« Ben... déjà on aurait une cabane ! » (ft Alex)

Koh Lanta : la Bataille des Duos !

Laisser ma jalousie s’exprimer en plein milieu du câlin ? Check ! Oui mais c’était plus fort que moi… J’étais jalouse, inutile d’essayer de le nier, c’était marqué en plein milieu de ma figure. Et puis c’était plus fort que moi franchement.

Je suis pas sûre que “mignonne” et “jalouse” aillent bien ensemble tu sais….

Répondis-je, un sourire au coin des lèvres dans une petite moue. Je préférer m’attarder là dessus plutôt que de cogiter à la phrase laissée en suspend d’Alex. “Même si on n’était pas…” quoi ? En temps normal, je ne me serais sans doute pas formalisée de cette absence de termes -depuis le début, on galérait à s’étiqueter de toute façon- mais il fallait bien admettre que l’environnement “Koh Lanta” nous mettait un peu à fleur de peau. Heureusement que j’avais le nez dans son torse pour qu’il ne voit pas mon air déconfit. Air que je pris soin de faire disparaître juste avant qu’on ne brise le calin pour rejoindre les autres.

Une menace de privation de câlins plus tard -menace qui semblait diablement efficace d’ailleurs- et il acceptait enfin d’arrêter de s’excuser. Cette histoire étant réglée, on rejoignit le reste de notre tribu pour prendre des forces avant l’épreuve.

Quelques minutes plus tard et on nous filmait au pas de course, petites foulées stylées, en train de rejoindre l’emplacement de la plage où Denis nous attendait. A la télévision, ça devait sûrement rendre très bien, mais bon l’équipe rouge dut refaire la scène 3 fois car certains couraient plus vite que d’autres, et ça devait être hyper rébarbatif…

On finit tout de même par y arriver et Denis put nous présenter la nouvelle épreuve. Si je me perdis quelques secondes à zieuter Alex du coin de l’oeil -et je regrettais franchement de ne pas avoir d’appareil photo, il avait LITTERALEMENT des étoiles dans les yeux alors qu’il dévisageait Denis- je me concentrai bien rapidement à nouveau sur les instructions, car il n’y avait rien de pire que de mal comprendre les règles !

On eut alors droit à quelques minutes pour définir notre plan de bataille, et motivée comme jamais, je m’empressai d’engager la discussion avec quelques idées, globalement acceptées par le groupe, à l’exception peut être de Julie qui n’avait pas l’air enchantée à l’idée d’être trimballée dans ce harnais. Alex lui fit un petit speech de remotivation qui sembla la rassurer.

- On ne force personne.

Approuva Sam, tout en me jetant un coup d’oeil en coin pour s’assurer qu’on ne me forçait pas non plus si Julie se débinait. J’hochai la tête d’un air assuré. Si je me sentais capable de le faire ? J’étais motivée, c’était déjà ça. Après...avec le stress, pour sûr, ça pouvait mal se passer, mais j’avais probablement plus de force de caractère et de détermination que Julie, alors dans ces circonstances je faisais une meilleure candidate au harnais.

- OK pas de souci pour moi d’y aller, j’vous fatiguerai plus les bras que Julie mais je ferai de mon mieux !

Stratégiquement, Julie et ses 50 kilos tout mouillés -ok, j’exagérais peut être un peu…- serait bien plus facile à manier que mes 67 kilos mais on n’allait pas chipoter. Et puis, entre Sam, Alex, BP et Devon, on avait suffisait de gros bras pour que je ne m’écrase pas comme un sac à patate, non ?
On finalisa le plan, chacun bien au fait de ce qui lui incombait, et juste avant de partir dans mon nouveau siège, j’eus droit à une petite boutade d’Alex. Je répondis par un petit sourire, ne me laissant pas déstabiliser.

- Jamais. La pression, à part en bouteille, ça n’existe pas chez moi.

Répliquai-je dans un clin d’oeil, avant d’aller m’installer dans le harnai, ajustant les sangles correctement pour éviter d’être mal à l’aise. Lorsque tout le monde sembla être en place dans toutes les équipes, Denis nous lâcha son éternel “C’est parti !”. J’attrapai les cordes qui me soutenaient à pleines mains pour rester bien en équilibre alors que mes coéquipiers commençaient à tirer pour me faire décoller le sol. M’élever dans les airs serait sans doute plus difficile que de m’y maintenir, heureusement qu’on avait des gens costauds. Rapidement, je me retrouvai dans les airs, ventre vers le sol, en position de nageuse. Je me mis alors à crier des instructions pour que les différents teneurs de cordes sachent quoi faire.

Je fus étonnée de constater que les bons gestes se mirent rapidement en place pour construire cette fameuse tour. Moi qui étais plutôt maladroite, je parvins à maîtriser les tremblements de mes mains pour réussir à élever la structure de bois. Du coin de l’oeil, je surveillais mes opposants qui prenaient beaucoup plus leur temps… Quelle bande de tortues ! Il me suffit de cette pensée arrogante pour baisser un peu ma garde, et alors que je m’apprétais à poser notre avant-dernière pièce, j’eus un geste maladroit, et je vis notre tour tanguer dangereusement….

- Non…. non non non….

Et hop, par terre la jolie tour, et c’était parti pour recommencer de zéros ! En deux secondes, nous étions passés derniers des trois équipes, même si tout n’était pas perdu ! Le “Putaiiiiin” de Devon retentit sur quasiment toute la piste, me faisant presque sursauter. Ok. Donc monsieur était mauvais perdant, et colérique. Son commentaire eut au moins un effet positif : il ne me laissa pas le temps de me maudire trop longtemps moi-même. Bordel… finalement c’était peut être les deux autres qui avaient raison de prendre leur temps !

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Koh Lanta : la Bataille des Duos !

Malgré les encouragements -qu’on sentait pourtant sincères- d’Alex, on ne parvint pas à rattraper suffisamment notre retard pour finir premiers comme on aurait pu l’être sans ma maladresse, mais les dégâts étaient limités puisque nous n’étions pas non plus derniers. Sans surprise, mon penchant naturel pour la compétition ne pouvait qu’être insatisfait de la situation -dans ma tête, ne pas gagner, c’était perdre- et impossible de se réjouir. Et alors qu’on s’était tous mis en ligne pour l’annonce de Denis après la fin du jeu… Voilà que madame la pleurnicheuse nous refaisait son cirque. Je dus me retenir de toutes mes forces de ne pas rouler des yeux, sentant bien que Denis n’en raterait pas une pour remuer le couteau à coup de “Axel, vous m’avez l’air agacée par la situation”. Mais franchement, l’envie était là.

