qu’elle jalousait un peu cet amour familial, amour dont elle avait très longtemps manqué. Ca la rassurait de voir que tous les enfants n’étaient pas traités comme elle. Nathan donc… Ce prénom lui allait comme un gant ! Et il ne devait pas être très japonais au vu de ce prénom et de son physique. Purificación regarda la scène avec un grand sourire, toute attendrie, jusqu’à ce que l’homme reporte son attention vers elle. Euh… il était sérieux là ? Il voulait s’en manger une ou quoi ? Le sourire de l’Espagnole ne quitta pas ses lèvres, mais on pouvait clairement voir que cette remarque ne lui avait pas plu. Si on avait été dans un manga, une grosse veine serait apparue sur sa tempe. C’est avec ce sourire d’ange qu’elle entreprit de répondre, sa voix se faisant douce, mais acerbe à la fois.

« Seriez-vous en train de rejeter votre irresponsabilité sur moi ? »

Son regard se planta dans celui de son interlocuteur, lui faisant clairement comprendre qu’elle n’était pas le genre de femmes à se laisser impressionner par un homme. Bon, par contre, autant elle pouvait se montrer très dure avec cet inconnu, autant ce Nathan la faisait vraiment fondre.

« J’aurais très bien pu ignorer votre fils (?) et continuer mon chemin, et je n’étais pas censée savoir que son père n’avait pas eu la bonne idée de garder un œil sur lui pour ne pas le perdre. On ne vous a jamais dit de toujours donner la main à son enfant dans un endroit aussi bondé ? »

Purificación n’avait pas envie de se justifier. Ce n’était pas sa faute si Nathan avait décidé de s’éloigner de son père. Il n’avait pas l’air d’être un mauvais père vu la manière dont il l’avait grondé et serré contre lui. Il avait très certainement eu peur et elle comprenait très bien, mais elle n’aimait pas trop l’idée de devenir le punching-ball d’un parfait inconnu, simplement parce que celui-ci avait décidé de passer ses nerfs sur quelqu’un pour ne pas se jeter la pierre.

« Je veux bien comprendre que vous ayez eu peur, mais je vous conseille de ne pas vous défouler sur moi. »

Elle aurait pu lui lancer un regard noir, mais au lieu de ça, elle préféra le gratifier de son plus beau sourire, son visage toujours posé sur ses mains. C’était sans doute pire que si elle avait élevé la voix. Mais elle ne voulait pas effrayer Nathan. Il était vraiment trop mignon et elle avait vraiment, vraiment envie de lui faire un câlin.

À ce moment précis, Purificación aurait très certainement préféré que cet homme, sans aucun doute le père de cet adorable bout de chou, ne se pointe pas. Elle qui était devenue une vraie guimauve rien qu’en le voyant et qui aurait pu passer des heures à le regarder, à lui tenir compagnie et même à jouer avec lui, elle avait soudainement envie de retirer ses talons pour les planter dans les yeux de cet abruti. C’était dommage, ils étaient beaux ses yeux. Le reste aussi. Mais là, non, c’était quoi ce caractère au moins aussi pourri que le sien ? Et il essayait quoi ? De passer ses nerfs sur elle alors qu’elle avait gentiment surveillé son gosse qu’il avait perdu ? Il avait vraiment de la chance que Nathan était là, parce que sans lui, elle ne se serait vraiment pas gênée pour hausser le ton et lui faire comprendre que ce n’était pas parce qu’il était un mec et elle une femme qu’il pouvait se permettre un tel comportement. Il fallait dire que Purificación avait toujours eu du mal avec les hommes de manière générale, mais encore plus avec ceux qui se croyaient tout permis, merci Papa ! Et c’était quoi cette réponse de merde ? Wesh ? Il trouvait rien de mieux à dire cet abruti ?

« Wah… Ça c’est une réponse vraiment profonde… Je suis bluffée. »

Son sourire ne quittait pas ses lèvres, mais son ton devenait bien plus acerbe. Franchement, ça lui écorcherait la bouche de juste dire « merci » ? Purificación bouillonnait intérieurement. Elle avait tellement envie de lui en coller une ! Et quand elle entendit ses mots, elle ne put réprimer un petit pouffement de rire. C’était une image tellement ridicule, mais c’était surtout son arrêt soudain qui l’avait fait rire. Ce genre de mots n’étaient vraiment pas de ceux qu’on pouvait dire librement à côté d’un enfant sans risquer que celui-ci ne se mette à les répéter à tout va. L’Espagnole ricanait intérieurement. Allez ! Ravale ta putain de frustration et garde-la pour toi abruti ! Rhaaaa… Et c’était vraiment chiant ce yo-yo émotionnel qu’elle ressentait en compagnie de ce père et de son fils ! Elle avait vraiment envie de faire un gros câlin d’amour à Nathan, et dès qu’elle posait les yeux sur son père, elle avait juste envie de lui refaire le portrait. Il fallait vraiment qu’elle prenne des cours pour apprendre à se battre d’ailleurs…