Heureusement, Alex était meilleur diplomate que moi, parvenant encore à compatir et jouer les remonteurs de moral là où je me serais contentée d’un “oh ça va hein” bien grognon. Bon, chacun ses qualités, et la mienne n’était pour sûr pas l’empathie. Enfin, pas avec tout le monde. J’aimais pas les pleurnichards prompts à la victimisation, et là Julie s’illustrait parfaitement bien dans le domaine. Ca et le fait qu’elle avait cette fichue tendance à coller mon mec, forcément, ça ne passait pas. Et là, comble du comble, elle venait à nouveau de se blottir contre lui. Non mais ça va la greluche là, c’est pas ta peluche apprends à te tenir ! L’envie d’aller la choper par la queue de cheval pour la ramener à distance respectable était grande, mais je me contentai de détourner le regard et de fixer obstinément Denis. Allez, balance les récompenses et qu’on passe à autre chose !

Ce qu’il fit, invitant la capitaine des jaunes à venir choisir entre le riz et le kit de pêche. Lorsqu’elle revint avec le pot de riz, Denis joua son petit tour de malice habituel, venant remuer les couteaux dans les plaies existantes, à coup de “Alors, David, vous auriez plutôt choisi le kit de pêche ?”, comme il aimait si bien le faire. Brienne se justifia en faisant remarquer qu’elle ne voyait pas qui dans son équipe serait fichu d’attraper un poisson. Denis en fit de même lorsqu’Alex revint, essayant de remuer les potentielles tensions en cherchant des antagonistes potentiels, mais tout le monde semblait plutôt en phase avec l’idée de récupérer le kit de pêche. Bon, ça rendait la défaite moins amère de savoir qu’on s’en sortait finalement plutôt bien.

- Avant de vous renvoyer sur vos camps, j’ai une information de la plus haute importance à vous communiquer !

Nous lâcha Denis en guise de teasing, nous laissant tous dans l’attente de plus d’information.

- Comme vous pouvez l’imaginer, des colliers d’immunités ont été cachés sur vos trois îles, comme lors des autres aventures. Mais cette fois-ci, il n’y aura pas un, mais DEUX types de colliers ! Des colliers de duo, que vous reconnaitrez aux perles blanches, qui permettront de protéger les binômes à partir du moment où l’un des deux aventuriers membre du binôme le possède, mais aussi des colliers individuels, à perles noires, qui permettront de protéger le possesseur du collier de SON élimination par dégat collatéral si jamais son binôme était éliminé. Vous l’aurez compris, à partir de maintenant, les binômes pourront être séparés durant l’aventure et l’un des membres du binôme pourra continuer alors que le second partira !

L’annonce eut, comme on pouvait l’imaginer, son petit effet wahou, et des exclamations de surprise fusèrent de toute part. Brienne laissa même échapper un petit “YES!” victorieux, qui sembla vexer Devon -ça pouvait se comprendre. Pour sûr, tous les stratèges du coin, moi y compris, devaient déjà gamberger sur tout ce que ça impliquait. Des trahisons, de potentielles nouvelles alliances… Cette information changeait pour sûr la donne aux yeux de beaucoup, et nulle doute qu’elle instaurerait un peu de paranoïa chez certains.

La bombe balancée, Denis nous invita à retourner sur nos camps et à nous préparer pour l’épreuve d’immunité qui nous allait suivre.

Sur le chemin du retour, j’étais sans trop de surprise d’humeur un peu massacrante, énervée contre moi-meme, mais pas que, et j’accélérai donc le pas pour me retrouver seule. Je n’étais pas du genre à crier la nullité sur tous les toits juste pour récupérer des paroles d’encouragement -pas comme Julie par exemple qui commençait à me courir sur le haricot-, par contre pour l’auto-flagellation spirituelle j’étais la première, et je rongeais mon frein, pestant intérieurement contre ma hâte qui avait entraîné ma maladresse. De ce fait, je n’avais pas envie de subir Devon, qui allait pour sûr m’agacer, et pas envie de me retrouver avec cette cruche de Julie qui continuait de coller aux basques d’Alex. J’avais par contre très envie de la remettre à sa place, tant en tant que pleurnicheuse de service qu’en tant que groupie de MON mec, mais je craignais que ça me mette l’équipe à dos si je commençais à semer la discorde entre nous, même si c’était selon moi totalement justifié.  Pour le coup, j’allais intérioriser et ravaler ma fierté.

Perdue dans mes pensées, je ne remarquai pas tout de suite que Sam avait adapté son pas pour arriver à mon niveau. Elle garda le silence jusqu’à ce que je pose un regard interrogateur sur elle, me demandant si elle avait quelque chose de spécifique à me dire ou si elle cherchait juste le silence elle aussi, abandonnant les 4 autres sûrement en grande discussion.


- Une défaite ne devient un échec que si on n’en apprend rien tu sais.

Lâcha-t-elle soudainement, et cela me surprit tellement que je restai un moment avec les yeux ronds. Bon sang, on aurait dit une phrase motivationnelle sur un agenda tendance. Y avait pas à dire : Sam était pleine de surprise. Et surtout, elle était diablement perspicace !

- Tu devrais faire une reconversion professionnelle et devenir psy. Ou coach de vie.

Me contentai-je de répondre, petit sourire en coin, amusée par son approche. Je vis l’ombre d’un sourire se dessiner aussi sur son visage, comme si elle refusait de se laisser aller franchement à un témoignage de bonne humeur. Je me demandais bien pourquoi, mais ne comptais pas l’interroger. Pas tout de suite en tout cas.

- Tu feras mieux la prochaine fois. Seuls ceux qui osent font des erreurs, et on a besoin de gens qui osent.

Enchaîna-t-elle, dans un petit hochement de tête approbatif. C’était sa manière de me témoigner son soutien, j’imaginai. Difficile de savoir si c’était au passage une pique pour Julie, ou si c’était juste mon inconscient furieux contre elle qui interprétait cela. Les deux étaient possibles, et Sam ne détaillerait pas ses dires pour sûr. Jetant un coup d’oeil derrière moi, je constatai que Julie était fidèle à elle-même : bonne à arracher la tête. Hein ? Moi pas objective ? Pensez-vous. Sam dut percevoir mon regard, car elle me donna une petite tape dans le dos.