« Et vous croyez vraiment que je vais me faire dessus simplement parce que vous me jeter un regard noir ? Il va falloir bien plus que ça si vous avez pour objectif de me faire peur. »

Purificación était agacée. Vraiment. Elle s’était relevée pour se mettre à sa hauteur. Vu le regard qu’il jetait à ses talons, il ne devait pas vraiment apprécier qu’elle se trouve presque à sa hauteur, ce qui la faisait sourire davantage. Ce mec avait l’air d’être un parfait connard macho, typiquement le genre de mec qu’elle détestait. Et là, son regard se tourna vers Nathan qui s’avançait un peu trop près de la vitre, se laissant carrément tomber vers celle-ci. Purificación ouvrit la bouche et commença à faire un pas vers lui pour éviter qu’il ne se cogne, mais fort heureusement, son abruti de père avait été plus rapide, mettant de justesse sa main entre la vitre et le front de Nathan. Ouf ! Ça lui aurait déchiré le cœur qu’il se fasse mal et se mette à pleurer !

Ayant porté la main à sa poitrine sous le soulagement, elle regarda ensuite avec un nouveau sourire son père qui visiblement était au bout de sa vie avec tout ce que lui faisait subir son adorable bambin. Et ses mots ne firent que sourire davantage l’Espagnole. Elle se moquait tellement fort intérieurement ! Elle aurait même été capable de le pointer du doigt et d’exploser de rire, mais ça n’était pas poli et elle, elle savait se comporter en adulte responsable. Purificación se contenta de coller son pouce et son index pour les faire glisser sur ses lèvres avec un grand sourire moqueur, ne pouvant tout de même pas s’empêcher de les regarder tendrement. Y’avait trop d’émotions contradictoires en elle là, c’était vraiment chiant ! Croisant les mains dans son dos, elle s’approcha elle aussi de la vitre pour regarder les lions, mais aussi pour jeter quelques coups d’œil à son petit voisin.

« Alors, il paraît que les lions ça fait graou ? C’est Nathan qui m’a appris ça tout à l’heure, il paraît que vous connaissez plein de choses. »

Purificación jeta un regard malicieux et un peu moqueur à cet homme. Elle aurait pu passer son chemin maintenant que Nathan avait retrouvé son père, mais elle avait clairement eu le coup de foudre pour sa petite bouille d’ange. Et puis, si c’était pour reprendre sa visite du zoo en solitaire… Elle aurait presque eu envie de demander à son père si elle pouvait visiter le reste du parc avec son fils, juste pour avoir le plaisir de lui donner la main. Non, décidément, elle était vraiment gaga quand il s’agissait d’enfants.

La suite des mots de ce père laissèrent Purificación sans voix. Elle était en colère contre lui, elle avait vraiment, VRAIMENT envie de lui en coller une mais… avec son gosse juste à côté… Non, elle ne pouvait décemment pas faire ça. Et puis, en y repensant, c’était tellement débile qu’elle en avait presque envie de rire. Elle était partagée par une foule de sentiments contradictoires en le regardant et en l’écoutant, et finalement, elle ne put s’empêcher de pouffer. Il était super désagréable, mais ça arrivait quand même à la faire rire. Elle essaya de reprendre son sérieux pour faire une moue faussement déçue en haussant les épaules.

« Ah… C’est dommage que je ne sois pas jolie alors, j’aurais peut-être accepté de vous le donner si vous aviez demandé. »

C’était faux bien sûr. Pourquoi aurait-elle donné son numéro à un parfait inconnu qui s’amusait à l’agresser et à être aussi désagréable avec elle ? Le pire étant que même si au départ elle avait voulu lui racler le visage contre le bitume, là, elle s’amusait de la situation. D’habitude, c’était toujours elle qui avait le plus de répondant. Là, elle venait de tomber sur quelqu’un qui avait un caractère aussi fort et aussi pourri que le sien et elle trouvait ça plutôt marrant. Et comme elle avait, elle aussi, une grande gueule et surtout pas froid aux yeux, elle persistait à lui tenir tête. Purificación n’avait pas peur de lui, quoi qu’il puisse lui dire. S’il mêlait les gestes aux paroles, alors peut-être qu’elle commencerait à avoir un peu peur, mais elle s’était tellement endurcie qu’elle n’était même pas sûre de frissonner de peur si jamais il lui faisait subir tout ce qu’il venait de lui décrire. Waw… Et dire ça juste à côté de son gosse… Heureusement que Nathan semblait bien plus préoccupé par les lions que par la conversation qu’ils pouvaient avoir.

« Ah ? Alors j’ai un joli visage finalement ? Je suis désolée, mais même avec un visage aussi impassible, des mots restent des mots. Ça ne m’effraie absolument pas, il va falloir faire mieux que ça Mr le psychopathe. »

Elle ne savait pas s’il était capable de telles choses et sans doute que son côté joueur et téméraire lui vaudrait un jour de se retrouver morte dans un caniveau, mais elle s’en foutait. Si c’était son destin, elle l’accepterait, non sans s’être défendue avant. Elle avait subi pendant si longtemps, elle ne voulait plus se taire et avoir peur. Purificación voulait profiter au maximum de cette deuxième vie qui s’était offerte à elle quand elle avait pu quitter le domicile de ses géniteurs pour aller vivre chez sa tante et son oncle. Et même s’il l’avait fait rire avec sa remarque précédente, elle n’avait pas pu s’empêcher de lui adresser un regard assez dur pour accompagner ses derniers mots. Dieu qu’il l’énervait ! Si elle avait eu plus de force qu’une mouche, elle l’aurait envoyé valser de l’autre côté de cette foutue vitre pour qu’il aille nourrir les lions que son fils aimait tant ! Mais son agacement s’envola bien vite pour laisser place au soulagement en voyant que le père de Nathan était intervenu au bon moment pour l’empêcher de se cogner violemment la tête contre la fameuse vitre. Soulagement mêlé à la moquerie en voyant que l’homme semblait avoir mal. NYAHAHA ! Elle se retenait tellement de jubiler !

Purificación décida de mettre tous ces mauvais sentiments de côté alors qu’elle approchait de la vitre. Elle craquait définitivement pour ce petit bout de chou même si son père était un parfait connard. Elle avait presque l’impression de se trouver devant un miroir et de voir son reflet avec un corps d’homme. L’Espagnole aurait pu continuer à lui cracher son venin au visage, mais elle ne voulait pas pourrir sa première visite d’un zoo. Ça devait rester un bon souvenir ! Et là, Purificación se mit à fondre. Vraiment. Elle avait envie de hurler qu’ils étaient trop mignons, elle avait envie de leur faire un gros câlin et tout plein de bisous ! C’était TROP adorable ce « graou » qu’ils avaient échangé ! Elle aurait tellement voulu kidnapper Nathan et s’enfuir avec lui ! C’était dingue ce qu’il était craquant, elle ne voulait juste plus le quitter ! Et avec tout ça, elle en avait oublié qu’elle était en colère contre son père. Ce petit était magique, vraiment. La surprise chassa finalement cet air attendri sur son visage. Merde… Elle avait bien entendu ? Purificación plissa les yeux en fixant l’homme, certaine que son cerveau lui jouait des tours. Il venait vraiment de s’excuser là ? Elle avait tellement envie de renchérir, de recommencer à cracher son venin mais ses yeux se posèrent sur Nathan. Elle soupira et afficha finalement un doux sourire.

« Excuses acceptées. Je me doute qu’il est difficile de garder son calme en découvrant que son enfant a disparu. Et je m’excuse aussi. J’étais trop fébrile à l’idée de faire ma première excursion dans un zoo que j’ai complètement fait abstraction du reste. »

Voilà, au moins, les torts étaient partagés et ils s’étaient tous les deux excusés. Bon, ça empêchait pas qu’elle avait toujours la furieuse envie de lui exploser la tronche contre la vitre mais… Son envie se faisait moindre à chaque fois qu’elle regardait son fils. Bon et maintenant ? Elle était censée rester plantée là ? Elle voulait tenir la main de Nathan bordel ! Rien qu’un peu ! Mais elle voulait aussi visiter le reste du zoo… Cruel dilemme. Fixant ses chaussures à talons, Purificación prit la décision de laisser ce père et son fils profiter d’une sortie en famille. Elle n’avait rien à faire avec eux. Elle afficha un nouveau sourire alors qu’elle tournait son visage vers le père.

« Faites attention à ne pas le laisser filer une nouvelle fois, quelqu’un pourrait bien avoir envie de kidnapper une bouille aussi adorable ! Genre… Moi. Profitez bien ! »

Elle leur fit un petit signe de la main alors qu’elle sentait son cœur se serrer à l’idée de se retrouver seule pour la suite de sa visite, mais bon. Tant pis. Elle allait se changer les idées en allant voir les tigres ! Elle préférait les lions, mais les tigres avaient eu aussi quelque chose de beau et de majestueux. Un peu comme ce mec, si on mettait de côté son caractère de merde.

« Qu- »

Purificación se figea. Est-ce qu’il venait juste de la traiter de conne ? De conne ?! Il avait vraiment osé le faire ? Les yeux sombres de l’Espagnole le fixèrent, dérivant vers le petit bout de chou qui était toujours bien trop proche pour qu’elle puisse laisser vraiment éclater sa colère. Oh putain… OH PUTAIN ! Elle avait tellement envie de lui éclater la tronche, là, tout de suite, maintenant ! Un nouveau sourire se dessina sur ses lèvres, mais on voyait bien qu’elle se retenait d’exploser, en témoignaient ses poings fermés contre ses cuisses. Oh… Si tu savais Monsieur le beau gosse… Si tu savais à quel point Purificación avait envie de délicatement poser ses mains sur tes joues, les caressant un peu, avant d’y exercer une petite pression pour finalement se faire rencontrer violemment ton visage et un de ses genoux… Elle aurait sans doute mal si elle faisait ça et de toute façon, vu la carrure de cet abruti qui se croyait tout permis, elle ne parviendrait pas à réaliser ses rêves les plus fous à l’instant, mais rien que le fait d’imaginer sa tronche potentielle après ce coup fictif parvenait à l’aider à contenir ses pulsions meurtrières.