- Allez, on pourra partir chasser la noix de coco en rentrant au camp, ça te changera les idées.
- Bonne idée. Surtout que quelque chose me dit que personne ne pourra s’approcher du kit de pêche aujourd’hui…

Répondis-je, dans un sourire, imaginant déjà Alex se jeter dessus dès notre arrivée. Bon, en attendant, la bonne nouvelle, c’était que Devon semblait m’avoir lâché la grappe.

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Koh Lanta : la Bataille des Duos !

Bien plongée dans ma discussion avec Sam qui me faisait le plus grand bien après l’épisode Julie, je n’entendis pas Alex se rapprocher de nous -le sable aidant également à la furtivité. Par réflexe, je vérifiai qu’il n’y avait pas le stick Uhu avec lui… mais non, il semblerait qu’il ait réussi à la semer. Reportant mon attention sur lui, j’esquissai un sourire face à ses accusations de conspiration.

- Arg noooon ! Comment veux-tu qu’on complote contre toi si tu débarques en plein dans nos messes basses ?

Répliquai-je d’un air faussement horrifié. Je faillis lui demander comment il avait miraculeusement réussi à se débarrasser de sa sangsue mais me retins, me contentant de jeter un regard en arrière pour constater qu’elle semblait tenir la jambe de Devon pour le moment. Bon débarras !

Alex attira à nouveau mon attention avec son invitation à la pêche, et je dus me retenir de rire à la petite private joke qu’il me lança à la figure, me retenant en me mordillant la lèvre inférieure, ne laissant échapper qu’un sourire.

- Attends… Tu me laisserais toucher à ton kit de pêche ? J’étais sûre que t’allais t’enchaîner à lui dès notre arrivée moi !

Répondis-je dans un petit sourire, ne relevant pas l’allusion aux fameux créatures sous marines devant Sam. De toute façon, psychologue qu’elle était, elle avait peut être déjà même compris l’allusion. J’espérais franchement que non,  ça serait un peu gênant quand même qu’elle arrive aussi bien à lire en nous -ou en moi.

La petite escapade de pêche me plaisait bien -et me ferait sans doute le plus grand bien- mais je n’avais pas non plus envie de lâcher Sam vis à vis du plan qu’on venait de monter avec Sam sur la chasse à la noix de coco. J’ouvris la bouche, prête à répondre dans ce sens là et à proposer une pêche plus tardive à Alex, mais elle me devança.

- Y a pas des masses de noix de coco aux alentours du camp, tu seras sûrement plus utile à la pêche.

Me dit-elle, comme si elle lisait ENCORE UNE FOIS dans mon esprit. Elle accompagna sa phrase d’un petit hochement de tête d’encouragement pour me signaler que ça ne la dérangeait pas. Je n’étais pas franchement étonnée : RIEN ne semblait la déranger, c’était impressionnant. Un vrai esprit sain dans un corps sain, cette femme, semblait-il.

- Et je serai plus tranquille pour chercher des colliers, comme ça.

Ajouta-t-elle. Et si l’espace d’une demie seconde je crus qu’elle était sérieuse, je vis à nouveau cette espèce d’ombre de sourire à peine visible… Wow, est-ce qu’on venait d’être témoins de Sam qui faisait de l”HUMOUR ? Elle commençait donc à être à l’aise avec nous…

- Tu ne nous as pas parlé de ton binôme d’ailleurs Sam !

Fis-je remarquer alors qu’on s’installait sur le bateau.

- Il s’agit de mon petit frère. Il est chez les rouges.
- J’imagine que du coup tu vas plutôt chercher un collier de binôme ?

En attendant d’aller à la pêche aux poissons, je tentais la pêche aux informations. Miraculeusement, Julie n’était pas collée à Alex nous laissant un peu de tranquillité tous les trois pour discuter plus ouvertement… Peut être l’occasion de préparer le terrain pour de futures alliances ? Sam haussa les épaules à ma question sur le collier.

- Je verrai. J’envisage de continuer l’aventure sans lui s’il le faut.

Se contenta-y-elle de répondre. Bon, il était certain que la vision de l’aventure en duo était propre à chacun. Et si continuer dans Alex serait un crève cœur pour ma part, je pouvais imaginer que pour d’autres, c’était envisageable de sauver sa peau avant tout et tant pis pour l’autre. Pour certains c’était même souhaité à en croire le soulagement de la binôme des Devon. S’ils se retrouvaient à la réunification ces deux là, bonjour l’ambiance !

Le temps d’échanger quelques autres informations, et nous voilà déjà de retour sur notre camp, au complet -je n’avais pas balancé Julie par dessus bord, et Alex n’avait pas noyé Devon… Bravo nous ! Je me demandais si le pot de colle ambulant allait pousser sa glue jusqu’à se proposer d’aller aider Alex à la pêche alors que CLAIREMENT à part faire fuir les poissons avec sa voix atroce, elle n’allait pas faire grand chose. Je l’attendais au tournant la greluche, et j’hésitais encore à la prendre entre quatre yeux pour lui mettre les points sur les i… Ou juste l’encastrer dans un palmier. Hein ? Moi pas délicate ? Oui bah… J’avais le sang chaud, fallait pas trop me chercher au risque de bien bien me trouver….

Après si elle pouvait juste débarrasser le plancher, ça m’éviterait d’avoir à m’énerver et à pourrir la bonne ambiance sur le camp. Sam avait quant à elle trouver la super technique pour ne pas subir de potentiels parasites : elle s’était directement barrée à la chasse à la noix de coco sans proposer à quique ce soit de l’accompagner. Peut être qu’elle cherchait vraiment un collier en même temps ?

- Alors, prêt pour les terreurs sous-marines ?

Lançai-je à Alex, un sourire au coin des lèvres à l'évocation de ces fameuses "terreurs".

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Koh Lanta : la Bataille des Duos !

Heureusement pour Alex, j’eus un peu le temps de décolérer et de digérer l’affaire Julie avant qu’il ne vienne me parler, sinon il aurait très injustement pris toute ma mauvaise humeur dans la gueule. C’était plus fort que moi, bien que totalement illogique. Enfin quoiqu’il en soit… il soigna bien son timing, débarquant au moment où je commençais à me détendre. Après avoir réglé le sort du kit de pêche -dont le premier utilisateur serait sans trop de surprise Alex- la conversation dévia rapidement vers des notions plus stratégiques, et en un clin d’oeil, on était déjà de retour sur le camp.