Bon, elle avait réussi à être un peu moins fâchée quand il s’était finalement excusé. Et puis, c’était compliqué de se sentir aussi partagée entre l’envie de devenir une folle furieuse pour défoncer la tronche de cet abruti et l’irrésistible impression de fondre à chaque fois que ses yeux se posaient sur le rejeton de ce sale type. Quoiqu’il en soit, Purificación ne comptait pas s’immiscer davantage dans cette sortie en famille et préféra les quitter, un peu à regret, pour s’éloigner vers l’enclos des tigres. L’Espagnole fut tirée de sa contemplation par quelque chose qui s’agitait dans le coin de son œil. Tournant un peu la tête, elle put voir le père et surtout… AAAAAAAH ! Comment il était trop adorable à lui faire coucou avec ses petits doigts boudinés ! Et ce sourire ! ET CETTE QUESTION ! Purificación se sentir défaillir sous tous ces assauts contre son petit cœur en guimauve. Si elle voulait rester avec eux ? Bien sûr qu’elle voulait rester avec cet adorable bout de chou ! Son père par contre... Il ne voulait pas aller se faire voir chez les grecs ? Et vu la tronche qu’il tirait, il n’avait pas tellement l’air de vouloir que la demoiselle reste avec eux. Et rien que pour ça, mais surtout pour Nathan…

« Oh mais il ne m’embête pas du tout, au contraire ! Ça me ferait vraiment plaisir de pouvoir rester avec vous ! »

Nyahaha ! Purificación tourna son visage vers le père en lui adressant un sourire moqueur. Allez ! Assume maintenant ! Assume de ne pas avoir dit non à ton gosse ! L’Espagnole se rapprocha d’eux, toute contente de pouvoir passer encore un peu de temps avec cet adorable bambin pour qui elle avait vraiment eu un gros coup de cœur.

« Au fait… Si on passe encore un peu de temps ensemble, autant qu’on se présente non ? Parce que je ne vais peut-être pas vous appeler « Hey » tout le temps. »

Elle connaissait déjà le prénom de Nathan après tout ! Et même si elle l’aurait plutôt appelé « Hey, l’enfoiré », elle préférait rester sobre. Offrant un tendre sourire au petit bout, elle décida de se présenter auprès de celui qui semblait le plus ravi de sa présence.

« Mon prénom est un peu compliqué, alors vous pouvez m’appeler Puri. »

Purificación était vraiment heureuse de voir que Nathan semblait aussi ravi à l’idée de passer un peu de temps en sa compagnie. Ce gosse avait vraiment refait sa journée !

« Est-ce que vous venez d’arriver ou vous avez déjà été voir d’autres animaux à part les lions ? »

L’Espagnole était soudainement bien plus enthousiaste à l’idée de voir tous ces animaux avec Nathan. Son père ? Ouais, bah il pouvait toujours jouer les accompagnateurs s’il voulait. Si c’était pour être désagréable avec elle, elle préférait l’ignorer et se concentrer sur ce petit bout. D’ailleurs, elle mourrait d’envie de lui acheter un petit souvenir… Purificación s’approcha de l’oreille du père afin que Nathan ne puisse rien entendre.

« Est-ce que vous me laisseriez lui acheter un petit souvenir ? J’ai cru comprendre qu’il adorait les lions, alors j’aimerais beaucoup lui offrir une peluche. »

L’Espagnole se recula un peu pour attendre la réponse de l’intéressé. Après tout, même s’ils semblaient seuls tous les deux dans ce zoo, rien ne disait que Mme la maman de Nathan n’attendait pas ailleurs ou n’était pas en train de travailler. Purificación osa poser un regard sur les mains de cet homme afin d’essayer d’y trouver une trace d’alliance ou quelque chose dans ce goût-là, mais elle n’avait pas trop envie de se faire griller et n’avait pas trop envie non plus de lui demander clairement. Ils ne se connaissaient pas et ce n’était pas vraiment un sujet qu’on pouvait aborder à la légère, surtout parce qu’il pouvait se révéler douloureux pour le principal intéressé.

Rien que pour voir la tronche de cet abruti, ça avait vraiment valu le coup d’accepter la proposition de Nathan de les accompagner. Purificación se réjouissait vraiment de passer du temps avec cet adorable bout de chou, mais elle se réjouissait aussi de pouvoir pourrir un peu plus son père. Il allait regretter d’avoir été aussi désagréable avec elle ! Elle n’avait pas pu lui hurler dessus ou essayer de lui sauter dessus pour l’agresser à cause de Nathan, alors elle allait trouver un moyen plus fourbe de le lui faire regretter, le tout en passant, elle, un super moment. Il ne pouvait pas en être autrement avec ce sourire que ce gosse lui offrait. Ethan donc. Dommage, Enfoiré, ça lui allait mieux. Bouaf, ça commençait par la même lettre. Au moins, avec cette précision, elle commençait de plus en plus à se dire, en plus de leur physique, que cette petite famille n’était pas d’ici. Est-ce que la mère était japonaise, raison de leur présence ici ? Et ce grand sourire de la part de Purificación disparut, ses yeux se plissant alors qu’elle sentait bien que cet abruti était clairement en train de se foutre de sa gueule. Elle ne parlait pas français alors elle n’avait pas compris la blague, mais elle avait clairement senti un truc.

Elle aurait pu dire quelque chose, mais à les voir comme ça tous les deux, en train d’essayer de prononcer son diminutif… Okay, elle craquait. Elle craquait et elle s’en voulait vraiment de le faire parce qu’elle commençait à en avoir marre de ne plus savoir sur quel pied danser avec cet Ethan à la noix. Il était vraiment canon en plus, dommage qu’il y avait autant de merde qui sortait de sa bouche quand il ne parlait pas à son fils. Et il avait un beau sourire. Mouais, il suffirait peut-être juste de lui couper la langue ? Purificación les regardait avec un sourire attendri, toute contente que Nathan ait réussi à bien prononcer son diminutif, gardant cet air de guimauve alors que le père tournait son visage soudainement plus dur vers elle, ce qui la fit sortir de sa bulle toute rose bonbon.

« Purificación. C’est toujours un peu compliqué à prononcer pour les gens d’ici, donc ça me va si vous m’appelez simplement Puri. Je n’ai pas trop envie que vous passiez votre temps à écorcher mon prénom. »

Bon, parfait. Ils n’avaient pas vu beaucoup plus de choses qu’elle alors. Ils allaient pouvoir passer un looooong moment ensemble. Cette pensée fit presque ricaner la demoiselle, qui tourna soudainement un visage surpris vers son interlocuteur. Surprise qui laissa finalement place à un petit pouffement.

« Sérieux ? Si vous voulez, ça vous décoincera peut-être un peu comme ça. Alors, c’est quoi votre animal préféré ? Les lions aussi ? Ou peut-être les serpents… Ouais, les serpents ça vous va bien quoi que… ils ont l’air quand même bien plus dociles. »

Elle venait de faire un shooting avec un énorme serpent et elle se sentait presque plus à l’aise avec le reptile qu’avec cet homme. Quoiqu’il en soit, ça ne la dérangeait pas de lui offrir un petit quelque chose à lui aussi. D’ailleurs, peut-être même que ce cadeau pourrait se révéler être une bonne occasion de le faire chier un peu plus.

« On va peut-être attendre la fin non ? Pas que ça me gêne de vous voir vous trimballer avec vos cadeaux, mais vous profiterez certainement beaucoup moins. »

Purificación ne cessait de regarder Nathan. Dieu qu’il était adorable ! Elle avait terriblement envie de tendre ses bras vers lui pour lui faire un gros câlin ! Mais comme il était dans les bras de son père, ça impliquerait de lui faire un câlin à lui aussi et… Ouais, nan. L’Espagnole reporta ensuite son attention sur les tigres. Il ne fallait pas oublier qu’elle était là, au départ, pour profiter de tous les animaux du parc.

« Je suis déjà allée au vivarium tout à l’heure, mais ça ne me gêne pas d’y retourner avec vous. Peut-être que je pourrai revoir mon copain que j’ai pu porter sur mes épaules. Est-ce qu’il y a un sens de visite ? J’aimerais aussi beaucoup voir les girafes ! Elles sont magnifiques avec leurs longues pattes et leur long cou ! Et elles ont la langue toute bleue ! Oh ! Attendez ! »

Voilà, Purificación était vraiment à fond. Elle s’éloigna quelques instants du père et de son fils pour revenir avec plein de gros sachets de nourriture, un grand sourire étirant ses lèvres. Il n’y avait pas énormément d’animaux qu’on pouvait nourrir avec ces petits pop-corn, mais elle savait qu’il était possible de nourrir les girafes avec et elle savait aussi qu’il y avait un petit enclos avec plein de petits animaux pour les enfants, avec des lapins, des petites chèvres et tout le tralala. L’Espagnole était devenue pire qu’un gosse. Elle trépignait d’impatience à l’idée de pouvoir voir tous ces animaux et de pouvoir s’extasier devant eux avec Nathan. Elle avait trouvé l’homme de sa vie, elle en était certaine.