Sam s’éclipsa comme une ninja, et elle fut bien inspirée car à peine eus-je proposé à Alex de s’éclipser, le sourire plein de malice, que l’horrible Julie amorça un mouvement dans notre direction. J’étais à deux doigts de lui demander de manière plutôt directe d’aller voir ailleurs si Alex y était, mais ce dernier me devança, kidnappant la main pour m’embarquer loin, jusqu’à ce qu’on retrouve la mer.

L’eau à mi-mollet et le masque fixé sur le crâne, on avait l’air glorieux de deux enfants prêts à partir à la chasse aux crabes ou aux étoiles de mer, et je me mordis la lèvre pour retenir un rire. On était quand même sacrément beaux !

La voix d’Alex me ramena sur terre, et je ne pus retenir un sourire victorieux en l’entendant grogner au sujet de Julie. C’était plus fort que moi, ça me faisait du bien au moral de savoir qu’elle lui tapait sur le système à lui aussi

- Ouuuuuh, si elle a atteint le stade « Devon » de l’agacement c’est mauvais pour elle !

Répondis-je dans un petit rire. Il était clair qu’il ne portait pas Devon dans son cœur, et il ne s’en cachait d’ailleurs pas trop. Pour moi Devon et Julie rentraient dans la même catégorie : pas méchants en soi, mais pas hyper futés et sans être malfaisants, pas toujours bien intentionnés non plus. Bref, des gens dont je me méfiais, car même si on avait l’impression de les voir venir à des kilomètres, ça ne voulait pas dire qu’ils ne pouvaient pas nous surprendre par des stratégies. De toute façon dans Koh Lanta, il valait mieux se méfier de tout le monde. Sauf Alex, fallait pas deconner…

Alex qui semblait vouloir laisser le sujet fâcheux sur le rivage alors qu’en s’enfonçait dans l’eau. A sa remarque sur le fait qu’on allait devoir être un minimum sérieux avec notre pêche, je feignai de ne pas avoir aperçu son sourire plein de sous-entendus, et pris un air faussement outré.

- Mais qu’est-ce que vous insinuez là monsieur ? Je suis toujours très sérieuse quand il faut taquiner le gros poisson !

Mon sérieux dura 5 secondes avant qu’un sourire amusé ne vienne trancher mon visage. Agitant le filet que je portais sur mon épaule de la main, j’ajoutai, un chouïa plus sérieuse:

- Bon par contre va falloir que tu me montres un peu comment utiliser ce machin parce que à part m’enrouler dedans pour faire l’andouille je ne saurais guère quoi en faire !

Et pas sûr que les autres trouvent la blague très drôle si je ne ramenais rien d’autre que moi saucissonnée dans un filet pour le repas -même si y en avait bien un qui ne dirait sans doute pas non à un tel dîner… Mais ce n’était pas le moment de dévier ! Le suivant pour venir m’enfoncer à mon tour jusqu’à la taille, je lâchai un soupir de bien être une fois dans l’eau : ça faisait un bien fou !

Je m’apprétai à étudier le fameux filet de près, mais mon binôme m’interrompit dans mon élan avec une question d’ordre plus… stratégique. Bon, en soit, il avait raison : il valait mieux en parler maintenant et accorder nos violons alors qu’on avait un peu d’intimité. D’autant qu’on n’allait pas trop tarder à aborder la stratégie avec l’approche du premier conseil. La question stratégique fut cependant vite éclipsée au profit du sujet phare de notre saison : le concept des binômes. Et sa petite déclaration trop mignonne glissée l’air de rien me tira un sourire en coin que je réprimai comme je pouvais.

- Ouais mais t’oublies deux trois détails

Fis-je remarquer, avant de lever mon index devant son nez en guise de premier détail.

- Primo : on est un binôme génial, difficile de nous égaler !

Et même si c’était sur le ton de l’humour, ce n’était pas franchement faux. On était à la fois très similaire, suffisamment pour savoir comment fonctionnait l’autre, ce qui était plutôt utile sous stress intense comme on pouvait en connaître dans koh lanta, et à la fois très complémentaire. Du genre : moi j’avais un caractère bien pourri, et Alex était hyper patient. La complémentarité parfaite, non ?
Levant mon majeur à côté de mon index, j’enchaînai :

- Ensuite… on a eu du bol de tomber l’un sur l’autre ! Perso si on m’avait collé mon frère comme binôme surprise, pas sûre que je me serais décarcassée pour trouver le collier d’immunité de duo…

J’esquissai un sourire, mais un sourire un peu jaune. Non franchement, si Sam avait la même relation avec son frère que moi avec le mien, je pouvais comprendre son point de vue. Y avait pas à dire, c’était un peu la loterie le binôme ! Et j’avais volontairement évité l’exemple du “imagine on serait tombés sur nos exs !” parce que parler de ses exs avec son mec, c’était quand même la pire idée du monde… Encore plus sur une île quasi déserte et avec les émotions un peu à nu !
Secouant la tête pour chasser ces pensées bof positives, j’abordai un nouveau sourire plus aguicheur cette fois tout en venant coller ma tête sur son épaule et lever les yeux vers lui.

- Maaaaais je suis touchée de savoir que l’aventure n’aurait plus la même saveur si on était séparés. J’avoue que ça me foutrait un gros coup au moral aussi si tu partais avant moi...

Conclus-je dans une petite grimace à cette perspective. Alors certes, j’avais envisagé l’aventure seule au début, mais maintenant qu’on m’avait mis Alex dedans, je ne me voyais plus du tout sans lui. C’était comme filer une sucette à un gamin et lui reprendre ensuite. Redressant un peu la tête pour marquer le changement de ton, j’ajoutai, en guise de réponse à sa question :

- Et un peu que j’veux ce collier d’immunité de binôme ! Pour le moment je pense pas qu’on soit directement menacés dans l’équipe mais… il vaut mieux être préparé, et le fait qu’on soit tellement soudés ça peut pousser certains à vouloir nous pousser dehors tôt ou tard… Ou d’essayer de semer la discorde entre nous, d’ailleurs. Et puis dans tous les cas ça serait con que quelqu’un d’autre mette la main dessus et qu’on se retrouve sans rien au moment de finir potentiellement sur la sellette.

J’avais froncé les sourcils, l’air presque solennel. Je pouvais changer drastiquement d’expression quand je passais de mon moi habituel joueur à mon moi sérieux… Un changement qui pouvait être perturbant car suffisamment rare. Prenant un air plus pensif j’ajoutai :

- Après je serais assez tentée de chercher aussi l’individuel. Ça permettrait de s’assurer que les gens qu’on veut voir partir ne l’ait, et ça peut aussi servir de monnaie d’échange si quelqu’un met la main sur celui de binôme avant nous ! T’en penses quoi ?