Purificación n’avait pas pu s’empêcher d’afficher une mine surprise en l’entendant l’appeler par son prénom entier. Bah mince… Il parlait espagnol ou quoi ? Sa prononciation n’était pas parfaite, mais c’était déjà mille fois mieux que tout ce qu’elle avait pu entendre de petits japonais qui s’essayaient à le faire. Ça lui faisait plaisir mine de rien, elle en aurait presque rougi si ça n’avait pas été lui qui l’avait prononcé. Peut-être même qu’elle aurait eu des petits frissons. Non, elle avait juste été surprise. Agréablement pour le coup. Surprise agréable qui disparut bien vite quand Ethan reprit la parole pour lui répondre froidement, et en espagnol. Okay, donc il comprenait bien la langue visiblement. Dommage. Purificación aurait bien aimé pouvoir l’insulter de tous les noms possibles et imaginables dans sa langue natale sans qu’il ne comprenne rien. Ses poings se serrèrent à nouveau, son sourire s’élargissant alors qu’elle se retenait de toutes ses forces de lui sauter au visage pour le défigurer à coups d’ongles manucurés. Elle répondit bien sûr en espagnol.

« J’aimerais tellement que votre beau visage rencontre violemment mon genou, mais ça ne serait sans doute pas assez douloureux. Je suis sûre que mon ami le serpent serait d’accord pour vous attaquer et vous défigurer en un battement de cils. Ne vous inquiétez pas, je conserverai vos yeux dans un bocal avec un peu de formol pour le poser sur ma table de chevet en guise de trophées. Je rajouterai une petite étiquette avec écrit « le sale con du zoo ». »

Sa réplique la fit soupirer assez bruyamment. Bordel, il passait un moment au zoo avec son fils qu’il semblait aimer profondément et la seule chose qu’il trouvait à faire c’était de lui balancer des répliques cinglantes comme ça ? Purificación était en colère, vraiment. Elle était sur le point d’exploser et devait faire des petits exercices de respiration pour réussir à se contenir. Ah… Nathan… Si tu savais ce qu’il serait arrivé à ton papa d’amour si tu n’avais pas été là ! C’était tellement plus simple de juste balancer ce qu’on avait sur le cœur ! Mais l’Espagnole ne voulait pas risquer d’effrayer ce petit ange. Si elle pouvait pourrir cet enfoiré juste en passant du temps avec eux, alors elle allait s’en donner à cœur joie !

Elle s’éloigna pour acheter du popcorn, plusieurs gros sachets, revenant toute guillerette. Elle n’allait plus se formaliser de l’attitude de connard de cet Ethan et allait se concentrer sur Nathan. Lui, il était vraiment adorable. Elle allait passer un bon moment au zoo, en sa compagnie. L’autre, elle allait se contenter de l’ignorer sinon elle allait finir par lui faire mal. Vraiment mal. Elle ne dit rien quand le père se servit à grosses poignées dans le popcorn, en donnant quelques-uns à Nathan qui les mangea sous le regard tendre de Purificación. Non, il était vraiment trop mignon ! Comment un enfoiré de ce genre pouvait engendrer une telle merveille ? Sa mère devait avoir joué un grand rôle là-dedans, aucun doute là-dessus. Il avait son physique, mais certainement pas son caractère. La demoiselle se pencha un peu vers Nathan, un doux sourire sur les lèvres.

« Ne mange pas tout le popcorn Nathan ! Sinon tu ne pourras plus nourrir tous les animaux qu’on va croiser ! »

Et elle lança un regard plein de sous-entendus à son père, espérant que son fils allait le gronder pour qu’il arrête de tout bouffer. Elle allait tellement se venger avec les cadeaux qu’elle comptait quand même leur acheter à tous les deux à la sortie ! Elle en ricanait d’avance ! Et soudain, un frisson parcourut toute l’échine de Purificación après un contact électrisant au niveau de sa main. Les yeux grands ouverts sous la surprise, son regard sombre se baissa jusqu’à voir sa main et… ces petits doigts potelés qui l’enserraient. AAAAAH ! Il lui tenait la main ! IL LUI TENAIT LA MAIN ! L’Espagnole sentit son cœur louper un battement et ses joues se teinter de rouge alors que ses jambes manquaient de lâcher. Là, c’était l’attaque ultime ! Le coup de foudre existait bel et bien, et le cœur de Purificación venait d’être violemment frappé juste par ce petit contact parfaitement innocent.

Toute sa colère s’était envolée. Elle ressentait un bonheur immense, une vague de chaleur l’envahissant. Non, décidément, il n’y avait rien de tel qu’un enfant pour la rendre aussi heureuse. Elle en avait presque les larmes aux yeux et elle n’avait plus qu’une envie, le prendre dans ses bras, lui caresser tendrement les cheveux et lui faire plein de bisous sur tout le visage ! Ah… Si seulement elle n’était pas une simple inconnue… Ses longs doigts fins se resserrèrent autour de ceux de Nathan, son regard profondément tendre et son sourire témoignant du grand bonheur qu’elle ressentait en cet instant. Elle était tellement heureuse qu’elle ne comprit pas l’allusion que l’enfant avait pu faire. « Comme ça, on est comme eux. » Si l’Espagnole n’avait pas été aussi chamboulée, elle aurait peut-être pu se dire que cette petite phrase signifiait que sa maman n’était pas souvent là, qu’elle lui manquait peut-être ou même qu’elle n’était plus là du tout. Ou peut-être que ce n’était que pour cette sortie qu’elle lui manquait ? Non, une maman ne se remplaçait pas aussi facilement, pas juste pour une sortie, pas juste avec une inconnue. Ce furent les mots d’Ethan qui la tirèrent de sa bulle de bonheur. Surprise d’abord, en sentant que ça lui avait été douloureux de prononcer une telle phrase, Purificación n’eut pas la force de répliquer quelque chose de cinglant ou de refuser.

« Pas de problème pour moi. »

Elle était tellement sur son petit nuage qu’elle n’avait pas réussi à aligner plus de mots, lui offrant même un sourire vraiment doux et sincère qui témoignait de sa volonté de faire en sorte que la fin de la visite se passe pour le mieux. Ils pouvaient bien faire ça. Pas pour eux, mais pour Nathan. Purificación montra alors un petit panneau du doigt qui indiquait le parc des singes.

« On continue avec les singes ? Peut-être qu’on pourra réussir à leur donner à manger ! »

La jeune femme ne lâchait plus cette petite main qui serrait la sienne. Elle aurait tant voulu que ce moment ne s’arrête jamais ! Leur pas les menèrent donc jusqu’aux singes qui s’amusaient à escalader des arbres et à se poursuivre sur des parcours. Le regard de l’Espagnole se posa sur un gros singe tout renfrogné qui semblait bouder tout seul dans son coin en regardant les autres. Purificación s’accroupit pour se mettre à hauteur de Nathan, s’approchant de son oreille avant de pointer le fameux singe.

« Tu ne trouves pas qu’il ressemble un peu à papa celui-là ? »

Aaaaah ! Ce que ça faisait du bien de se lâcher un peu ! Finalement, ce n’était pas plus mal qu’il comprenne l’espagnol, Purificación avait pu dire le fond de sa pensée sans risquer de choquer le pauvre petit Nathan en s’exprimant dans sa langue maternelle. Elle était fière, vraiment ! Elle était certaine que sa réplique allait avoir son petit effet mais elle finit par se figer en ouvrant de grands yeux, ses sourcils se fronçant bien vite, avant qu’un petit sourire satisfait se dessine sur ses lèvres.

« Suc-… Okay, je vois. Vous êtes jaloux c’est ça ? Vous savez quoi ? Le soigneur est plutôt sympa, je suis sûre que vous passeriez un bon moment en le suçant vous aussi. »

Non mais sérieusement, il la prenait pour qui ? Une fille facile qui passait sous le bureau pour profiter de plein de privilèges ? Jamais Purificación ne s’abaisserait à faire une telle chose, elle avait bien trop de fierté et d’amour propre ! Mais puisque c’était ce qu’il pensait… Autant jouer là-dessus et renchérir non ? De toute façon, ce n’était pas comme si elle était amenée à le revoir, même si elle crevait d’envie de revoir ce petit ange encore et encore. L’Espagnole luttait de toutes ses forces pour ne pas finir par s’emporter et ce qui l’énervait encore plus que ses piques, c’était l’air suffisant et calme qu’il affichait malgré tout. Non, rien à faire, il la mettait vraiment hors d’elle. Et Purificación avait tenté une petite manœuvre pour l’avoir en passant par Nathan, mais sa tentative fut un bel échec. Le pire était qu’elle aurait pu répliquer, mais sa bouille bien trop adorable l’empêchait de lui dire qu’il fallait vraiment garder la nourriture pour les animaux. Le voir mastiquer ses petits popcorns parvenait même à faire apparaître des petites étoiles dans les yeux du mannequin.

Et au moment où Nathan attrapa sa main, Purificación en eut presque les larmes aux yeux tellement elle était heureuse. Ce simple petit contact avait fait s’envoler toute la colère qu’elle ressentait à peine deux secondes auparavant pour Ethan. Il n’y avait aucun doute là-dessus, ce petit bout était vraiment l’homme de sa vie, elle en était certaine ! Et puis, même si elle était super heureuse, en voyant ce gros singe grognon, elle n’avait pas pu s’empêcher de tacler à nouveau le père. C’était limite devenu un sport pour l’Espagnole qui sentait qu’elle allait y prendre goût, surtout en voyant la tronche qu’il avait tirée. Mais le pire furent les mots de Nathan. Pouffant d’abord, mettant sa main devant sa bouche pour essayer de se retenir, ce fut finalement un rire franc qui passa ses lèvres. Purificación était même obligée de se tenir le ventre tellement elle riait, des petites larmes perlant aux extrémités de ses grands yeux sombres.