J’étais très curieuse de voir sa vision de la stratégie, mais dans tous les cas, le plus important pour moi était qu’on se mette d’accord, je n'avais aucune envie de faire cavalier solitaire maintenant que je l’avais avec moi.

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Koh Lanta : la Bataille des Duos !

Franchement, il m’était difficile, voir quasiment impossible, de ne pas jubiler en l’entendant parler de Julie de la sorte. Il était vrai qu’on devait garder un visage bienveillant à l’égard de nos coéquipiers, ne serait-ce que pour assurer nos propres arrières, mais j’avais tendance à oublier cet aspect et me laisser aller à ma jalousie dévastatrice dès que je la voyais trop collée à lui et lui trop accommodant avec elle.

- C’est la vérité ou juste une belle mélopée pour calmer la femme jalouse ?

Répliquai-je, taquine. Bon, j’étais capable d’en plaisanter maintenant que je n’étais plus dans le feu du sentiment, mais sur le coup, j’avais surtout envie de dézinguer tout le monde, et surtout Julie d’ailleurs. Mais l’évocation des chansons Disney me fit juste exploser de rire.

- C’est peut être la doubleuse officielle de Timon du roi lion…

Suggérai-je, un sourire au coin des lèvres. Bon… on bitchait un peu gratuitement pour le coup, mais c’était franchement plus fort que moi, et ça me faisait un bien fou. Pas sûr que je gagne la sympathie des téléspectateurs comme ça mais hein… On ne pouvait pas toujours montrer son meilleur profil, surtout pas avec les nerfs à fleur de peau.

On finit tout de même par ranger nos commentaires moqueurs pour parler un peu plus sérieusement de notre mission du jour, à savoir la pêche. Alex commença par m’expliquer comment me servir du filet autrement que d’un peignoir ridicule.

- Serieux ? C’est tout ? Mais c’est un job de planqué en fait pêcheur au filet !

Répliquai-je du tac au tac, dans un petit haussement de sourcils. Moi qui m’imaginais déjà m’échiner à balancer le filet de telle ou telle façon pour essayer de capturer un poisson au vol -enfin… à la nage plutôt. Je suivis donc ses conseils et indications pour mettre le bazar en place avant d’appliquer ses conseils et de s’éloigner du fameux piège. D’autant qu’on avait encore un harpon à utiliser et… une stratégie à peaufiner ! A commencer par quelques confidences. Son commentaire me tira un sourire taquin malgré le pincement de nez qui devait me donner une voix purement ridicule.

- Ben quoi ? C’est une technique de séduction hyper répandue de faire courir l’autre… Tu sais, le principe du chat et de la souris

Répondis-je dans une petite moue un brin séductrice. Badinage mis de côté, on en revint à une discussion un peu plus terre à terre, car il fallait bien parler un peu tactique dans Koh Lanta si on ne voulait pas écourter bêtement notre aventure. Visiblement, Alex était autant un “geek” de Koh Lanta que moi.

- Je vois que monsieur a bien révisé ses classiques…

Le charriai-je, dans un coup d’épaule attendri.

- Mais je suis d’accord avec toi : même si c’est une force pour nous, ça peut nous porter préjudice. Clairement, faut qu’on se protège à coup de colliers. Et si on trouve pas de colliers… Je sais pas trop… tu crois qu’il faudrait qu’on prétende ne pas être trop en symbiose pour donner le change et leur faire baisser leur garde ?

Restait à savoir si on en était capable ! Bon… Alex était littéralement un infiltré, il ne devait pas être mauvais en théatre. Et moi… moi j’avais l’expérience de nos aventures avec Akira, pas facile de dire si c’était un avantage ou non cela dit. Et puis bon… Il y avait jouer la comédie et savoir réprimer ses sentiments, et pas sûr que le second soit totalement mon domaine. En bon livre ouvert, j’avais un peu peur que ça se voit sur mon visage que je jouais un rôle. Ca et le fait que j’allais avoir du mal à résister à l’envie de me blottir contre lui.

Je lui explosai malgré tout mon plan sur 15 saisons à coup de recherche intempestive de colliers et de marchandage, qui sembla par ailleurs impressionner Alex. Je ne pus m’empêcher d’avoir une pointe de fierté à son commentaire, un sourire satisfait s’étirant sur mes lèvres.

- T’as vu ça ? 10 saisons de Koh Lanta derrière moi, j’ai eu le temps de construire mon esprit de génie du mal !

Répondis-je dans un jeter faussement arrogant de cheveux par dessus l’épaule. Bon, blague à part, j’étais contente qu’il valide mon idée et ne me prenne pas pour une vraie gourdasse de la stratégie. Mais au delà de ça, un autre élément attira mon attention dans son commentaire… L’imaginer se transformer en boxeur était beaucoup plus excitant que je ne l’aurais cru.

- Est-ce que c’est mal si je te dis que j’ai terriblement envie de voir ça ? J’suis sûre que t’es super sexy en bad boy…

Fis-je remarquer dans une oeillade alanguie et un sourire facétieux. Oui, oui, j’étais faible face à un peu de badassitude, je devais bien l’admettre… Un vrai cliché à ma façon, même si la plupart du temps les clichés m’exaspéraient au plus haut point. Allez savoir, chez Alex, ce que je pouvais d’ordinaire trouver ridicule devenait soudainement très attirant.
Je profitai du baiser qu’il pensait me voler -mais que je comptais bien lui chaparder moi-même avant- pour plaquer ma main sur sa nuque et prolonger un peu l’échange, le rompant dans un sourire lascif… qui se retrouva rapidement coupé dans son élan par THE commentaire spécial nez pincé et masque de plongé. Face à un tel spectacle, je ne pus retenir un rire bruyant et éclatant.

Et ce ne fut qu’après m’être remise du fou rire que je pus répondre à sa superbe réplique.

- J’suis certaine que quelque part sur terre, c’est un motif recevable de divorce !

Et vue les lois complètement crétines qu’on pouvait trouver aux Etats Unis, j’étais prête à miser mon argent de poche sur eux. Renchérissant sur son idée, j’ajoutai :

- Une photo ? Tu rêves ! Ca sera enregistré, modifié et amélioré en montage vidé et montré à tous tes futurs descendants oui !