« Tonton Yote a bien raison ! C’est vrai que ton papa ressemble bien plus à l’ours là-bas même si je soutiens qu’il y a quelques ressemblances avec ce gros singe. »

Essayant de se calmer en essuyant ses larmes d’un revers de main, Purificación lança un regard malicieux et satisfait à Ethan avant de se concentrer sur son petit ange qui balançait son popcorn comme une brute. Il était vraiment trop trop craquant ! L’Espagnole ne se lassait pas de le regarder tendrement, sans doute encore plus tendrement qu’une maman aurait pu le faire avec son enfant. Reprenant la main de Nathan dans la sienne, Purificación ne put se retenir d’exploser de rire quand ils passèrent devant le fameux ours. Non, franchement, c’était vraiment risible ! Ce moment au zoo n’était pas si terrible que ça finalement, le père semblait même avoir décidé de ne plus répondre à aucune des piques que lui lançait l’Espagnole, jusqu’à cette phrase. Intriguée, Purificación tourna sa tête pour découvrir… Fronçant les sourcils si fort qu’ils auraient pu fusionner et ne faire qu’un, elle ouvrit la bouche pour répliquer quelque chose de vraiment méchant en espagnol, mais elle fut coupée dans son élan par le père et son fils qui riaient aux éclats.

Purificación ne put s’empêcher de les trouver parfaitement adorables même s’ils étaient littéralement en train de se foutre de sa gueule. Et quand Ethan tourna son regard vers elle, l’Espagnole lui offrit son plus beau sourire, signe qu’elle comptait bien se venger comme il fallait de cette blague bien pourrie. Papa est un gros connard, mais il va bientôt le regretter !

« Papa doit avoir du caca de rhinocéros dans les yeux ! Et peut-être même dans la bouche vu toutes les bêtises qu’il raconte ! Oh mais… Regarde Nathan ! On est arrivé à la boutique avec toutes les peluches ! Ça te ferait plaisir que je t’en achète une en souvenir de notre rencontre ? »

Ni une, ni deux, Purificación les entraîna tous les deux dans la boutique, s’emparant de la peluche la plus grosse de lion en faisant un clin d’œil à Nathan. Avec ça, il n’allait pas pouvoir refuser, sinon nul doute qu’une crise de colère et de larmes allait survenir dans la boutique ! Mais l’Espagnole comptait bien tenir sa parole. Elle tendit le lion à Nathan qui disparut presque derrière tant il était grand et attrapa une autre peluche qu’elle colla sur le nez d’Ethan.

« Voilà, chose promise, chose due ! J’avais dit que je vous achèterai un cadeau à tous les deux, je vous offre cette peluche. Comme ça, vous penserez à moi à chaque fois que vous la verrez. »

Purificación frotta avec un peu d’insistance la peluche sur la tronche du père avant de la lui laisser dans les mains. Elle avait décidé de jouer le jeu encore une fois en lui achetant une peluche moins imposante que le lion mais quand même assez grosse, d’un de ces fameux cochons qu’ils venaient de voir. Voilà. Il penserait à elle en la voyant ET il allait se taper la honte jusqu’à ce qu’ils retournent chez eux. L’Espagnole priait même pour qu’ils aient à emprunter les transports en commun ! Mais finalement, une petite pointe de tristesse put se lire sur son visage alors qu’elle s’accroupissait pour regarder Nathan avec son gros lion. Elle avait terriblement envie de lui faire un gros câlin avant de le quitter. Purificación fit une petite moue, se mordant l’intérieur de la joue, avant de finalement jeter un regard presque implorant à Ethan, lui demandant implicitement la permission de prendre son fils dans ses bras alors qu’elle tendait ses derniers devant elle. Et là… Son bonheur fut incommensurable. L’Espagnole était vraiment aux anges ! Elle ferma les yeux et enlaça tendrement ce petit bout de chou qui lui avait permis de passer le meilleur moment de toute sa vie.

« Merci beaucoup d’avoir bien voulu que je vous accompagne pour cette visite du zoo, j’ai vraiment passé un très bon moment ! J’espère qu’on se reverra ! »

Purificación ne put s’empêcher de caresser tendrement les cheveux de Nathan en se décollant de lui, s’empressant de lui faire un bisou sur la tête avant de se relever. Elle s’inclina poliment devant Ethan, même si elle avait bien envie de lui transpercer le pied avec un de ses talons, mais elle était un peu trop triste de devoir les quitter malgré tout. Elle avait passé un très bon moment et avait bien rigolé, même si elle avait aussi été furax à plusieurs reprises. Non, décidément, ça avait été un excellent moment. Purificación tourna donc les talons en leur faisant un petit signe de la main, un léger sourire sur les lèvres à cause de son cœur serré. Dieu que son appartement allait lui sembler silencieux après cette rencontre...