Pas de bol pour lui, en bonne informaticienne, j’avais plus d’une corde à mon arc pour ce qui était de manipuler les images, et j’avais passé beaucoup trop de temps à faire des vidéos parodiques pour ne pas faire de lui ma future victime !
Mais comme je n’avais pas d’ordinateur sous la main pour le moment, on allait se concentrer sur un tout autre art, à savoir la pêche.

- Fais gaffe si tu te moques trop, je pourrais malencontreusement viser tes fesses… Tu sais que le tir et moi c’est une histoire turbulente !

Répliquai-je alors qu’il me taquinait sur cette fameuse mésaventure à la salle de tir. Il n’avait -heureusement- pas eu l’occasion de me revoir à l’oeuvre depuis, mais rien n’avait changé, et j’étais toujours aussi bloquée. Mais ça ne m’empêchait certainement pas d’en plaisanter, surtout que cette mésaventure avait finalement laissé place à beaucoup de bons souvenirs avec lui. Rabattant mon masque à mon tour, et ignorant mon reflet parfaitement grotesque que je pouvais voir du clin de l’oeil dans la mer, je plongeai à mon tour pour observer de près mon “sensei de pêche”. L’envie de le déconcentrer de manière pas forcément très fairplay était grande, mais je tâchai de rester un peu concentrée, aussi parce que je savais que ça lui tenait à coeur de ramener un petit butin pour se rattraper de l’épisode riz du matin même.

Il ne mit pas longtemps à faire ses premières victimes, et à me passer le harpon pour que je puisse tenter ma chance à mon tour. Les premières tentatives furent assez catastrophiques, le courant de l’eau déviant beaucoup plus ma trajectoire que je ne l’aurais cru, mais je finis tout de même par moi aussi attrapé un poisson -petit certes, mais qui avait le mérite d’exister. Alors qu’on remontait la plage vers le camp, je peinais à cacher mon enthousiasme, semblable à une gamine de 7 ans.

- Et t’as vu ça ? J’sais pas pourquoi je m’archarne à essayer de tirer sur des cibles alors que je suis de toute évidence née pour taquiner la poiscaille !

Lançai-je, faisant preuve d’une arrogance forcée qui ne me ressemblait guère mais que je trouvais très drôle à simuler. S’approchant du camp pour déposer notre butin avant de repartir à la chasse au collier cette fois-ci, les visages de Devon et Julie rentrèrent dans mon champ de vision, aspirant toute ma bonne humeur. Damn, je les avais presque oubliés ces deux là.

- Ah ben justement, on vous cherchait !

Furent leur phrase d’accueil, et je dus me retenir de toutes mes forces de ne pas rouler des yeux d’impatience.

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Koh Lanta : la Bataille des Duos !

- Ca c’est parce que tu as vu la jalouse-gentille. Pas sûr que tu dises la même chose si tu voyais la jalouse-psycho !

Répliquai-je, un sourire taquin sur les lèvres. Bon, c’était dit avec humour, mais en vérité ce n’était pas faux non plus. Y avait le côté amusant de la jalousie, et il y avait le côté malsain et dévastateur, qu’il n’avait heureusement pas eu l’occasion de voir faute de me donner des raisons de le faire ressortir, mais si par malchance ce côté venait à pointer le bout de son nez… pas dit qu’il n’y ait pas des pots cassés.

En attendant, on n’en était pas là, et l’heure était plutôt à la survie, et plus précisément à la bouffe.

- Alors… j’aime bien le côté castagneur des ninjas par contre pour la patience… Rassure moi, tu vivais quand même pas avec l’illusion que j’étais une femme PATIENTE hein ?

Répliquai-je, réprimant un petit rire. Franchement dans la famille “je ne tiens pas en place”, j’étais un cas. Et je n’étais pas spécialement plus patiente avec les gens, même avec les gens que j’aime… Non j’étais plutôt celle qui secouait les gens comme des cocotiers pour leur soutirer des informations. Tout en subtilité, comme toujours.

- Ah donc c’était ça ta technique pour m’avoir ? T’as mis un filet au stand de tir et t’as attendu que je me perde dedans ?

L’idée était plutôt rigolote et… pas totalement faux non plus, à bien y penser. Bon, inutile de lui dire que je m’étais coincée dans une maille quasiment dès le début, c’était la meilleure façon de passer pour une fille passablement pas nette.
A la place, je sautai sur la diversion qui m’était offerte sur un plateau, à savoir, nos petites stratégies pour espérer atteindre la réunification et, avec un peu de chance, la course d’orientation ! Et à l’entendre parler de Koh Lanta et de Denis, on pouvait sentir tout le fanatisme irradier de lui. C’était… surprenamment mignon.

- Ton modèle ? Va falloir un peu changer de carrière alors, t’es pas sur la bonne voie là mon chou !

Fis-je remarquer dans un petit rire. De policier infiltré à animateur télé de Koh Lanta… les similitudes se comptaient quand même un peu sur les doigts de la main.

- Quoique… non, oublie ! J’sais pas si je supporterai de voir toutes les filles baver sur toi à la télé

Enchaînai-je, dans un nouveau petit accès de jalousie. J’ignorais si Denis était marié mais… je ne pouvais que compatir avec sa femme si tel était le cas. Alors certes, ça avait un côté flatteur de savoir que tout le monde lorgne sur mon mec, mais la flatterie me lassait très vite au profit d’un certain agacement, alors bon. Enfin dans tous les cas, on n’en était pas là. Avant de devenir le présentateur, il fallait surtout se concentrer sur deux choses essentielles : la bouffe, et la stratégie.

- Dis pas ça, jusque là les stratèges ont plutôt mal fini dans Koh Lanta !

Répliquai-je dans un petit rire. Ou en tout cas, si on faisait des stratégies de génie, il valait mieux ne surtout pas s’en vanter… Ce que je ne comptais d’ailleurs pas faire. Je m’étais toujours dit que ceux qui le criaient sur les toits étaient un peu crétins. En attendant, on évoquait toutes nos options pour choisir ensemble la meilleure. Autant profiter de ce moment en tête à tête, pas sûr qu’on en ait tant que ça durant toute l’aventure.
Sa réponse me tira un petit sourire : même quand on jouait les grands stratèges, il était beaucoup trop mignon.

- Mm… j’avoue que l’idée que même par stratégie tu n’ais pas envie qu’on s’éloigne me plait plutôt bien

Répondis-je, laissant le masque de stratège de côté, glissant une main dans le creux de son cou pour y prendre appui et venir déposer un baiser sur son épaule. C’était beaucoup trop amusant de le voir alterner aussi rapidement avec ces deux facettes de sa personnalité : son côté tendre qu’il venait de montrer, et son côté bad boy bagarreur qui menaçait de se manifester si notre cher Devon continuait de… eh bien d”exister, tout simplement.

- Une partie de moi a très envie de te voir lui botter le cul… Par contre s’il te fait la moindre égratignure je pense que moi aussi j’aurais envie de lui foutre une raclée.

Objectivement, mes chances de lui règler son compte étaient quand même assez minces, il était plus grand, plus musclé, et juste plus fort que moi mais… ça ne m’avait jamais arrêtée par le passé. Mon côté impulsif me rendait parfois un peu inconsciente. Parfois. Disons que la notion de “maîtriser ses émotions” était très abstraite chez moi. On touchait aux gens que j’aimais, je mordais. Ou au moins, j’essayais.

Mais en attendant de transformer cette saison de Koh Lanta en fight club… On avait une autre tâche à effectuer, celle de botter le cul des poissons cette fois, mais on prit tout de même une minute pour alimenter les médias et donner du grain à moudre à tous les internautes qui allaient se faire un plaisir de créer pleins de gifs d’Alex.
Quelques exploits sous-marins plus tard, on retournait vers le camp, plaisantant au sujet de mon talent récemment découvert pour la pêche.

- Arg non, me parle pas de club de pêche ! Ca me rappelle… de drôles de souvenirs !

V’là que papi truite et lombric me revenaient à l’esprit. Pour sûr, ils me manquaient pas du tout ceux là. Comme quoi, on s’attendait plus à tomber sur des dérangés au stand de tir, mais non, les vrais malfrats de ce pays se terraient dans des boutiques de pêche, allez comprendre !

La bonne humeur générale s’évanouit malheureusement en 2 secondes top chrono alors que l’on se retrouva face au pire duo que la terre ait jamais porté -sans exagération aucune- à savoir : Devon et Julie. Et si Alex était plutôt doué pour les faux semblants -est-ce que c’était une bonne nouvelle pour moi ça d’ailleurs ?!- moi… j’étais moi. Trop expressive. J’étais presque à 100% certaine qu’il y avait marqué sur mon visage “allez vous faire cuir un oeuf en enfer”. Et comme une mauvaise nouvelle n’arrivait jamais vraiment seule… V’là qu’en plus de notre binôme détesté, s’annonçait aussi la pluie nocturne. Ah… je me disais aussi que c’était “trop facile” jusque là le mode survivaliste. Mais plus que l’humidité et le froid, là, tout de suite, je redoutais les boulets. Bon, la bonne nouvelle, c’était qu’ils nous offraient sur un plateau une excuse pour aller fureter dans le forêt pour trouver les bracelets. Ce à quoi je ne m’attendais pas en revanche, c’était à l’incruste de Devon. Damn !

Les deux hommes posèrent un regard interrogatif sur moi. Laisser Julie toute seule, ce n’était pas franchement correct mais… D’une part, si je me retrouvais seule avec elle, je garantissais qu’il y aurait un meurtre, et d’autre part, si je laissais Devon et Alex seuls…. Je pouvais prévoir un potentiel second meurtre. Donc en vrai, pour préserver la paix sur l’émission, il valait mieux que j’accompagne les garçons.

- On ne sera pas trop de trois pour ramasser du bois.

Mentis-je. Ce qui nous valut un “quoi ? mais vous allez pas me laisser toute seule !” de Julie. Et quelque chose me disait que même si j’avais été la dernière à me prononcer, ce n’était pas ma présence que la donzelle réclamait. Je luttai contre le roulement d’yeux agacé, mais je n’y parvins pas, et je me contentai donc de lui tourner le dos pour éviter qu’elle ne le voit. Je ne comptais pas répondre à sa jérémiade, et à la place, je décidai de commencer à prendre le chemin de la forêt, rapidement rejointe par Alex et Devon.

Sentant qu’on n’allait pas trop réussir à se débarrasser du pot de colle et que ça allait handicaper nos recherches, je ne mis pas longtemps à proposer :

- On va se marcher un peu sur les pieds si on cherche tous dans la même zone… On peut peut être se séparer ?

Pire proposition du monde si on avait été dans un film d’horreur… mais comme ce n’était pas le cas, c’était une option valide pour essayer d’éloigner le Devon, pour mieux rejoindre Alex dès qu’il se serait éloigné. Heureusement, il n’opposa aucune objection, même s’il attendit clairement qu’Alex et moi on prenne des chemins différents pour lui aussi se séparer du groupe…. Peut être qu’il était moins con qu’il n’en donnait l’air ?

Quoiqu’il en soit, alors que je pensais enfin être un peu tranquille pour essayer de retrouver mon binôme préféré dans la jungle, je vis surgir le fameux boulet de derrière un fourré.

- Ah.... Devon. Tu t’es planté de chemin ?

Demandai-je, essayant de détendre mon sourire pincé en le charriant un peu. Ils avaient vraiment décidé de nous pourrir l’existence avec Julie ou quoi ? Heureusement que j’avais commencé à rassembler quelques branchages dans mes bras pour plus de crédibilité.

- Non, je voulais qu’on discute tous les deux seuls, j’ai profité de ta proposition du coup.

Oui, et même avant que je n’en profite moi-même. Bon, il avait intérêt à accoucher rapidement qu’on en finisse. Je m’efforçai de garder un air affable mais connaissant mon talent de comédienne, ça s’annonçait difficile.

- Et du coup, qu’est-ce qui ne pouvait pas attendre qu’on ait fini notre petite récolte ?

Demandai-je, essayant une touche d’humour pour cacher mon agacement. Il esquissa un sourire, qui fut cela dit rapidement balayé par un air extrêmement sérieux, presque flippant. Le genre d’air qu’on n’aime pas voir sur la tête d’un médecin par exemple car on sent venir l’annonce déplaisante.

- Ecoute… Je ne devrais sûrement pas te le dire, mais ça me ferait chier que tu partes, alors… si on perd l’épreuve de demain, y en a qui ont prévu de voter pour toi. Certains parlent même de filer un collier d’immunité individuel à Alex pour que tu sois la seule à sauter. Je pense que la dernière épreuve a joué en ta défaveur…

Euh…. pardon ? Je restai un moment silencieuse, à me demander franchement si c’était du lard ou du cochon. “Y en a”. Qui ? Julie, je voulais bien le croire. Sam… ça m’étonnerait franchement, mais peut être que je m’étais fourvoyée de A à Z sur son compte. BP… je ne le connaissais pas assez pour savoir si ça lui ressemblait ou non. Est-ce que ce serait simplement un coup de bluff ? Je n’imaginais pas Devon comme un “evil mastermind” mais… J’avais aussi appris à ne jamais me fier aux apparences. Il n’empêche que sa confidence avait suffi à me déstabiliser, et je détestais ça. J’essayais de reprendre un peu contenance avant de lui dire :

- Et pourquoi tu me dis ça ?

Une réaction excessive ne servirait à rien, il fallait d’abord que je comprenne ce qu’il avait en tête. Il ouvrit la bouche, prêt à me répondre sans doute, mais je vis que son regard dévia par dessus mon épaule, il avait visiblement repéré quelque chose. Ou, à en croire les mots qui sortirent de sa bouche, quelqu’un.

- Tiens ! T’en pouvais déjà plus de plus nous voir ?

Lança-t-il d’un air faussement détendu, forçant la légèreté, mais visiblement contrarié de ne pas avoir été au bout de cette discussion. Je me retournai à mon tour pour voir qui était venu interrompre les fameuses “révélations” de Devon.

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Koh Lanta : la Bataille des Duos !

La discussion avec Devon me désarçonna. Je ne savais pas ce qui m’embêtait le plus : de savoir qu’on complotait dans mon dos -si tôt dans le jeu en plus- ou de me dire que Devon essayait peut être de me manipuler. Heureusement, on fut interrompus dans notre discussion par un 3eme larron. Alors certes, d’un côté, j’avais envie de creuser sur le sujet, de l’autre, je me savais impulsive et un chouia agressive à chaud, alors ce n’était peut être pas plus mal d’avoir le temps de digérer et de réfléchir un peu à la suite. Comme ça, je pourrais aussi en parler avec Alex, il serait sûrement de bon conseil… Et bien meilleur stratège que moi, par ailleurs.

Alors que je me retournai dans l’espoir de voir justement Alex -même si je n’avais pas reconnu sa voix, ce qui était un indice flagrant- je me retrouvai face à un BP à l’air… presque méfiant. Lui qui était si neutre d’ordinaire, ça me mit la puce à l’oreille. Peut être que Devon ne m’avait pas menti. Peut être qu’il y avait au moins un fond de vérité.

- Je me suis dis que vous auriez besoin d’aide pour la récolte.

Je forçai un sourire dans sa direction, mais je n’en pensais pas moins. Nous étions 3. Nous n’avions clairement pas besoin d’aide. Il y avait probablement autre chose derrière son arrivée. Mais comme je ne voulais pas donner de l’eau à leur moulin, je choisis de simuler l’ignorance, me parant de mon plus bel air jovial.

- Quel preux chevalier ! On n’est jamais trop pour ramener du bois et de la bouffe.

Il hocha la tête en silence, mais je perçus un échange de regard avec Devon. OK. Quelque chose se tramait, et pas quelque chose de bien. On continua à ramasser ce qu’on trouvait sans pour autant tomber sur Alex -bizarre, où est-ce qu’il pouvait être ?- et en échangeant sur un ton beaucoup plus léger -enfin, Devon et moi, BP était comme depuis le début plutôt en retrait. On revint donc sur le camp les bras bien chargés, tombant sur Julie en train de préparer le repas du soir, et Sam et Alex en plein atelier Ikea Abris.

- Ah mais t’es là ! On se demandait justement où tu étais passé !

M’exclamai-je, venant lui pincer affectueusement le creux de l’épaule après avoir déposé le bois dans notre stock à bois improvisé. Je mourrais d’envie de lui confier ce que je venais d’apprendre pour qu’on établisse un plan pour la suite, mais je craignais que ça ne créée une trop belle opportunité pour eux si on les laissait seuls maintenant. Et puis… ça jouerait sûrement en notre défaveur si on s’isolait trop tous les deux. C’était diablement frustrant de devoir se forcer à passer du temps avec des gens que je soupçonnais maintenant d’être hypocrites alors que j’aurais pu le passer juste avec Alex. Quoiqu’il en soit, je maintenais la pokerface : visage souriant, air détendu et plaisantin comme à mon habitude, je ne devais rien laisser paraitre. Je surpris plusieurs regards de Devon dans ma direction, comme s’il attendait de voir si j’allais initier quelque chose suite à ses révélations. Est-ce qu’il fallait que j’aille m’entretenir avec lui ? Non, ce serait sans doute suspect à ce stade. Pour le moment, j’avais plutôt intérêt à la jouer collectif, même si je n’en avais pas spécialement l’envie.

- Alors, des pronostics sur l’épreuve de demain ? Ou des envies d’ailleurs ?

Parce que mine de rien, si on ne finissait pas derniers demain, ça reportait le souci stratégique à plus tard. Ca ne l’éliminait pas, c’était certain, mais ça permettrait de mettre au point une défense un peu plus structurée que ce qu’on pouvait faire sur le court terme. On s’attroupa tous autour du feu pour commencer notre dîner soigneusement préparé par Julie. Cette nana était insupportable, et apparemment fourbe, mais elle cuisinait bien, il fallait lui laisser ça.

- J’espère qu’on n’aura pas une épreuve comme celle de confort, c’était vraiment la cata !

Répondit Julie, et mon envie de complimenter son repas s’envola tout de go. Non mais c’était quoi ce commentaire totalement non constructif ? Elle voulait plomber l’ambiance ? Décourager tout le monde ? J’allais finir par croire qu’elle voulait vraiment qu’on se rétame pour avoir une occasion de me sortir si elle continuait avec ce genre de remarque. Et comme j’étais du genre plutôt expressive, j’espérais juste qu’aucun regard ne se tournerait vers moi. L’envie de rétorquer que techniquement on n’était arrivés deuxième était grande, mais je sentais que ça serait déclencher une joute verbale, ce qui n’était pas du tout dans mon intérêt.

J’inspirai un grand coup pour adopter un ton le plus léger et le plus bienveillant possible, avant de dire :

- Ouais mais… je pense qu’on n’a clairement pas eu l’occasion de montrer tout notre potentiel. On peut surprendre tout le monde. Et s’ils nous sous-estiment, au fond, c’est encore mieux !

Voilà, bam le discours motivationnel dans la gueule. Je posai les yeux sur elle avec, je devais l’admettre, un petit air de défi sur le visage, et elle se renfrogna, renonçant à me contredire, mais non sans me lancer un coup d’oeil mauvais. Bon, au moins c’était clair : elle et moi, on ne risquait pas de finir alliées...

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